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nommés Peripteres, c'eft-à-dire, ailes; & Dipteres, quand galerie avoit deux rangs de colonnes; Proftyles, lorfque 1 colomnes formoient le Portique fans galerie; & enf Hypethres, quand ils avoient en dehors deux rangs o colonnes, & autant en dedans, tout le milieu étant d couvert, à peu près comme nos Cloîtres. Vitruve remarqu encore d'autres particularités, qu'on peut voir dans fon Ou

vrage.

L'interieur des Temples étoit fouvent très-orně, car ou tre les Statues des Dieux, qui étoient quelquefois d'or d'yvoire, d'ébene, ou de quelque autre matiere précieuse & celles des grands hommes qui y étoient quelquefois en grand nombre (a), il étoit ordinaire d'y voir des peintures des dorures, & d'autres embelliffemens, parmi lefquels il ne faut pas oublier les offrandes, ou les Ex voto; c'est-à-dire, des Proües de Vaiffeau, lorfqu'on croyoit avoir été garanti du naufrage par le fecours de quelque Dieu; des Tableaux, Tabellas, pour la guérifon d'une maladie; les Armes prifes fur les ennemis, les Drapeaux, des Trepieds, & les Boucliers votifs, tels que font les deux qui fe trouvent dans le Cabinet des Medailles du Roi, & dont l'hiftoire eft dans le neuviéme Volume des Memoires de l'Académie des Belles-Lettres (b). Il y avoit fur-tout dans le Temple de Delphes, & dans plufieurs Temples de Rome, des richesses immenses de ce genre. Outre ces fortes d'ornemens, on ne manquoit gueres au jour de Fêtes de parer les Temples de branches de laurier, d'olivier, & de lierre.

Lorsqu'on vouloit bâtir un Temple, les Harufpices étoient employés à choisir le lieu, & le temps auquel on devoit en commencer la conftruction. Ce lieu étoit purifié avec grand (1) Voyez foin; on l'environnoit même de rubans & de couronnes (1). Tacite Hift. L. Les Vestales accompagnées de jeunes garçons & de jeunes filles, lavoient cet efpace avec de l'eau pure & nette, & le Pontife l'expioit par un Sacrifice folemnel. Enfuite il touchoit la pierre qui devoit fervir la premiere à former le fondement, & qui étoit liée d'un ruban; & le peuple animé d'un grand

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(a) Voyez la defcription des Temples les plus celebres, à la fin de ce Chapitre. (b) Voyez le Traité de Donariis, par Thomafinus.

zele,

zele, l'y jettoit, avec quelques pieces de monnoye, ou de métal qui n'avoit pas encore paffé par le creufet. Lorsque l'édifice étoit achevé, la confécration s'en faifoit auffi avec de grandes ceremonies, & c'étoit le Pontife, ou en fon abfence, quelqu'un de fon College, qui y préfidoit.

Tacite (1) parlant du rétablissement du Capitole, nous a (1) Hift. L. 2. confervé la formule, & les autres ceremonies de la confécration du lieu destiné à bâtir un Temple. Vefpafien, dit-il, ayant chargé L. Veftinus du foin de rétablir le Capitole, ce Chevalier Romain confulta les Arufpices, & il apprit d'eux qu'il falloit commencer par transporter dans des marais les reftes du vieux Temple, & en bâtir un nouveau fur les mêmes fondemens. L'onzième jour avant les Kalendes de Juillet le Ciel étant ferain, tout l'efpace deftiné pour l'édifice fut ceint de rubans & de couronnes. Ceux des Soldats dont le nom étoit de bon augure, entrerent dans cette enceinte avec des rameaux à la main; puis vinrent les Veftales, accompagnées de jeunes garçons, & de jeunes filles, dont les peres & meres vivoient encore, qui laverent tout ce lieu avec de l'eau de fontaine, de lac, ou de fleuve. Alors Helvidius Prifcus Préteur, précedé de Plaute Elien Pontife, acheva d'expier l'enceinte par le facrifice d'une vache, & de quelques taureaux, qu'il offroit à Jupiter, à Junon, à Minerve, & aux Dieux Patrons de l'Empire; & les pria de faire en forte que le Bâtiment que la pieté des hommes avoit commencé pour leur demeure, fût heufement achevé. Les autres Magistrats, qui affiftoient à cette ceremonie, les Prêtres, le Sénat, les Chevaliers, & le Peuple, pleins d'ardeur & de joye, fe mirent à remuer une pierre d'une groffeur énorme, pour la traîner au lieu où elle devoit être mise en œuvre. Enfin, on jetta dans les fondemens plufieurs petites monnoyes d'or, & d'autres pieces de métal, comme nous venons de le dire.

De ces Temples,il y en avoit quelques-uns qui ne devoient pas être bâtis dans l'enceinte des Villes, mais hors les murs; comme ceux de Mars, de Vulcain, & de Venus, pour les raifons qu'en apporte Vitruve. (2) « Quand on veut, dit cet (2) Liv. 2 > Auteur, bâtir des Temples aux Dieux, fur-tout à ceux qui font les Patrons de la Ville, fi c'eft à Jupiter, à Junon,

α

C. 2.

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» ou à Minerve, il faut les placer aux lieux les plus élevés
d'où l'on puiffe voir la plus grande partie des murs de la
Ville. Si c'eft à Mercure, on doit les mettre à l'endroit
où fe tient le marché, ou la foire, ainfi qu'on l'obferve
» pour ceux d'Ifis & de Serapis. Ceux d'Apollon, ou de
» Bacchus doivent être près du Theatre. Ceux d'Hercule,
lorfqu'il n'y a ni Gymnase, ni Amphitheatre, doivent être
placés près du Cirque. Ceux de Mars hors de la Ville, &
» dans les champs; comme ceux de Venus, aux portes de
la Ville. On trouve, c'est toujours le même Auteur qui
parle, dans les écrits des Arufpices Etrufques, qu'on a
» coutume de mettre les Temples de Venus, de Vulcain,
» & de Mars, hors des murs, de peur que fi Venus étoit
» dans l'interieur de la Ville-même, cela ne fût une occa-
fion de débauche pour les jeunes gens, & pour les meres
de famille. Vulcain devoit être auffi en dehors, pour éloi-
gner des maifons la crainte des incendies. Mars étant hors
des murs, il n'y aura point de deffention entre le peuple;
» & de plus, il fera là comme un rampart pour garantir les
> murailles de la Ville des périls de la guerre. Les Temples
de Cerès étoient auffi hors des Villes, en des lieux où on
n'alloit guere que pour lui offrir des facrifices, afin
afin que
la
pureté n'en fût point fouillée ». Cependant ces diftinctions.
ne furent pas toujours obfervées exactement.

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On ne peut rien ajouter au refpect que les Idolâtres avoient pour leurs Temples.. Si nous en croyons Arien, il étoit défendu de s'y moucher & d'y cracher; & Dion ajoute que quelquefois on y montoit à genoux. Ils étoient un lieu d'afyle pour les coupables & pour les débiteurs, comme nous. le dirons dans le Chapitre fuivant. Enfin, dans les calamités publiques, les femmes fe profternoient dans les lieux facrés & en balayoient le pavé avec leurs cheveux. Il eft arrivé cependant quelquefois, que les malheurs publics ne ceffant pas, le peuple perdoit tout le refpect dû aux Temples, & s'emportoit jufqu'à jetter des pierres contre les murailles, (1) In Calig. Comme pour les lapider; ainfi qu'on le voit dans Suetone. (1)

Quoique communément les hommes & les femmes entraffent dans les Temples, il y en avoit dont l'entrée étoit

défendue aux hommes, comme celui de Diane à Rome, dans la rue nommée Vicus Patricius, ainsi que Plutarque nous l'apprend, quoiqu'ils puffent entrer dans les autres Temples de cette Déesse; on croit que la raison de cette défense venoit de ce qu'une femme qui prioit dans ce Temple, y avoit reçu le plus fanglant affront.

Après avoir donné une idée abregée des Temples des Payens, je crois qu'il ne fera pas hors de propos de faire une defcription particuliere de quelques-uns des plus célebres. On jugera par là à quel point on avoit porté la magnificence & la profusion.

Temple de Belus.

(1) Ant. liv. 10.

Si ce Temple étoit le plus ancien de tous ceux du Paganifme, comme on n'en fçauroit douter, il étoit auffi le plus fingulier par fa ftructure. Berofe, au rapport de Jofeph (1), en attribue la conftruction à Belus, qui y fut lui-même adoré après la mort. Mais il eft certain que fi le Belus de cet Hif torien eft le même que Nemrod, comme il eft bien vrai-semblable, fon deffein ne fut pas de bâtir un Temple, mais d'élever une tour, qui pût le mettre à couvert lui & fon peuple, des inondations, s'il en arrivoit de femblables au Deluge. On fçait de quelle maniere Dieu arrêta ce deffein insensé. L'ouvrage demeura en l'état où il étoit au moment de la confufion des langues, & fut deftiné dans la fuite à fervir de Temple à Belus, qui après fa mort merita les honneurs divins. Cette fameufe tour, qu'on appelle vulgairement la Tour de Babel, formoit dans fa bafe un quarré, dont chaque côté contenoit un ftade de longueur, (a) ce qui lui donnoit un demi-mille de circuit. Tout l'ouvrage étoit compofé de huit tours bâties l'une fur l'autre, & qui alloient toujours en diminuant. Quelques Auteurs, comme le remarque M. Prideaux, (2) trompés par la Version Latine d'Herodote, pré(2) Hift. des tendent que chacune de ces tours ait été haute d'un ftade, Juifs, tom. I. ce qui monteroit à un mille de hauteur pour le tout; mais p. 181. le texte Grec ne porte rien de femblable, & il n'y eft fait

(a) Le ftade étoit une efpace de fix vingt toiles.

ron, à Achille. L'Ifle de Tenedos à Tenès, celle de Chios à Ariftée & à Drimachus, celle de Samos à Lyfandre, celle de Naxe à Ariadne, les Eginetes à Eaque, ceux de Salamine au fameux Ajax, fils de Telamon, l'Ifle de Crete, à Europe, à Idomenée, à Molon, & à Minos. On voyoit en Afrique les Temples de plufieurs Rois. Les Maures honoroient Juba; ceux de Cyrene, Battus; les Carthaginois, Didon, Amilcar, &c. LesThraces, Orphée, & leur Législateur Zamolxis.

On ne finiroit pas fi l'on vouloit parcourir tous les autres lieux celebres par le culte de quelque Divinité particuliere, puifque toute la terre étoit remplie de Temples & d'Autels, élevés non-feulement aux grands Dieux, mais auffi aux Indigetes, (a) & que chaque Peuple & chaque Ville, generalement parlant, avoit mis au rang des Dieux ou des Heros, fes Fondateurs & fes Conquerans. Si l'on croit avoir befoin de preuves, pour tout ce que je viens dire dans ce dernier article, on n'a qu'à lire Paufanias, qui parle des Temples confacrés à tous ces Heros, Strabon, & parmi les modernes, Meurfius dans fon excellent Traité des Fêtes de la Grece ; le (1) Liv. 2. premier Livre de Voffius, & Rosin. (1)

3.

Enfin, fi l'on joint à tant de Dieux, les Génies & les Junons qui étoient comme les anges gardiens de chaque homme & de chaque femme, on n'aura pas de peine à croire ce que dit Pline, que le nombre des Dieux excedoit celui des hommes (b), ni ce que rapporte Varron, qui fait monter ce nombre à trente mille.

Je ne prétends pas dire qu'il n'y ait eu de tout temps dans prefque tous les pays du monde, quelqu'un qui ait rejetté dans le fond du cœur ces Divinités ridicules, du moins pour la plûpart. Je fçais que Dieu fe conferva quelques ferviteurs parmi les Nations les plus Idolâtres; que Salem eut fon Melchifedech, les Iduméens leur Job, les Chaldéens leur Abraham; mais à cela près, on doit croire que toute la terre étoit couverte des tenebres de l'Idolâtrie; qu'il n'y eut que le peuple

(a) Confultez pour tous ces Indigetes & leur culte, Paufanias, & Strabon, & parmiles modernes Meurfius, Græcia Feriata, & Voffius, de Idol. Liv. 1.

(b) Major cœlitum populus etiam quam hominum intelligi poteft, cum finguli quoque ex femetipfis totidem Deos faciant, Junones, Geniofque adaptando fibi. Pline, Liv. 2.

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