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Parmi les fignes du Ciel qu'obfervoient les Augures, il y en avoit qui ne fignifioient rien, & on les nommoit bruta, ou vana; ceux qui annonçoient quelque évenement, étoient appellés fatidica; de ces derniers on nommoir confiliaria figna, ceux qui paroiffoient pendant qu'on deliberoit fur une affaire: auctoritativa, ou confirmatifs, lorsqu'ils n'arrivoient qu'après qu'elle étoit confommée. De ceux-ci, il y en avoit encore de deux efpeces; poftularia, qui obligeoient à renouveller les Sacrifices; & monitoria, qui avertiffoient de ce qu'on devoit éviter.

Tous les jours & toutes les faifons n'étoient pas également propres à prendre les augures ; & ce fut pour cela que Metellus, au rapport de Plutarque, défendit de les prendre après le mois d'Août, parce que les oifeaux muoient en cette faifon. On ne devoit pas les prendre non plus immediatement après les Ides de chaque mois, à cause du décours de la Lune, ni après midi quelque jour que ce fût.

Le lieu où l'on prenoit l'augure, devoit être élevé, & on l'appelloit pour cela, felon Servius, Templum, Arx, Augura(1) Serv. in culum, & le Champ confacré à cet ufage, Ager effatus (1). Virgil. Lorsque le temps fe trouvoit calme & ferein, car il n'étoit pas permis de prendre l'augure dans toute autre difpofition de l'air; & que toutes les autres ceremonies étoient faites, l'Augure revêtu de fa Robe, appellée Lana, ou Trabea, & tenant à la main droite le Bâton augural, qui étoit à peu près femblable à nos Croffes d'Evêques, s'affeioit à l'entrée de fa Tente, regardoit de tous côtés; & après avoir marqué les quatre parties du ciel avec fon Bâton augural, & tiré une ligne de l'orient à l'occident, & une autre du midi au feptentrion, il offroit le Sacrifice & adreffoit cette priere à Jupiter: Jovis pater fi mihi es auctor, urbi, populoque Romano Quiritium, hæc fanè fartéque effe, ut tu nunc mihi bene fponfis, beneque volueris Jupiter, fi vous êtes le protecteur de Rome & du Peuple Romain, faites que l'augure me foit favorable; ou, comme le dit TiteLive à l'occafion de l'élection de Numa Pompilius : Jupiter Pater, fi eft fas hunc Numam Pompilium, cujus ego caput teneo, Regem Roma effe, ut tua figna nobis certa & clara fint inter eos fines quos feci: Jupiter, fi nous devons élire pour notre Roi Numa

Pompilius, dont je tiens la tête entre mes mains, faites que les fignes qui paroîtront dans l'enceinte que je viens de tracer, foient clairs & certains. Cette priere faite, le Prêtre obfervoit à droite & à gauche, & vers quel endroit les oifeaux prenoient leur vol, pour décider enfuite fi l'augure étoit favorable ou funefte. Comme cette ceremonie faifoit partie de la Religion des Romains, on y affiftoit avec un grand refpect, & pendant le Sacrifice & la priere on obfervoit un grand filence. Si l'augure étoit favorable, celui qui l'avoit pris defcendoit du lieu où il s'étoit placé, & venoit l'annoncer au Peuple par cette formule que nous avons deja rapportée; Les Oiseaux l'approuvent,` ou, ne l'approuvent pas. Quoique l'augure fût favorable, on attendoit quelquefois, avant que de rien entreprendre, que les Dieux l'euffent continué par un nouveau figne: c'eft ce que firmé nous fait entendre Virgile dans ce vers ;

Da deinde auxilium, pater, atque hæc omina firma.

Jupiter foyez moi favorable, & confirmez le prefage que yous venez de me donner.

De tous les fignes du ciel qui fervoient à prendre l'augure, les plus fùrs étoient le tonnerre & les éclairs, fur-tout quand il tonnoit dans un temps ferein: fi le tonnerre & les éclairs venoient du côté gauche, c'étoit un bon prefage, & un mauvais s'ils venoient du côté droit. Virgile qui a fçû faire entrer dans fon Poëme une grande partie des coutumes religieufes des Romains, dit à cette occasion (1):

Audiit, & cæli genitor de parte ferena
Intonuit lævum, &c.

la raison pour

Donat expliquant ce vers, nous apprend qne
laquelle le tonnerre venant du côté gauche étoit favorable,
c'eft parce que ce qui paroiffoit de ce côté là, partoit de la
droite des Dieux: quia Sacrificantis latus lævum, dextra eft
ejus qui poftulata largitur. Les foudres qui paffoient du fepten-
trion à l'orient, étoient de mauvais augure; ceux aux con-
traire qui alloient de l'orient à l'occident, étoient reputés
favorables.

(1) Æneid. Lib. 9.v.630.

Virgil.

Parmi les fignes du Ciel qu'obfervoient les Augures, il y en avoit qui ne fignifioient rien, & on les nommoit bruta, ou vana; ceux qui annonçoient quelque évenement, étoient appellés fatidica; de ces derniers on nommoir confiliaria figna, ceux qui paroiffoient pendant qu'on deliberoit fur une affaire : auctoritativa, ou confirmatifs, lorfqu'ils n'arrivoient qu'après qu'elle étoit confommée. De ceux-ci, il y en avoit encore de deux efpeces ; poftularia, qui obligeoient à renouveller les Sacrifices; & monitoria, qui avertissoient de ce qu'on devoit éviter.

Tous les jours & toutes les faifons n'étoient pas également propres à prendre les augures; & ce & ce fut pour cela que Metellus, au rapport de Plutarque, défendit de les prendre après le mois d'Août, parce que les oifeaux muoient en cette faifon. On ne devoit pas les prendre non les prendre non plus immediatement après les Ides de chaque mois, à cause du décours de la Lune, ni après midi quelque jour que ce fût.

Le lieu où l'on prenoit l'augure, devoit être élevé, & on l'appelloit pour cela, felon Servius, Templum, Arx, Augura(1) Serv. in culum, & le Champ confacré à cet usage, Ager effatus (1). Lorfque le temps fe trouvoit calme & ferein, car il n'étoit pas permis de prendre l'augure dans toute autre difpofition de l'air; & que toutes les autres ceremonies étoient faites, l'Augure revêtu de fa Robe, appellée Lana, ou Trabea, & tenant à la main droite le Bâton augural, qui étoit à peu près femblable à nos Croffes d'Evêques, s'affeioit à l'entrée de fa Tente, regardoit de tous côtés; & après avoir marqué les quatre parties du ciel avec fon Bâton augural, & tiré une ligne de l'orient à l'occident, & une autre du midi au feptentrion, il offroit le Sacrifice & adreffoit cette priere à Jupiter: Jovis pater fi mihi es auctor, urbi, populoque Romano Quiritium, hæc fanè fartéque effe, ut tu nunc mihi bene fponfis, beneque volueris; Jupiter, fi vous êtes le protecteur de Rome & du Peuple Romain, faites que l'augure me foit favorable; ou, comme le dit TiteLive à l'occafion de l'élection de Numa Pompilius: Jupiter Pater, fi eft fas hunc Numam Pompilium, cujus ego caput teneo, Regem Romæ effe, ut tua figna nobis certa & clara fint inter eos fines quos feci: Jupiter, fi nous devons élire pour notre Roį Numa

Pompilius, dont je tiens la tête entre mes mains, faites que les fignes qui paroîtront dans l'enceinte que je viens de tracer, foient clairs & certains. Cette priere faite, le Prêtre obfervoit à droite & à gauche, & vers quel endroit les oiseaux prenoient leur vol, pour décider enfuite fi l'augure étoit favorable ou funefte. Comme cette ceremonie faifoit partie de la Religion des Romains, on y affiftoit avec un grand refpect, & pendant le Sacrifice & la priere on obfervoit un grand filence. Si l'augure étoit favorable, celui qui l'avoit pris defcendoit du lieu où il s'étoit placé, & venoit l'annoncer au Peuple par cette formule que nous avons deja rapportée; Les Oiseaux l'approuvent, ou, ne l'approuvent pas. Quoique l'augure fût favorable, on attendoit quelquefois, avant que de rien entreprendre, que les Dieux l'euffent continué par un nouveau figne: c'eft ce que firme nous fait entendre Virgile dans ce vers;

Da deinde auxilium, pater, atque hæc omina firma.

Jupiter foyez moi favorable, & confirmez le prefage que yous venez de me donner.

De tous les fignes du ciel qui fervoient à prendre l'augure, les plus fùrs étoient le tonnerre & les éclairs, fur-tout quand il tonnoit dans un temps ferein: fi le tonnerre & les éclairs venoient du côté gauche, c'étoit un bon prefage, & un mau-; vais s'ils venoient du côté droit. Virgile qui a fçû faire entrer dans fon Poëme une grande partie des coutumes religieufes. des Romains, dit à cette occasion (1):

Audiit, & cæli genitor de parte ferena
Intonuit lævum, &c.

Donat expliquant ce vers, nous apprend qne la raifon pour
laquelle le tonnerre venant du côté gauche étoit favorable,
c'est parce que ce qui paroiffoit de ce côté là, partoit de la
droite des Dieux: quia Sacrificantis latus lævum, dextra eft
ejus qui poftulata largitur. Les foudres qui paffoient du fepten-
trion à l'orient, étoient de mauvais augure; ceux aux con-
traire qui alloient de l'orient à l'occident, étoient reputés
favorables.

(1) Æneid. Lib. 9. v. 630.

Les vents étoient un autre figne du ciel qu'on obfervoit dans les augures, parce qu'on les regardoit comme les meffagers des Dieux, qui venoient apprendre leurs decrets aux hommes. Lutatius, ancien Commentateur de Stace, expliquant cet endroit où le Poëte dit, que l'inspection des vents & du vol des oifeaux faifoit differer la guerre

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obferve que les Augures tiroient leurs prefages, par le moyen des vents: Solent Augures ventorum flatibus futura cognofcere; mais il ne nous apprend rien de plus particulier fur ce fujet. Ainfi on ignore quels vents étoient favorables, ou de mauvais préfage.

Au refte tout ce que je viens de dire des augures qui fe tiroient des fignes du ciel, fe pratiquoit pareillement dans ceux qu'on prenoit par le vol des oifeaux: la differente maniere dont ils voloient, annonçoit de bons ou de mauvais aufpices. Si elle étoit de mauvais augure, on la nommoit finiftra, ou funefta; ou arcula, c'est-à-dire, qui defendoit quelque entreprife; devia, pour montrer que cette même entreprise feroit de difficile execution; remora, quand elle devoit être retardée; inebra, lorfque l'augure paroiffoit y devoir mettre quelqu'obftacle, & enfin altera, quand un fecond prefage detruifoit le premier.

Les oifeaux dont on obfervoit le plus exactement le vol & le chant, étoient l'Aigle, le Vautour, le Milan, le Hibou, (1) Liv. 3. le Corbeau & la Corneille. Horace (1) dit du Corbeau: Ofcinem corvum prece fufcitabo

Od. 27.

Solis ab ortu.

Et Virgile, parlant de la corneille

Sæpè finiftra cava prædixit ab ilice cornix,

Mais la maniere la plus ordinaire de prendre l'augure, confiftoit à examiner de quelle maniere les Poulets facrés prenoient le grain qu'on leur prefentoit. On faifoit venir ordinairement ces Poulets, de l'Ifle du Negrepon, & on les tenoit renfer

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