ch. 29. Sçavans. Il fuffit de dire ici avec Jul. Pollux (1), que la Vic (4) Liv. (2) Do pu Anim. facultés de ceux qui facrifioient. On leur immoloit aussi des cocqs & des hirondelles, & le cochon, d'où ils prirent le nom de Grundiles. cocq, Enfin, chaque Dieu avoit fon animal, ou fon arbre, ou fa plante favorite. Parmi les animaux le lion étoit confacré à Vulcain; le loup à Apollon & à Mars; le chien, aux Dieux Lares & à Mars; le dragon, à Bacchus & à Minerve; les griffons à Apollon ; les ferpens à Efculape; le cerf à Hercule; l'agneau à Junon; le cheval à Mars; la geniffe à Ifis. Parmi les oifeaux, l'aigle l'étoit à Jupiter; le paon à Junon; la chouette à Minerve; le vautour & le pivert à Mars; au même Mars, à Efculape, à Apollon & à Minerve; la colombe & le moineau à Venus; les alcyons à Tethys; le phenix au Soleil, & la cigale, efpece d'infecte qui vole, à Apollon. Parmi les poiffons, qui appartenoient tous à Neptune, la conque marine, & le petit poiffon nommé Apua, que' Feftus dit être produit par la pluie, étoient chers à Venus, & le barbeau, à Diane. Parmi les arbres & les plantes, le pin étoit confacré à Cybele, à cause d'Atys; le hêtre à Jupiter; le chêne & fes differentes efpeces, à Rhea; l'olivier, à Minerve; le laurier, à Apollon, après l'avanture de Daphné; le roseau, à Pan, après celle de Syrinx; le lotus, & le Myrte, étoient auffi confacrés à Apolon & à Venus; le cyprès, à Pluton; le narciffe & l'adiante, qu'on nomme aussi le clou de Venus, à Proferpine ; le frêne & le chiendent, à Mars; le pourpier, à Mercure; le myrte & le pavot, à Cerès; la vigne & le pampre, à Bacchus; le peuplier à Hercule; le dytime & le pavot, à Lucine; l'ail, aux Dieux Penates; l'aune, le cedre, le narciffe & le geniévre, aux Eumenides; le palmier, aux Mufes; le platane, aux Génies; l'aulne, au Dieu Sylvain; le pin, à Pan, &c. Si vous exceptez quelques raisons symboliques qu'on a rapportées en paffant, de ces fortes de confécrations, il n'est pas poffible de deviner les autres: il y a apparence que, comme anciennement, & dès les premiers temps, l'Idolâtrie ne connoiffoit pas toutes ces diftinctions, ni de Victimes, ni d'êtres fpécialement confacrés à quelque Divinité, à l'exclufion des autres, tout ce raffinement fut imaginé par les Prêtres, qui fe propofoient d'imprimer par-là plus de veneration pour les Dieux. La Victime étant choifie de la maniere que j'ai dit, on la paroit de rubans & de bandelettes ; on lui doroit les cornes, on mettoit fur la tête des gâteaux, du fruit & de l'encens mâle (1); (1)Tout cela c'est ce qu'on appelloit l'immolation, immolatio. Ensuite ven'étoit point general pour noit la libation; c'étoit du vin qu'on prenoit foi-même, & tous les Sacriqu'on faifoit goûter aux affiftans. Puis litabatur ; c'est-à-dire, fices. que le Prêtre prenoit quelques poils entre les cornes de la Victime, les jettoit dans le feu, & enfin après s'être tourné du côté de l'Orient, ordonnoit au Victimaire d'égorger la Victime. A peine étoit-elle morte, que le Prêtre lui enfonçoit dans les entrailles le couteau facré, pour voir fi le Sacrifice étoit heureux, an perlitatum foret ; & l'Harufpice les examinoit, pour en tirer un augure favorable. Enfuite on coupoit la Victime en pieces, on les faifoit cuire, & on les distri buoit pour le feftin. Ceux qui l'égorgeoient, étoient nommés Victimarii, Popa, Cultrarii. Le Prêtre, outre les habits destinés à fes fonctions, ne manquoit pas de porter fur fa tête une couronne de branches ou de feuilles de l'arbre qui étoit fpécialement confacré au Dieu pour qui étoit le Sacrifice; comme, de chêne pour Jupiter, de laurier pour Apollon, de peuplier blanc pour Hercule, de pampre pour Bacchus, de cyprès pour Pluton; ainfi des autres. Mais comme il y avoit differentes fortes de Sacrifices, l'ho. locaufte, le Sacrifice expiatoire, le Sacrifice d'actions de graces, & plusieurs autres, on agiffoit differemment par rapport à la Victime. Dans l'holocaufte, elle étoit entierement confumée par le feu, fans qu'il en reftât rien. Quelquefois on repandoit feulement le fang autour de l'autel; on brûloit deffus les graiffes qui entouroient les vifceres, & on emportoit le refte, ou on le mangeoit près du lieu-même de l'immolation. Il y avoit des portions aufquelles le Prêtre seul avoit droit de toucher, les autres étoient diftribuées ou emportées. Il paroît même que parmi les Gentils, tout ce qui étoit pour l'ufage de la nourriture ordinaire, fur-tout la chair des animaux, avoit été offert auparavant en Sacrifice; & de-là vint l'attention qu'avoient les premiers fidéles, lorfqu'ils vivoient au milieu des Payens, de prendre garde de ne point manger de viandes qui euffent été offertes aux Idoles. Si cette idée, qui a été fuivie par quelques Auteurs, & qui paroît fondée fur l'Antiquité, n'eft pas exactement jufte, du moins eft-il vrai que tous les feftins publics étoient précedés de Sacrifices, dont on mangeoit les viandes, ainfi que le dit formellement Athe(1) Liv. 5. née(1): pour s'en convaincre, on n'a qu'à lire Homere, Virgile, & d'autres Anciens. P. 192. P-22. & in On peut conclure de ce qu'on vient de dire, qu'il devoit y avoir dans les Temples, & dans les autres lieux où on sacrifioit, differentes places marquées; les unes pour preparer la Victime, d'autres pour l'égorger, d'autres pour en faire cuire la chair, d'autres enfin pour célebrer le feftin; lequel, quoiqu'un acte de Religion, étoit fort gai, & toujours accompagné de danfe, de musique, & d'hymnes chantés en l'honneur des Dieux. Les Devins, chez les Grecs, comme Calchas, Mopfus, Amphiarée, & plufieurs autres ; & les Harufpices chez les Romains, affiftoient aux Sacrifices, pour confulter les entrailles de la Victime, & en dire leur fentiment. C'étoient eux qui ordonnoient le temps, la forme, & la matiere des Sacrifices, fur-tout dans les occafions importantes; & on ne manquoit guere alors de les confulter, & de fuivre leurs décisions. Il n'étoit pas toujours neceffaire de conduire la Victime vivante auprès des Autels, puifque faute d'autres animaux, on en alloit tuer à la chaffe, comme nous l'avons dit, pour les immoler enfuite. L'animal même n'étoit pas offert entier aux Dieux; les cuiffes étoient le morceau qui leur étoit destiné, (2) In Att. ainfi que Paufanias (2) l'a remarqué en general pour les Sacrifices des Grecs; & on faifoit brûler cette partie de la Victime fur un feu clair, de bois coupé par éclats. Apollonius de (3) Liv. 1. Rhodes (3) dit la même chofe: Ils égorgent, dit-il, deux bœufs, coupent par quartiers, & enfuite par morceaux, ils en feparent les cuiffes votives; & après les avoir couvertes de la graiffe, ou de l'omentum qui eft gras, il les font griller fur des éclats de bois. Arc. p. 269. V. 432. les Les libations accompagnoient toujours les Sacrifices: c'étoit une liqueur qu'on repandoit en l'honneur du Dieu à qui on (1) Liv. 1. on offroit le Sacrifice, & fouvent le Sacrifice même n'étoit Quoiqu'il n'y eût point de temps marqué pour les Sacri- les Enfin il eft bon de remarquer après Lucien (4), que Sacrifices étoient differens felon la qualité des perfonnes. Le Laboureur, dit-il, immole un bœuf, le Berger, un agneau ; le (2) De Iud. (3) Voyez Ifidore. (4) Des Sacr. |