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j'étois diftrait, lorfque vous m'enga geâtes à ce travail. Auffi ne tardai-je pas à reconnoître qu'un plus grand loifir m'eût été néceffaire, pour revoir plus attentivement mes Remarques, & pour y faire des changemens, qui les auroient rendues plus dignes de voir le jour.

D'ailleurs peu de temps après qu'elles eurent paru, le favant M. Davies fit f'imprimer fes Obfervations fur le même texte, avec plufieurs réflexions nouvelles: & je me fais un plaifir d'avouer, que quoique je lui fois fort obligé de la docilité avec laquelle il a bien voulu préférer affez fouvent mes conjectures aux fiennes, je lui fuis encore plus redevable pour les avis qu'il m'a donnez fur quelques méprifes qui m'étoient échappées. Cette feconde édition de mes Remarques lui fera connoître que j'ai profité de fa Critique, par-tout où elle m'a paru bien fondée, & que je cherche moins les applaudiffemens, que mon inftruction. La carriére que nous cou Tons l'un & l'autre dans cette efpèce d'amufement littéraire,, ne reffemble point à celles, où les rivaux ne doivent

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afpirer qu'à l'honneur de vaincre. La vraie gloire des Critiques confifte à chercher la vérité, & à rendre justice à qui l'a trouvée. J'ai donc été charmé de la rendre au favant Anglois. Que fi en quelques endroits j'ai perfifté dans mes premiers fentimens, malgré les réfléxions, j'ai ufé en cela de la liberté, dont il m'a donné l'exemple. Mais comme j'en ai prefque toujours dit les raifons, lorfque la chofe m'en a paru valoir la peine,je fuis prêt de céder à de meilleu res,quand on voudra me les propofer.

Je ne me fuis pas contenté de revoir mes premiéres Remarques. J'y en ai ajoûté de nouvelles, qu'une lecture plus réfléchie du texte de Cicéron, & de quelques ouvrages critiques, qui ont paru depuis peu, m'a donné lieu de faire. Si vous jugez qu'elles méritent d'être ajoûtées aux premiéres, je vous en laiffe entiérement le maître.

Je me croyois quitte de cette befogne, lorfqu'en me marquant depuis peu que vous vous propofiez de donner en même temps une nouvelle (1) traduction

du

(1) Ceci fut écrit en 1732. Un nouvel

du premier livre des Tufculanes, & du Songe de Scipion, vous avez paru fouhaiter qu'elle fût encore accompagnée de mes Obfervations. Vous m'avez fi fort accoutumé à ne vous point résister, que je me fuis rendu à vos inftances. Je l'ai fait avec d'autant moins de répugnance, que je me fuis trouvé secouru dans ce travail, par deux excellentes (2) éditions que M. Davies a données de ces Difputes philofophiques de Cicéron. La premiére parut en 1709, avec les Remarqués, & celles de l'illuftre M. Bentley : & la feconde en 1723,

fans

Avertiffement de M. le Préfident Boubier auroit été très-inutile, parce que la méthode qu'il fuit à l'égard des quatre derniéres Tufculanes eft abfolument celle dont il rend compte ici. par rapport à la premiére.

On doit feulement avertir, que fes Remar ques fur la premiére font revues, & augmentées en cette feconde édition.

(2) La troifiéme édition de M. Davies. quoique faite en 1730, n'étoit pas encore connue en France, lorsqu'on imprima ce volume pour la premiére fois. Mais dans cette nouvelle édition des Remarques de M. le Préfident Bouhier, on verra que la troifiéme de M. Davies y eft critiquée avec la même exactitude que les deux précédentes,

fans les Obfervations de ce dernier,mais avec des Notes beaucoup plus amples de M. Davies. Après d'auffi habiles Critiques,s'il y a moins d'honneur à acquérir dans la révision d'un Auteur, il y a auffi moins de peine ; & ce n'étoit pas un léger motif pour exciter ma pareffe natu

relle.

Ces éditions néanmoins n'ont pas été le feul fecours, qui m'ait encouragé à faire ce que vous avez defiré de moi. Vous m'avez fourni, Monfieur, les diverfes leçons que vous aviez tirées du célébre Manufcrit de la Bibliothéque du Roi, diftingué par verfets, & connu par l'éloge qu'en ont fait Saumaife, Gudius, & plufieurs autres. Le favant, & obligeant M. Burman a eu auffi la bonté de m'envoyer les variétez qu'il a trouvées dans trois Manufcrits de la Bibliothéque de Leyde, & le Public lui doit, auffi-bien que moi, des remercîmens de la peine qu'il a bien voulu prendre à cet égard.

J'ai recouvré de plus une ancienne édition des Tufculanes, qui pourroit bien être la premiére de toutes. Mais l'année n'y étant pas marquée, ni le lieu

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de l'impreffion, je ne puis rien affurer. fur ce point. Comme il n'en eft fait mention nulle part que je fache, à moins que ce ne foit celle de Rome de l'an 1468, dont parle M. Fabricius en fa Bibliothéque Latine, vous ne ferez pas fâché d'en trouver ici la notice. C'eft un petit in-folio de 165 pages d'un affez beau caractére; mais où l'on trouve des abréviations, ainfi que dans la plufpart, des Manufcrits. Les livres y font divifez, non par fections, comme dans les éditions modernes, mais par des Chapitres, beaucoup plus longs, qui ont chacun leur Sommaire. A la fin, on trouve deux petites piéces en vers. La premiére eft fous le nom de l'Imprimeur nommé Erhardus, & commence ainfi : Quum tua vel mutis tribuant eloquia vocem. Et la feconde, qui fuit la table des Chapitres, & qui contient l'éloge de cet Ouvrage, commence par ce vers: Quicquid Socratica manavit ab ordine fecta.

A l'égard du Songe de Scipion ; je n'ai été aidé pour la révifion du texte, que par les feules éditions, qui font entre les mains de tout le monde. Mais ce

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