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L'Offa étoit la Marmite dans laquelle les Prêtres faifoient cuire la portion de la victime, qui leur avoit été deftinée.

La Trompette étoit une efpece de Cor ou de Clairon; dont on fonnoit dans la ceremonie des Hecatombes; mais dans tous les Sacrifices c'étoit toujours un joueur de flûte qui accompagnoit la victime, lorfqu'on la conduifoit dans le lieu où on devoit l'immoler, & qui jouoit de fes deux flûtes pendant le Sacrifice, comme on le voit dans prefque tous les monumens qui nous restent sur ce fujet.

L'Urceolus, étoit un petit vase, de bronze, d'argent, de terre, ou de quelque autre matiere, qui avoit un col retreffi, & l'ouverture large, à peu près comme nos burettes, que portoient les Miniftres fubalternes, pour laver les mains des Prêtres. On en trouve fouvent, fur les monumens antiques, entre les mains de ces fortes de Miniftres.

Quoiqu'on ne doive pas mettre les Trepieds au nombre des Inftrumens dont on fe fervoit dans les Sacrifices, cependant comme il y en avoit fouvent dans les Temples, fur-tout dans ceux d'Apollon, & qu'ils fervoient quelquefois à foutenir des vafes facrés, il eft neceffaire d'en dire ici quelque chose. Sans m'arrêter à la diftinction d'Athenée qui n'en admet que de deux fortes, qui fe reduifent aux grands & aux petits Trepieds, je les divife en trois efpeces. Je mets dans la premiere, ceux qui fervoient à la Pythie lorfqu'elle rendoit les Oracles d'Apollon dans le Temple de Delphes. Comme l'exhalaison. qui lui infpiroit l'avenir fortoit d'une caverne, ainfi que nous le dirons dans l'Hiftoire des Oracles & qu'on pouvoit y tomber en s'en approchant de trop près, ce qui étoit arrivé quelquefois, on inventa une machine fou→ tenuë fur trois pieds qui pofoient fur le roc, & la Prêtresse s'y affeioit, pour recevoir commodément & fans danger l'exhalaifon de la caverne. C'est cette forte de Trepieds dont il eft tant parlé dans l'Hiftoire ancienne. La feconde efpece comprend tout ce qui étoit appuyé fur trois pieds, vases tables, ou quelque autre chofe que ce fût; & de ceux-ci il y en avoit un grand nombre. Je mets dans la troifiéme les Trepieds votifs, que des Princes ou des Particuliers confa

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croient dans les Temples d'Apollon. Herodote (1) parle d'un (1) Liv. Trepied d'or, que les Grecs victorieux des Perfes envoyerent à Delphes: Dans le partage qu'ils firent des dépouilles des ennemis, dit cet Auteur, ils mirent l'argent à part, en prirent un dixiéme, pour le Dieu qu'on honoroit à Delphes;& ils firent de cette portion un Trepied d'or qu'ils lui confacrerent, & qu'on voit encore fur un Serpent d'airain à trois têtes. Il paroît par ces dernieres paroles, que ce Trepied d'or étoit foutenu fur un autre espece de Trepied reprefenté par les trois têtes d'un ferpent; ce qui eft confirmé par Paufanias, qui dit (2), (2) in Phoc. que le Trepied d'or donné par les Grecs, après la bataille de Platée, étoit foutenu par un dragon d'airain.

On ne s'attend pas que je mette dans aucune de ces espeees de Trepieds, ceux dont parle Homere, qui alloient tous feuls à l'affemblée des Dieux: fiction poëtique par laquelle il a voulu nous faire comprendre l'excellence des ouvrages de

Vulcain.

Rien n'eft plus commun dans les cabinets des Curieux, & dans les ouvrages des Antiquaires que les Trepieds, on y en trouve de toutes fortes de figures, & même d'affez finguliers La plupart font d'airain ou de bronze.

CHAPITRE X I I.

Des Prêtres, & des autres Miniftres dès Sacrifices

A

PRE's avoir parlé des Sacrifices, des Victimes, & des Inftrumens dont on fe fervoit pour les immoler, il faut maintenant dire quelque chofe des Prêtres & des Miniftres. Comme il n'y a point de Nation, quelque fauvage qu'elle foit, qui n'ait quelque Religion, il n'en eft aucune auffi qui n'ait des Miniftres pour y prefider; mais nous ne parlerons gueres dans ce Chapitre, que de ceux des Grecs & des Romains. Le nom general que les premiers de ces deux Peuples donnoient à leurs Prêtres, étoit celui de ''s, quoiqu'ils differaffent entre eux par des noms & par des fonctions particulieres. Pour en parler avec quelqu'ordre, nous prendrons

Prêtres des Grecs.

pour guide l'illuftre M. Potter qui a fait un excellent Ouvrage fur l'Archeologie Grecque.

Je crois d'abord, comme je l'ai déja infinué, qu'anciennement le Sacerdoce appartenoit aux Chefs de famille ; du moins avoient-ils la liberté de facrifier, quoiqu'il y eûr des Prêtres d'office : c'eft ainfi qu'au fiege de Troye, pendant que Chrysès & d'autres encore étoient Prêtres, nous voyons dans Homere que les Rois, les Princes, & les Chefs de l'armée, ne laiffoient pas d'offrir des Sacrifices.

Lorfqu'il s'agiffoit de choisir un Prêtre, on examinoit fa vie, fes mœurs, & même les qualités corporelles, & il falloit qu'il fût exempt des défauts qui choquent; à peu près comme nous voyons que dans l'Ecriture Sainte les borgnes, les boiteux, les boffus, &c. étoient exclus du Sacerdoce. Les Atheniens demandoient même dans les Miniftres de la Religion, une vie chafte & pure, & on fçait que leurs Hierophantes fe fervoient de quelques herbes froides, comme de la cigue, pour devenir continens. Generalement il étoit permis aux Prêtres de fe marier; fouvent les fecondes noces leur étoient interdites, quoique l'Hiftoire nous apprenne que cette regle n'a pas toujours été exactement observée.

Les Grecs & les Romains avoient une Hierarchie; des Souverains Pontifes, des Prêtres, & des Miniftres fubalternes qui les fervoient dans leurs fonctions; mais comme les Grecs étoient divifés en plufieurs Etats independants les uns des autres, cetre Herarchie n'étoit pas par-tout uniforme. Il y avoit même des Villes, comme Argos & quelques autres, où les femmes prefidoient à la Religion. Rien n'eft plus celebre que ces Prêtreffes d'Argos, puifque leur Sacerdoce fervoit d'époque dans les evenemens publics. Les noms de la plupart de ces Prêtreffes n'étoient plus connus, lorfque M. Fourmont le jeune trouva, pendant fon voyage de la Grece, une Infcription fort étendue qui en contient un ample catalogue, & dont il fe difpofe à donner l'hiftoire. Minerve Poliade, la Patrone d'Athenes, avoit une Prêtreffe pour prefider à fon culte, & Plutarque, dans fes morales, nomme une Lyfimaque qui exerçoit cette fonction. Les Pedafiens (1) In Clio. felon Herodote (1), avoient auffi pour leur Minerve une

Prêtreffe. Il y en avoit auffi une à Catane pour Cerès, à
Clazomene pour Pallas, &c.

A Delphes il y avoit cinq Princes des Prêtres, & avec eux des Prophetes qui prononçoient les Oracles. A Opunte deux Souverains Pontifes feulement, dont l'un prefidoit aux culte des Dieux celeftes, qu'on nommoit Ouranius; l'autre aux Dieux terreftres & infernaux, & ce dernier étoit appellé Catacthonien.

Le Sacerdoce de Syracufe, lequel, felon Ciceron (1), (1) in Verr. 48 étoit d'une très-grande confidération, ne duroit qu'un an. Les Hierophantes étoient des Prêtres très-celebres à Athenes: leur nom vient de deux mots Grecs ips, facré, & qui, je parois. Selon Apollodore, c'étoit lui qui étoit prépofé pour enfeigner les chofes facrées & les myfteres à ceux qui vouloient être initiés; ce qui, avec le nom d'Hierophante, lui avoit auffi fait donner le nom de Prophete. Ce Miniftre avoit fous lui d'autres Officiers qui l'aidoient dans cette fonction & dans les autres; on les nommoit Exegetes, & quelquefois, Prophetes. Il ornoit auffi les Statues des Dieux, & les portoit dans les ceremonies publiques. Leurs femmes fe mêloient auffi du culte divin, & étoient nommées Hierophantides. Ce Prêtre avoit encore le foin du culte de Cerès & de fes

myfteres. On peut confulter pour tous ces articles les Notes

de Saumaife fur Solin.

Comme les Hierophantes & leurs femmes étoient deftinés au culte de la Déeffe Hecate & de Cerès, les Orgiophantes, & les femmes nommées Orgiaftes, prefidoient aux Orgies; & le Daduque ou Lampadophore aux Fêtes nommées Daduquies, dont nous parlerons dans l'article des Fêtes des Grecs.

(2) Ch. 1.

Si nous en croyons Pollux (2), il y avoit feize fortes de Miniftres des Temples; les Prêtres ; les Garde-Temples ou art. 16. Bedeaux ; ceux qui avoient foin des chofes facrées; les Prophetes, les Hypoprophetes, ou les Subdelegués des Prophetes, qui publioient l'Oracle; les Sacrificateurs, ceux qui initioient, les Adminiftrateurs des chofes facrées, les Purifica teurs, les Devins ou Infpirés, les Sortilegues, ceux qui raffembloient les difcours de bonne avanture, les Chrefmothetes,

(1) loc. cit.

Le P. de Montfaucon (1) explique la plupart des Sacrifices qu'on trouve encore reprefentés fur des marbres, & fur des bas-relifs; ce qui me difpenfe d'en parler ici, d'autant plus que fes explications fuppofent les figures qu'on doit avoir devant les yeux ; mais comme parmi le grand nombre de ces Sacrifices, il y en avoit de plus folemnels que les autres, tels que font l'Hecatombe, le Taurobole, le Criobole, & quelques autres, je crois qu'on attend de moi que j'en donne ici un détail abregé.

Hecatombes Dans les grandes victoires, ou dans le temps de quelque calamité publique, on immoloit quelquefois dans le même Sacrifice, jufqu'à cent boeufs, ou cent autres animaux ; c'est ce qu'on appelloit Hecatombe : quelquefois jufqu'à mille, ce qui étoit très-rare, & c'eft ce qu'on nommoit Chiliombe.

(2) in Balb.

Capitolin (2) parlant de l'Hecatombe qui fut offerte par l'Empereur Balbin, après la defaite de Maximin, nous apprend en même temps de quelle maniere s'offroit cette forte de Sacrifice. » On dreffe en un lieu marqué cent Autels de gazon, & on immole cent moutons & cent cochons ; fi » le Sacrifice eft Imperial, on immole cent lions, cent aigles, & cent autres animaux. Les Grecs, ajoute cet Au»teur, faifoient la même chofe lorfqu'ils étoient affligés de

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la pefte.» Athenée ajoûte qu'on en ufoit de même après des victoires fignalées, & cite pour cela l'exemple de Conon, Capitaine Lacedemonien, qui offrit, dit-il, une vraie Hecatombe. Par ce mot de vraie Hecatombe, l'Auteur nous fait entendre que ce General fit immoler veritablement cent boucs, car quelquefois on donnoit ce nom à des Sacrifices où les cent animaux étoient d'une autre efpece. Par le paffage de Capitolin, on peut refuter l'erreur de ceux qui foutiennent que l'Hecatombe étoit ainsi nommée, à cause des cent bœufs ou taureaux qu'on y immoloit. Hefychius & plufieurs autres Auteurs, confirment ce que dit Capitolin, qu'on facrifioit dans les Hecatombes, d'autres animaux que des bœufs. Au refte ce Sacrifice étoit très-ancien, puifqu'il en eft fait men(3) Od. L. 1. tion dans Homere (3), qui dit que Neptune alla en Ethyopie recevoir le Sacrifice des Hecatombes de taureaux & d'agneaux. On fçait que Pythagore offrit une Hecatombe, pour

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