Imágenes de páginas
PDF
EPUB

(1) in Meff. (2) Ibid.

(3) Prep. Evang. 1. 3.

Chevrier; une chevre : il y en a qui n'offrent que de fimples gå teaux ou de l'encens; & le pauvre fait fon facrifice en baifant fa main droite.

Remarquons encore que les Sacrifices étoient devenus si communs, qu'on en offroit dans prefque toutes les occasions de la vie ; puisqu'outre ceux qui étoient prefcrits par les Ri tuels, les Generaux d'armée en offroient avant la bataille, ainfi qu'on le voit dans les anciens Auteurs, particulierement dans Paufanias (1): ceux qui vouloient fonder quelque ville, comme il paroît par le même Auteur (2): lorfqu'on vouloit entreprendre quelque voyage: dans les maladies, dans les affaires, après quelque fonge; enfin on n'entreprenoit rien de confiderable,fans avoir auparavant imploré le fecours des Dieux par cet acte de Religion.

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

Eufebe rapporte (3) un paffage de Porphyre au fujet d'un Oracle d'Apollon, qui prefcrivoit la forme des Sacrifices. Il y a, difoit Porphyre, d'après un Oracle, des Dieux de la » terre & des Dieux des enfers. On leur offre des victimes à quatre pieds, de couleur noire ; mais avec cette difference, que pour les Dieux terreftres, on prefente les victimes fur » des Autels, & pour les Dieux infernaux dans des foffes, & dans des lieux creux. Aux Dieux de l'air on immole des oiseaux, dont on brûle tout le corps en holocaufte, & dont on répand le fang autour de l'Autel. On offre auffi des > volatiles aux Dieux marins, mais il faut qu'on jette la libation » dans les flots, & que les oiseaux foient de couleur noire ». D'ou l'on peut conclure qu'on offroit aux Dieux celeftes 'des oiseaux blancs, ainfi que des victimes blanches, comme je T'ai déja remarqué. Mais il faut obferver encore, 1°. qu'à Rome, lorfque la victime avoit quelques taches, on la blanchif foit avec de la craye, & cette forte de victime s'appelloit 'bos cretatus. 2°. qu'on offroit aux Dieux terreftres des bêtes à quatre pieds, pourvû qu'elles fuffent noires; comme devoit être le cochon qu'on immoloit à Cerès, parce que, comme le remarque le même Porphyre, la terre eft de couleur bru ne. 3°. enfin que comme les bandelettes dont on ornoit la tête des victimes offertes aux Dieux du ciel, devoient être blanches, celles dont on paroir les animaux destinés

E

aux Sacrifices qu'on faifoit aux Dieux terreftres & infernaux devoient être noires (a).

Les Sacrifices ne le faifoient pas toujours, comme on l'a remarqué, en immolant des animaux : fouvent on ne prefentoit aux Dieux que des fruits & des plantes, comme à Pomone & à d'autres Divinités ; fouvent de la farine cuite, ou des gâteaux de farine de bled, ou d'orge. Les Grecs en offroient dans tous leurs Sacrifices, de quelque nature qu'ils fuffent. Homere nomme ces gâteaux ixx ; d'autres s'appelloient popana & prothymata, & ceux-ci étoient principalement of ferts à Efculape. Une autre forte de gâteau étoit nommé bos, le boeuf, parce qu'on y figuroit des cornes, & il étoit destiné à Jupiter celefte, à Apollon, à Diane, à Hecate & à la Lune. Il y en avoit d'autres qu'on nommoit melyta, parce qu'ils étoient pêtris avec du miel, & ceux-ci étoient offerts à Trophonius. Enfin, pour tout dire, il y avoit une autre forte de gâteau, qui fe nommoit Arifca, une autre appellée Hygica, qu'on offroit à la Déeffe de la fanté.

fe

A Rome c'étoit avec de la farine de bled & du fel, que faifoient ces gâteaux, qu'on nommoit Ador, & les Sacrifices qu'on en faifoit Adorea Sacrificia. Suivant la Loy de Romulus, ces gâteaux devoient être cuits au four; & il inftitua pour cela la Fête appellée Fornacalia ; d'où vint dans la fuite la Déeffe Fornax.

Après que la victime étoit égorgée, il y avoit des Miniftres qui tenoient des vafes prêts pour en recevoir le fang, d'autres qui avoient à la main des inftrumens, ou pour l'écorcher, ou pour la couper en plufieurs morceaux. J'ai dit que l'Harufpice, le Flamine, ou le Prêtre examinoit les entrailles de la victime, Exta, pour en tirer des Augures favorables, il faut ajouter ici, 1°. que le coeur, le foye, le poulmon & la rate, étoient le principal fujet de leur attention: 2o. que c'étoit de l'inspection des entrailles, qu'étoit venue la maniere de deviner, qu'on nommoit Extifpicium: 3°. qu'on observoit auffi le mouvement de la queue, au moment que la victime

(a) Le mot latin cæruleus, dont on fe fert pour exprimer la couleur de ces bandelettes, eft fouvent pris par les meilleurs Auteurs, pour marquer le noir, quoiqu'il s'entende ordinairement du bleu foncé.

expiroit. Si elle fe tordoit, cela marquoit une entreprise difficile: lorfqu'elle fe tournoit en bas, on en auguroit une défaite; & fi elle s'élevoit en haut, c'étoit la marque d'un triomphe complet : 4°. qu'on tiroit encore des prefages fur la maniere dont l'encens petilloit en brûlant, ainsi que de la fumée & de fes differens mouvemens ou contours.

Lorfque le Sacrifice étoit fini, fi l'augure en étoit favorable, c'étoit alors un Sacrifice parfait, ce qu'on exprimoit par -le feul mot Litare; car tous n'étoient pas agréables à la Di(1) Liv.1o.. vinité à laquelle on les offroit, comme le dit Martial (1),

Ep. 73.

Non quacumque manu victima cæfa litat.

(2) In Poen. Plaute dit aussi (2)

Si Hercule iftuc unquam factum eft, tum me

Jupiter faciat, ut femper facrificem, nunquam litem:

Si je fuis coupable de ce dont vous m'accufez, je confens que Jupiter ne reçoive favorablement aucun des Sacrifices que je lui offrirai.

Ainfi il n'y avoit point de veritable Sacrifice fans la Litation, s'il eft permis de rendre ce mot françois.

pen

Tous les Affiftans étoient obligés de garder le filence dant qu'on égorgeoit la victime, & qu'elle brûloit fur l'Autel : dans l'intervalle de ces deux operations, on pouvoir s'entretenir les uns avec les autres ; d'où étoit venu le proverbe, inter cæfa & porrecta.

Lorfque le Prêtre alloit facrifier, un Heraut crioit devant lui, hoc age, foyez uniquement attentif à ce que vous allez faire. Et en Grece, lorfqu'il approchoit de l'Autel il demandoit; Qui eft ici? & les Affiftans répondoient: Plufieurs gens de bien. Alors le Prêtre prononçoit la formule, Loin d'ici tout fcelerat, que les Romains rendoient par ces mots : procul efte profani. On avoit fur-tout grand foin d'en chaffer les voleurs, les meurtriers, & tous les gens de mauvaise vie : mais cela n'étoit pas general, du moins dans la Grece, pour tous les Sacrifices.

P. 169.

Les Prêtres qui facrifioient avoient ordinairement la tête voilée; je dis ordinairement, parce qu'il y avoit des Sacrifices où ils devoient être tête nue. On n'eft pas trop d'accord fur cette distinction; cependant Fabretti (1) croit qu'on (1) Col. Trai, fe voiloit la tête pour facrifier aux douze grands Dieux, & qu'on facrifioit aux autres la tête découverte. Plutarque semble infinuer que le Prêtre ne se couvroit la tête que lorsqu'il facrifioit aux Dieux celeftes, puisqu'il dit que celui qui offroir le Sacrifice à Saturne, avoit la tête nue, parce que c'étoit un des Dieux infernaux. Les bas-reliefs antiques qui reprefentent les Sacrifices, tels qu'on peut les voir dans le P. de Montfaucon (2) & ailleurs, n'autorifent gueres ces diftinc- (2) Ant. Expl tions. On fçait feulement qu'en Grece, le Sacrificateur étoit toujours tête nue.

I. 24

Le Prêtre, avant que de facrifier, devoit s'y préparer furtout par la continence, durant la nuit qui le précedoit, & par l'ablution; & c'eft pour cela qu'à l'entrée du Temple il y avoit ordinairement de l'eau, où il fe purifioit. Il paroît qu'anciennement on alloit fe laver dans quelque fleuve, du moins Virgile (3) fait dire à Enée prêt à offrir un Sacrifice, qu'il (3) En L. ✯ ne facrifiera point avant que de s'être purifié dans l'eau d'un fleuve :

[merged small][ocr errors][merged small]

Mais il eft bon de remarquer que cette ablution n'étoit requise que dans les Sacrifices qu'on offroit aux Dieux celeftes; l'afperfion étant fuffifante pour les Dieux terreftres & infernaux. On ne facrifioit jamais à Rome, qu'on n'eût commencé par adresser une priere à Janus, par la raison, dit Ovide, qu'il étoit gardien de la porte qui conduifoit aux autres Dieux. Cette priere étant finie, on en faifoit une feconde à Jupiter, puis une troifiéme à Junon, ou felon d'autres, à Vesta. Le Prêtre faifoit enfuite plufieurs fois le tour de l'Autel, & portoit la main à la bouche; puis il verfoit du vin fur le même Autel avec la patere enfin il ordonnoit au Victimaire de frapper la victime; ce qu'il faifoit, ou avec le couteau nom~ mé Secefpita, ou il l'affommoit d'un coup de maillet.

(1) loc. cit.

Hecatombes

(2) in Balb.

Le P. de Montfaucon (1) explique la plupart des Sacrifices qu'on trouve encore reprefentés fur des marbres, & fur des bas-relifs; ce qui me difpenfe d'en parler ici, d'autant plus que fes explications fuppofent les figures qu'on doit avoir devant les yeux; mais comme parmi le grand nombre de ces Sacrifices, il y en avoit de plus folemnels que les autres, tels que font l'Hecatombe, le Taurobole, le Criobole, & quelques autres, je crois qu'on attend de moi que j'en donne ici un détail abregé.

[ocr errors]
[ocr errors]

par

Dans les grandes victoires, ou dans le temps de quelque calamité publique, on immoloit quelquefois dans le même Sacrifice, jufqu'à cent bœufs, ou cent autres animaux ; c'eft ce qu'on appelloit Hecatombe : quelquefois jusqu'à mille, ce qui étoit très-rare, & c'eft ce qu'on nommoit Chiliombe. Capitolin (2) parlant de l'Hecatombe qui fut offerte l'Empereur Balbin, après la defaite de Maximin, nous apprend en même temps de quelle maniere s'offroit cette forte de Sacrifice. » On dreffe en un lieu marqué cent Autels de gazon, & on immole cent moutons & cent cochons ; fi » le Sacrifice eft Imperial, on immole cent lions, cent aigles, & cent autres animaux. Les Grecs, ajoute cet Au»teur, faifoient la même chose lorfqu'ils étoient affligés de la pefte. Athenée ajoûte qu'on en ufoit de même après des victoires signalées, & cite pour cela l'exemple de Conon, Capitaine Lacedemonien, qui offrit, dit-il, une vraie Hecatombe. Par ce mot de vraie Hecatombe, l'Auteur nous fait entendre que ce General fit immoler veritablement cent boucs, car quelquefois on donnoit ce nom à des Sacrifices où les cent animaux étoient d'une autre efpece. Par le paffage de Capitolin, on peut refuter l'erreur de ceux qui foutiennent que l'Hecatombe étoit ainsi nommée, à cause des cent bœufs ou taureaux qu'on y immoloit. Hefychius & plufieurs autres Auteurs, confirment ce que dir Capitolin, qu'on facrifioit dans les Hecatombes, d'autres animaux que des bœufs. Au refte ce Sacrifice étoit très-ancien, puifqu'il en eft fait men(3) Od. L. 1. tion dans Homere (3), qui dit que Neptune alla en Ethyopie recevoir le Sacrifice des Hecatombes de taureaux & ďagneaux. On fçait que Pythagore offrit une Hecatombe, pour

« AnteriorContinuar »