défendue aux hommes, comme celui de Diane à Rome, dans la rue nommée Vicus Patricius, ainsi que Plutarque nous l'apprend, quoiqu'ils pussent entrer dans les autres Temples de cette Déesse; on croit que la raison de cette défense venoit de ce qu'une femme qui prioit dans ce Temple, y avoit reçu le plus sanglant affront. Après avoir donné une idée abregée des Temples des Payens, je crois qu'il ne sera pas hors de propos de faire une description particuliere de quelques -uns des plus célebres. On jugera par là à quel point on avoit porté la magnificence & la profusion. Temple de Belus. Si ce Temple étoit le plus ancien de tous ceux du Paganisme, comme on n'en sçauroit douter , il étoit aussi le plus singulier par sa structure. Berose , au rapport de Joseph (1), en (1) Ant. attribue la construction à Belus, qui y fut lui - même adoré après sa mort. Mais il est certain que si le Belus de cet Hiftorien est le même que Nemrod, comme il est bien vrai-semblable, son dessein ne fut pas de bâtir un Temple, mais d'élever une tour , qui pût le mettre à couvert lui & son peuple, des inondations , s'il en arrivoit de semblables au Deluge. On sçait de quelle maniere Dieu arrêta ce dessein insensé. L'ouvrage demeura en l'état où il étoit au moment de la confusion des langues , & fur destiné dans la suite à servir de Temple à Belus, qui après la mort merita les honneurs divins. Cette fameuse tour , qu'on appelle vulgairement la Tour de Babel , formoit dans la base un quarré, dont chaque côté contenoit un stade de longueur, (a) ce qui lui donnoit un demi-mille de circuit. Tout l'ouvrage étoit composé de huit tours bâties l'une sur l'autre, & qui alloient toujours en diminuant. Quelques Auteurs , comme le remarque M. Prideaux , (2) trompés par la Version Latine d’Herodote, pré. (2) Hist. des tendent que chacune de ces tours ait été haute d'un stade, Juifs, tom. I• ce qui monteroit à un mille de hauteur pour le tout; mais p.181. le texte Grec ne porte rien de semblable, & il n'y est fait liv. 1o. (a) Le stade étoit une espace de fix vingt toises, si exa liv. 1. Strab. liv. 16. Diod aucune mention de la hauteur de cet édifice. (a) Strabor que de briques, , que des hommes por(1) Herod. toient sur leur dos, comme nous l'apprenons des anciens, (1) ains que l'Ecriture-Sainte le dit de la tour de Babel, sa confde Sic. liv. 2. truction n'a rien qui doive surprendre; & quoiqu'il fût plus Arri. liv. 7. haut de cent dix-neuf pieds que la grande Pyramide, comme elle étoit bâtie , ou du moins couverte de pierres d'une longueur excessive, qu'il falloit guinder à une si prodigieuse hauteur, elle doit avoir été infiniment plus difficile à construire. Quoi qu'il en soit, nous apprenons d'Herodote qu'on montoit au haut de ce bâtiment par un degré qui alloit en tournant, & qui étoit en dehors. Ces huit tours composoient comme autant d'étages, dont chacun avoit soixante & quinze pieds de. haut, & on y avoit pratiqué plusieurs grandes chambres soutenues par des pilliers, & de plus perites , où se reposoient ceux qui y montoient. La plus élevée étoit la plus ornée, & celle en même-temps pour laquelle on avoit le plus de veneration. C'est dans cette chambre qu'étoient, selon Herodote, un lit superbe, & une table d'or massif, sans aucune statuë. Jusqu'au temps de Nabuchodonosor ce Temple ne contenoit que la tour, & les chambres dont on vient de parler , & qui étoient autant de chapelles particulieres; ntais ce Mo(2) Apud narque, au rapport de Berose, (2) lui donna beaucoup plus Jol. Ant. liv. d'étendue par les édifices qu'il fit bâtir tout autour, avec un mur qui les enfermoit , & des portes d'airain, à la construction desquelles. Ia mer du même métal, & les autres usten (a) Herodote dit seulement que ce bâtiment avoit un stade de longueur , fur un Atade de largeur, 10. ciles du Temple de Jerusalem avoient été employés. Ce Tem- Il y avoit aussi dans le même Temple plusieurs Idoles d'or Quoiqu'il en foit , j'ai dit d'après Herodote , que dans la plus haute tour il y avoit un lit magnifique, & cet Auteur C.99 ajoute qu'il n'étoit permis à personne d'y coucher , excepté une femme de la Ville que le Prêtre de Belus choisissoit chaque jour, lui faifant accroire qu'elle y étoit honorée de la présence du Dieu. Temple de Vulcain à Memphis. Les Egyptiens , suivant Herodote , sont les premiers de tous les Peuples , qui ont construit des Temples en l'honneur des Dieux. Je n'ai pas dessein de parler de tous ceux qui étoient dans ce pays; mais celui de Vulcain & quelques autres, meritent à cause de leur ancienneté, que nous entrions dans quelque détail à leur sujet. Quoique nous n'ayons aucune description bien détaillée du Temple de Vulcain, on peut juger par ce qu'en dit Hero(1) Liy. 2. dote (1) en differens endroits de son Histoire , qu'il devoit être de la derniere magnificence. Son antiquité d'abord ne doit pas paroître douteuse, puisque cer Historien dit qu'il fuc bâti par Menès, le premier qui regna en Egypte après les Dieux & les demi - Dieux. Ce ne fut pas apparemment ce Prince qui donna à cet ouvrage toute la beauté qu'on y admira dans la suite, quoique Herodote dise que dès lors il étoit grand & très-renommé, puisque les premiers bâtimens n’annonçoient qu'une noble simplicité. Mais les successeurs de Menės se firent gloire d'embellir à l'envi les uns des autres l'ouvrage du fondateur de leur Monarchie, & d'y mettre les ftatues dont nous allons parler ; car suivant les meilleurs Hiftoriens , il n'y en avoit aucune dans les anciens Temples d'Egypte. Moris , Prince puissant & extrémement riche, ajouta à ce premier Temple, le superbe Vestibule qui étoit du côté du septentrion. Rhamsinite successeur de Protée , fit , selon le même Auteur , élever celui qui regardoit l'Occident, & poser vis-à-vis du Vestibule , deux statues colossales chacune de vingt-cinq coudées, c'est-à-dire, de trente-sept ou trente-huit pieds de hauteur. L'une, que les Egyptiens adoroient, étoit appellée par eux l'Eté , parce qu'elle regardoit le Septentrion ; l'autre pour laquelle ils n'avoient aucun refpect, étoit nommée l'Hiver , & regardoit le Midi. Enfin Amalis fit placer devant le même Temple une ftatue ren versée qui étoit haute de 75. pieds , & fur ce colosse qui servoit de fondement , ou plûtôt de pied-d’eftal, il fit élever deux autres ftatues, chacune de 20. pieds de hauteur', & du même marbre que la grande. Il est aisé de juger par le récit d'Herodore , de la magnificence & de l'étendue de ce Temple. Cependant l'interieur de cet édifice, bien loin de meriter l'admiration de ceux qui y entroient, ne fit qu'exciter les mepris & les railleries de Cambyse, qui se mit à éclater de rire, en voyant la statue de Vulcain & celle des autres Dieux, semblables à des Pygmées, (1) lesquelles veritablement devoient faire un contraste (1) Voyez bien ridicule avec les colosses qui étoient dans les Vestibules l'art . des Ca bires, liv. 6. dont on vient de parler. Peut-être étoit-ce le même Temple qu'avoit fait bâtir Menès. Car les ouvrages des Egyptiens étoient faits pour durer long-temps. L'Egypte avoit encore un grand nombre de Temples plus riches les uns que les autres ; tels que celui de Jupiter à Thebes ou Diofpolis, & à Hermunthis, celui d’Andera, celui de Protée à Memphis, dont Herodote fait mention, & celui de Minerve à Saïs, que le même Auteur dit avoir été embelli par les foins d'Amafis , d'un Vestibule qui surpassoit de beaucoup en grandeur & en magnificence, tous les monumens que les Rois fes prédecesseurs avoient laissés. Cu même Prince y ajouta des statues d'une grandeur prodigieuse ; car les Egyptiens aimoient les figures coloffales fans parler des pierres immenses pour leur énorme grosseur , & qui venoient la plậpart d’Elephantine , Ville eloignée de Sais de vingt journées de navigation. Les détails où il faudroit entrer pour faire connoître tant de beaux Ouvrages me meneroient trop loin ; mais je ne sçaurois m'empêcher de parler d'une espece de Temple unique en fon gen re, je veux dire , de cette Chapelle d'une seule pierre , que le même Amasis avoit fait tailler dans les carrieres de la haute Egypte, & fait venir avec des foins & des peines incroyables jufqu'à Saïs, où elle devoit être placée dans le Temple de Minerve. Voici ce qu'en rapporte Herodote : « Mais ce » que j'admire pardessus tous les autres ouvrages faits par les ordres d'Amasis, dit cet Auteur ,i il fit apporter d'Ele, |