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affez de vrai-femblance, qu'il devoit y avoir: & fruftra laborantem. Conjecture, que M. Bentley a adoptée. Peut-être auffi qu'il y a ici une tranfpofition. Car il n'y auroit rien à dire, fi on lifoit: laborantem

nihil proficientem. Cette correction étoit auff venue en penfée à M. Bentley. Un des Manufcrits de Leyde a, elaborantem.

10.

Afflictusne & jacens ] M. Davies en fa feconde édition avoit corrigé, afflictusne jacens. Mais il l'a changé avec raison en la troifiéme, & M. Wopkens l'avoit fort bien relevé fur cela, Lect. Tullian. I, Je ne fais pourquoi dans ce qui fuit, le favant Anglois a corrigé, audieris, au lieu d'audies, qui eft beaucoup mieux à mon avis.

Amittenda fortitudo eft, &c.] Ceux qui veulent changer amittenda, en aut mittenda, n'ont pas pris garde, que le verbe amitto, eft employé deux fois incontinent après dans le même fens. M. Bentley propofe enfuite de lire, defpiciendus. dolor, au lieu de fepeliendus. S'il faut changer ce mot, je lirois pluftôt, fepiendus, Cela feroit conforme à ce qu'il dit plus haut, que fi on se roidit contre la fouffrance, cedet virtuti dolor, & animi inductione languefcet. Au contraire, Ciceron avoit dit à la fin du Chap. 9. qu'il étoit difficile de méprifer la douleur. Mais je crois que fepeliendus dolor, peur fe fouffrir ici, & que Cicéron a voulu

dire par là, que l'homme courageux, & vertueux, doit bannir toutes ces marques indécentes & infructueufes de la fenfibilité à la douleur. Cela fe confirme par ce qui fuit: Non ego dolorem, dolorem effe nego. Sed eum opprimi dico patientiâ. Properce a peut-être voulu imiter cet endroit, quand il a dit, I. Eleg. XVII, 19.

Illic fi qua meum fepeliffent fata dolorem.

CAP. XIV. Aut Philoctetam illum] C'est ainfi que ce paffage eft conçu dans la plufpart des Manufcrits, entre autres dans celui du Roi, & dans les trois de Leyde; fi ce n'eft que dans l'un de ces derniers on lit: Illum? Illum enim à te, c. Le P. André Schot, Nodor. Cicer. II,

13.

dit en avoir vû un très-ancien à Toléde, qui porte feulement, potes dicere Philoctetam illum? A te enim malo difcere. Sed ille certè non fortis, &c. Il y en a d'autres pourtant, quoiqu'en petit nombre, qui ont aut Prometheum, aut Philoctetam . illum, & mon ancienne édition y eft conforme. J'avoue que ces derniers me paroiffent préférables. Car 1°. après avoir rapporté ci-deffus les plaintes de Prométhée, il étoit naturel que Cicéron les rappelât ici. 2o. Par ces mots, ille certè non fortis, il paroît qu'il a parlé de deux perfonnes, & qu'il trouve que la derniére eft la moins excufable. Ainfi fans m'arrêter aux conjectures, que ces Critiques ont propofées sur ce paffage, je le

lirois ainfi : Num humana contemnentem potes dicere aut Prometheum, aut Philoctetam illum? A te enim malo difcere. Sed ille certè non fortis, qui

Facet in tecto humido

Quod ejulatu, queftu, gemitu, fremitibus, Refonando multùm, flebiles voces refert. Il m'a femblé, que lecto humido, ne convenoit point à une efpèce de couchette de feuilles féches, Thus, comme l'appelle Sophocle, en fon Philoctéte, v. 33. telle que ce Héros fe l'étoit faite dans l'antre qui lui fervoit de retraite. D'ailleurs, comment un pareil lit auroit-il pû former un écho, tel que le marque le Poëte? Il est évident, qu'il a voulu parler de l'antre où demeuroit Philoctete; & l'on peut encore moins en douter, quand on confronte cet endroit avec la citation, qu'en fait ailleurs Cicéron (de Finib. II, 29.) en cette maniére: Saxum illud Lemnium clamore Philocte:eo funeftare,

Quod ejulatu, queftu, &c.

Ce quod, qui doit être rétabli ici, comme l'a très-bien obfervé M. Bentley, & qui fe trouve auffi dans le Manufcrit du Roi, auroit pû l'avertir, qu'il falloit y changer en même temps lecto en tecto, qui répond parfaitement au faxum Lemnium; au lieu de changer au vers fuivant, multùm en mutum, fans aucune néceffité. Au refte ces vers Latins, qu'on attribue communément au Poëte Accius, pourroient bien

être une traduction des vers 190, & fuivans de la même Tragédie de Sophocle.

Si nulla eft, quid exornamus Philofophiam] M. Bentley, fuivi de M. Davies, a corrigé, Sin nulla eft, contre l'autorité des Manufcrits. Mais ce qui leur paroît avoir plus de grace, en avoit peut-être moins au gré de Cicéron, à caufe de la rencontre des deux N. Le fecond de ces Critiques avoit lû enfuite, quid ergo, &c. fur la foi d'un feul Manufcrit condamné par tous les autres. Auffi ce Savant s'eftil rétracté dans les éditions fuivantes. Dans ce qui fuit, l'un des Manufcrits de Leyde a, punget; & l'autre, conforme à mon ancienne édition, a, pungat.

Vt Poëta ferunt] Cela regarde particuliérement Homére, Odyf. T. 179. où il dit, que Minos alloit tous les neuf ans confulter Jupiter, ainfi qu'il vouloit le faire croire. M. Davies a voulu à la vérité expliquer autrement l'ivi@pos du Poëte. Mais il a été justement cenfure fur cela par les Auteurs de la Bibliothéque Raifonnée, Tom. X. p. 291. Au refte, fur ces Loix de Minos, on peut voir au long Meurfius, De Cretâ Inf. cap. XI.

Ut multus,&c.] Les Manufcrits de Lambin, quelques-uns d'Angleterre, & mon ancienne édition, ont, multis. Je m'en tiens néanmoins à la leçon ordinaire. Peu après M, Davies, en fa feconde édition,

avoit voulu changer audiebam, en videbam. Mais en l'édition fuivante, il eft revenu à fon premier fentiment, fuivant l'avis de M. Wopkens, Lect. Tull. I, 10.

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CAP. XV. Sed tamen differt aliquid] Quoiqu'on trouve differt dans prefque tous les Manufcrits entre autres dans ceux de Leyde, & dans mon ancienne édition, Meffieurs Bentley & Davies, ont corrigé differunt. Mais ils n'ont pas fait attention, que Cicéron a souvent employé differt, pour intereft, entre autres au Liv. II. De Divinat. cap. 36, & 96. Horace, II. Sat. III, 166. a dit de même:

Quid enim differt, barathrone Dones quicquid habes, an nunquam utare paratis?

Cette façon de parler a même quelque chofe de plus élégant, & de moins trivial, que celle qu'on lui veut fubftituer. C'eft fans doute ce qui a fait adopter cette derniére par quelques Copiftes.

Gravioris operis, & muneris ] L'un des Manufcrits de Leyde a, vel muneris. Ce qui n'eft pas à méprifer. Car il y a apparence que Cicéron a voulu diftinguer entre opus, & munus. Le premier répond à corporis, & le second à animi.

Uno nomine appellant] Puifque M. Davies avoit trouvé dans un Manufcrit appellant wovov, il avoit bien fait de l'ajouTome I.

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