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Nexram.

le Confulat de Drufus, la feconde année de Tibere, & qui prend la qualité de Prêtre dans l'Infcription dont nous venons de parler; & fi nous en croyons Spon, le même Drufus étoit en même-temps Conful, Archonte & Prêtre. L'origine du Sacerdoce des Archontes, felon Demofthene (1), vint de ce (1) Orat. ad qu'anciennement les Rois & les Reines d'Athenes étoient les Souverains Pontifes. La Royauté ayant été abolie, on continua de choisir un Roi & une Reine, pour préfider aux chofes facrées, ce qui enfuite paffa aux Archontes, & à leurs femmes. Les Epimeletes fervoient le Roi dans les chofes facrées, & des femmes nommées Gereres, affiftoient la Reine; au nombre de quatorze. Le Ceryce la fervoit auffi dans les myfteres les plus fecrets de la Religion.

Independamment de tous ces Miniftres, il y avoit auffi un Pontife, ou plutôt un Archiprêtre apps, qui préfidoit aux chofes facrées. Quelquefois il ne l'étoit que d'une ville; quelquefois de toute une Province. Il avoit auffi fouvent cette qualité, à vie; quelquefois pour cinq ans. Comme il y avoit des Archiprêtres, on trouve auffi des Archiprêtreffes; car parmi les Grecs, les femmes étoient auffi fouvent que les hommes, admifes aux Minifteres facrés. Ces Archiprêtreffes étoient les Superieures des Prêtreffes, & étoient choifies dans les meilleures maisons. De toutes les Prêtreffes des Payens, la plus céle bre étoit la Pythie, mais nous en parlerons ailleurs.

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A

Les Neocores avoient des emplois qui répondoient à ceux de nos Sacriftains : ils devoient en effet avoir foin d'orner les Temples, & de tenir propres les vafes & les uftenciles qui fervoient dans les ceremonies de Religion. Theodoret (2) eft le feul qui parle de deux autres fonctions des Neocores. L'une de fe tenir à la porte des Temples pour jetter de l'eau luftrale fur ceux qui y venoient, afin de les purifier. L'autre de jettet de la même eau fur les viandes fervies à la table des Empereurs. Julien l'Apoftat, dit cet Auteur, alloit dans le Temple du Génie public de la Ville d'Antioche; & les Neocores, debout des deux côtés de la porte du Temple, jettoient de l'eau luftrale fur ceux qui entroient, prétendant par-là les justifier.

Le même Auteur nous apprend la feconde fonction dont
Tome 1.
LI

(2) Liv. 3.

C. 16.

on a parlé, dans l'hiftoire que je vais raconter: c'est à l'occafion d'un jeune Neocore qui fe faifoit inftruire dans la Religion Chrétienne, mais qui ne put refufer d'accompagner le même Empereur dans un feftin, où il devoit faire la fonction de benir avec l'eau luftrale les viandes qu'on fervoit dans le repas. Sur quoi Theodoret remarque, que quoique la fête que donnoit Julien dans le Faubourg de Daphné, aux habitans d'Antioche, dura plufieurs jours, le jeune Neocore, qui étoit debout auprès de cet Empereur, aprés avoir jetté l'eau luftrale fur les viandes, fe retira fecretement, & ne parut plus aux feftins des jours fuivans. Cet office devint très-considerable; car les Neocores, qui d'abord n'étoient chargés que d'emplois ferviles, furent dans la fuite des Miniftres fuperieurs, des fouverains Pontifes, qui facrifioient pour le falut de l'Empereur. On trouve fur les medailles, où le nom de Neocore eft fouvent employé, celui de Prytane qui leur étoit accordé quelquefois, avec celui d'Afgonothete, ou Distributeur des prix dans les Jeux publics. Les Villes mêmes, & celle d'Ephese fut la premiere, felon Van-Dale, prirent le nom de Neocores; furquoi on peut confulter Vaillant, & les autres Antiquaires.

Avant que de parler du Sacerdoce des Romains, je dois dire quelque chofe des trois fortes de Prêtres, qui leur étoient communs avec les Grecs. Les premiers étoient ceux de Cybe le, les feconds ceux de Mithras, les troifiémes ceux des Orgies, ou des myfteres de Bacchus.

Rien n'eft plus célebre dans l'Antiquité, & en même-temps plus méprifable que les Prêtres de Cybele, qu'on nommoit Galles, ou Archigalles, d'un fleuve de Phrygie, appellé Gallus. Van-Dale regarde ces Galles, & avec raifon, comme des coureurs, des bandits & des charlatans, qui alloient de ville en ville, jouant des cymbales & des crotales, portant fur leur fein de petites images de la mere des Dieux, pour ramasser quelques aumônes; gens de la lie du peuple, felon Apulée; des fanatiques, des furieux, & d'une débauche infame. On convient avec ce fçavant Auteur, du portrait qu'il fait de ces Miniftres; mais on ne fçauroit être de fon avis, lorsqu'il dit que quoiqu'ils fuffent confacrés au fervice de Cybele, ils n'avoient pas la qualité de Prêtres, puifque leur Sacerdoce eft

une chofe inconteftable. Pline, Apulée & Suidas, difent formellement qu'ils étoient Prêtres, & leur donnent ce titre; & Lucien (1) qui décrit la ceremonie de leur initiation, ne laisse (1) De Dea aucun lieu d'en douter.

Syria.

On ne fera pas étonné de voir dans Clement d'Alexandrie, dans Lactance, dans S. Jean Chryfoftome & dans S. Augustin, le portrait qu'ils font de ces malheureux Prêtres, puifque les Auteurs profanes ont eu un égal mépris pour eux. Cependant la Loi avoit pourvû à leur fubfiftance, puifque felon Ciceron (2), elle marquoit les jours où il leur étoit permis de demander l'aumône, & pendant lefquels il étoit défendu à toute autre perfonne de mendier: Præter Idea matris famulos, eofque juftis diebus, ne quis ftipem cogito. Cette quête, autorifée par la Loi, fe faifoit apparemment chaque mois, puifqu'on avoit donné à ces Prêtres lenom de Menagyrtes & Metragyrtes; parce que c'étoit pour la mere des Dieux qu'ils recueilloient ces aumônes. On avoit ajouté à ces noms, par derifion, celui d'Agidies, comme qui diroit, faifeurs de tours de paffe-paffe, pour avoir de l'argent, joueurs de gobelets. Clement d'Alexandie ajoute aux qualifications qu'il donne à ces Galles, celle de Prestigiateur & de Devin, parce qu'ils fe mêloient en effet de prédire l'avenir. Ils étoient toujours accompagnés de vieilles femmes qui paffoient pour des forcieres. Plutarque (3) qui parle des (3) Dans fes vers qu'ils chantoient, dit qu'ils avoient rendu la Poelie des morales. 407. Oracles fi méprifable, qu'ils avoient fait tomber les vrais Oracles du Trepié; c'eft-à-dire, de Delphes. Ce même Auteur ajoute qu'ils rendoient leurs Oracles fur le champ, ou qu'ils les tiroient au fort dans certains Livres qu'ils portoient avec eux, & vendoient leurs miserables prédictions à des femmelettes, qui étoient charmées de la cadence de leurs vers.

A ce portrait des Galles nous devons ajouter ce que Lucien (4) nous apprend de la grande fêre qui fe celebroit en (4) loco cit. Syrie, & de la fureur où jettoit l'initiation de ces miferables Miniftres. A cette fête, dit-il, fe rendent quantité de Galles qui celebrent leurs myfteres. Ils fe tailladent les coudes, & fe donnent mutuellement des coups de fouet fur le dos. La pe qui les environne, joue de la flûte & du tympanon, pendant que d'autres faifis d'un enthousiasme divin, chantent

(2) Liv. 2°

de Leg.

des chanfons qu'ils font fur le champ. C'eft ce jour-là, ajoute Lucien, qu'on fait des Galles. Comme le fon de la flûte inf pire aux affiftans une efpece de fureur, le jeune homme qui doit être initié, jette ses habits, & faisant de grands cris, vient au milieu de la troupe, qui eft hors du Temple, degaîne fon épée, & fe fait Eunuque lui-même; puis courant par la ville, tenant à la main les marques de fa mutilation, il les jette dans une maison, où il prend l'habit de femme. Cette mutilation fe faifoit ailleurs, felon Pline, avec les fragmens d'un terre de Samos, & étoit par conféquent, & plus longue & plus douleureufe.

pot de

On fçait que c'étoit en l'honneur d'Atys, favori de Cybele, que se commettoit cette barbarie, dont il avoit lui-même donné l'exemple: mais tirons le rideau fur ces infamies, & disons un mot feulement du Grand-Prêtre de cette miferable trou pe. Ce Chef fe nommoit l'Archigalle, & étoit ordinairement d'une famille confiderable; du moins lifons-nous dans Gruter une Infcription de l'Archigalle Camerius Crefcens, qui avoit à fa fuite un grand nombre d'Efclaves & d'Affranchis. On trouve dans le premier Tome de l'Antiquité expliquée, la figure d'un Archigalle avec une longue tunique qui defcend jufqu'à terre, & pardeffus, un grand manteau retrouffé, avec un collier qui lui defcend fur la poitrine, fur laquelle font repréfentées, dans deux Medaillons, deux têtes d'Atys, fans barbe, avec le bonnet Phrygien: plus bas fe voit le frontifpice d'un Temple, à l'entrée duquel paroît la Déeffe Cybele, reconnoiffable aux tours & aux creneaux qu'elle porte fur la tête. Jupiter & Mercure qui font à côté d'elle, marquent qu'elle étoit la mere des Dieux. Cette figure, à laquelle il manque la tête, & qui appartenoit autrefois à M. Baudelot, eft,je crois, prefentement en Angleterre.

Outre ces Galles & ces Archigalles, Cybele avoit encore d'autres Prêtres qui n'étoient pas mutilés, & des Prêtreffes, dont on trouve les noms dans Gruter. On connoît parmi ces Prêtreffes une Dame, nommée Laberia Falicla, qui étoit la fouveraine Prêtreffe de la mere des Dieux; c'est-à-dire, qui préfidoit aux autres, comme l'Archigalle prefidoit aux Galles.

Nous devons remarquer, que tous les Prêtres & Prêtreffes

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de la mere des Dieux, établis d'abord dans la Phrygie, s'é-
toient enfuite repandus dans la Grece, & dans l'Empire Ro
main, dès le temps-même de la Republique.

Je dirai peu de chofes des Prêtres de Mithras, dont le culte
fut porté à Rome, fi nous en croyons Plutarque, du temps
de Pompée, & plus tard, felon Van-Dale, parce que j'en par-
lerai au long dans l'hiftoire de ce Dieu (a). Il fuffit de fçavoir
pour le prefent, que Mithras avoit un Miniftre qui fe nom-
moit le Pere des myfteres facrés; Pater facrorum, & des Prê-
treffes qu'on appelloit, Matres facrorum ; que ces Prêtres étoient
furnommés Lions, & les Prétreffes Hyenes, felon Porphyre:
de-là étoient appellés Leontiques, les myfteres Mithriaques,
& Patriques, à caufe des Peres qui y présidoient ; que
d'autres
Miniftres de ce Dieu étoient nommés Coraces, les corbeaux
ou Hierocoraces, corbeaux facrés; ou Heliaques, à caufe du
Soleil que Mithras représentoit. Enfin, que ceux qui vouloient
étre initiés aux myfteres de ce Dieu, devoient paffer par des
expiations auffi longues, que douleureuses, comme nous le
dirons en fon lieu.

Enfin, comme les Grecs & les Romains célebroient égale ment les grands myfteres de Bacchus, ou les Orgies, je dois mettre dans cette claffe commune, les Prêtres & les Prêtreffes qui y préfidoient; mais comme il en fera queftion dans l'histoire de ces myfteres, je me contenterai de dire ici que ces Miniftres portoient differens noms, puifqu'on trouve dans les Anciens, que les Bacchantes étoient appellées Baccha, Menades, Baffarides, Thyades, Mimallonides, Edonides, Elyades, Eleides; tous noms tirés ou de leur maniere de crier, ou de leur fureur. Mais il eft temps de parler des Prêtres des Ro

mains.

Romains.

La Ville de Rome n'ayant été d'abord qu'un affemblage de Prêtres des bandits & de fugitifs, que Romulus avoit ramaffés, ce Prince fongea peu à la Religion; & cette Religion, empruntée des Albains & de quelques autres Peuples voifins, fut dans ces premiers temps très-fimple & très-unie. Des Temples & des Chapelles fans ornemens & fans Statues; car felon Plutarqué il fe paffa 171. ans fans qu'on y en vît aucune; des Sacrifices (a) Voyez l'Article des Divinités des Perfes..

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