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offerts fans appareil, faifoient tout le ceremonial de cette Ville naiffante. Nous trouvons cependant dans Denys d'Hali(1) Liv. 2. carnaffe (1), que Romulus ayant divifé Rome en trente Curies, il avoit établi deux Prêtres pour chacune; ce qui faifoit en tout, foixante.

Numa Pompilius, plus appliqué aux affaires de la Religion qu'à celles de la guerre, fit plufieurs changemens dans la Hierarchie Romaine, ainfi que quelques-uns de fes Successeurs ; comme on peut le voir dans Tite-Live, dans Denys d'Halicarnaffe, & dans Dion. Voici ce qu'on en peut dire de plus affûré. Les Prêtres établis par Romulus, devoient avoir au moins 50. ans, être diftingués par leurs moeurs, par leur naiffance, & avoir de quoi s'entretenir honorablement, & être fans aucun défaut corporel : tant il eft vrai que même dans les Religions les plus groffieres, on a toujours obfervé de n'admettre pour Miniftres, & de n'offrir pour Victimes, que ce qu'il y avoit de plus parfait, & de plus propre à honorer la Divinité. Comme dans le miniftere de ces Prêtres, il y avoit des chofes qui ne pouvoient être exercées que par des perfonnes du fexe, & d'autres où il falloit en être aidé, c'étoient les femmes mêmes & les enfans de ces Prêtres, qui étoient chargés de ces fonctions. D'abord les feuls Patrices exerçoient le Sacerdoce, mais le Peuple piqué de cette preference, eut le credit de partager le Sacerdoce avec le Senat, & même de fe faire transferer, fous le Tribunat de Cn. Domitius, le privilege qui étoit auparavant refervé au College des Patrices, d'élire les Prêtres ; ce qui fut encore changé une fois, & il fut établi que le College éliroit, & que le Peuple confirmeroit l'élection. Enfin, après quelques autres variations, qu'il feroit inutile de rapporter, les Empereurs s'arrogerent le droit d'élire les Prêtres, & devinrent eux-mêmes les Souverains Pontifes; ce qui commença à Jules Cefar. Lorfque l'élection des Prêtres, faite par le College qui avoit ce droit, étoit confirmée par le Peuple, on procedoit à l'inauguration, qui étoit comme une prife de poffeffion, faite avec ceremonie, & qui fe terminoit par un repas que donnoient les nouveaux Prêtres. Dès ce moment ils prenoient la Toge, qui fe nommoit Toga pretexta, & l'ornement de tête, appellé

Apex, Galerus, Albo-Galerus, & qui confiftoit en une espece de bonnet blanc, furmonté fouvent d'une couronne.

Les Prêtres dans Rome jouiffoient de plufieurs privileges, & ils pouvoient affifter au Senat; mais ce droit leur fut ôté dans la fuite (1). Ils étoient exempts des Charges onereufes (1) Tite-Live de l'Etat, & difpenfés d'aller à la guerre. On portoit ordi- Dec. 3. 17. nairement devant eux un flambeau & une branche de laurier; & il leur étoit permis de monter au Capitole fur un char, qu'on appelloit Carpentum. Il y avoit des Prêtres dont le Sacerdoce étoit à vie, d'autres qu'on deftituoit; mais les Augures ne pouvoient l'être, pour quelque caufe que ce fût. Chaqu'ordre de Prêtre avoit fon College particulier, & des appointemens pour les Sacrifices. Comme dans les Provinces les Prêtres étoient obligés de fournir à la dépense des Jeux publics, & que dès-là le Sacerdoce leur étoit fouvent à charge, on ne contraignoit perfonne à l'accepter.

bre

Dans l'ordre de la Hierarchie Romaine, les Pontifes étoient les premiers. D'abord il n'y en eut que quatre; mais ce nomayant été augmenté dans la fuite, on les diftingua en Pontifes majeurs, & en Pontifes mineurs ; les uns & les autres foumis au Souverain Pontife, dont l'autorité étoit fi grande, que les Empereurs ne crurent pas cette charge indigne d'eux, comme je viens de le dire. Maître de toutes les ceremonies de la Religion, & du premier College, le Souverain Pontife étoit extrêmement refpecté : fon_chariot, nommé Thenfa, étoit different de celui des autres Prêtres, ainsi que fon habillement & le reste de fon équipage. Il ne lui étoit pas permis de fortir d'Italie; comme c'étoit une efpece de profanation pour lui de voir un corps mort, lorfqu'il affiftoit aux funerailles on mettoit un voile entre lui & le cercueil du défunt : c'eft Seneque qui nous apprend cette particularité, plus inftruit en cela que Dion, lequel parlant de la Pompe funebre d'Agrippa, à laquelle Augufte, Souverain Pontife, affifta, dit qu'il ne fçait pas la raifon pour laquelle on avoit mis un voile entre cet Empereur & le cercueil, & que c'eft une erreur de croire qu'il n'eft pas permis au Souverain Pontife de voir un mort.

On m'objectera peut-être que Cefar étant Souverain Pontife alla faire la guerre dans les Gaules, & qu'ainfi j'ai tort de dire

(1) Noc. Att. L. 10. c. 15.

qu'il n'étoit pas permis à celui qui poffedcit cette Charge de fortir d'Italie. Mais on peut répondre 1°. qu'il y a des occasions, où les Loix, qui n'ont pas tout prévû, ne font point obfervées. 2°. Que l'exemple de Cefar ne prouve rien, puifqu'il ne les refpectoit, qu'autant qu'elles flattoient fon ambition. Après le Souverain Pontife venoient les Flamines, qui n'étoient d'abord que trois, établis, felon Plutarque, par Romulus, ou plûtôt fuivant Tite-Live, par Numa Pompilius; le Flamen Dialis, ou de Jupiter, le Martialis, de Mars, & le Quirinalis, de Quirinus. C'étoit le Peuple qui les élifoit, & le Souverain Pontife en confirmoit l'élection. Comme ces trois Flamines étoient en une grande confideration, & qu'ils jouiffoient de plufieurs privileges, quoiqu'ils ne fuffent pas de l'ordre des Pontifes, ils prenoient place parmi eux dans les affaires de confequence. Cet ordre fut augmenté dans la suite, & il y eut jufqu'à quinze Flamines, dont trois étoient tirés du rang des Senateurs, & étoient nommés Flamines majeurs, & les douze autres, appellés Flamines mineurs, étoient pris parmi le Peuple. Chaque Flamine étoit destiné au culte particulier d'une Divinité, & fon Sacerdoce étoit à vie; quoiqu'il pût en être déposé pour des choses graves, ce qui s'exprimoit par ces mots, Flaminio abire, quitter le Sacerdoce.

Comme Jupiter étoit parmi les Romains le plus grand des Dieux, fon Prêtre étoit auffi le plus confideré; mais en même temps il étoit foumis à des pratiques affez gênantes: fuivant Aulu-Gelle (1), il ne lui étoit pas permis d'aller à cheval; de voir une Armée hors de la ville, rangée en bataille; de jurer; & il ne pouvoit porter qu'une forte d'anneau, percé d'une certaine maniere. Il étoit défendu d'emporter du feu de chez lui, hors le feu facré; & il falloit un homme de condition libre, pour lui couper les cheveux. Affis à la premiere place dans les feftins, il ne la cedoit qu'à celui qui étoit nommé le Roi Sacrificateur. Il lui étoit défendu de faire divorce avec fa femme, de fortir fans fon Bonnet Sacerdotal, d'entrer dans une maison où il y avoit un mort, encore plus de toucher un cadavre, &c. Varron ajoûte que le Flamen Dialis étoit le feul qui pût porter le Bonnet blanc, l'Albo-Galerus, dont nous avons parlé. Les privileges des deux autres Flamines majeurs

étoient

étoient auffi fort étendus, quoique moindres, & il falloit furtout qu'ils fuffent de famille Patricienne.

Les Flamines mineurs, pris parmi le Peuple, étoient moins confiderés, & le nombre n'en à pas toujours été fixé à douze. Il fuffit de les nommer pour connoître leurs fonctions. Le Flamine Carmentalis étoit Prêtre de la Déeffe Carmenta. Le Falace étoit ainfi appellé d'un ancien Dieu de ce nom. Floralis, de la Déeffe Flora ; Furinalis, de Furina, de laquelle Varron fait mention. Laurentalis, d'Acca Laurentia; Lucinalis, de Lucine; Palatinalis, de la Déeffe Palatina, la protectrice du Palatium; Pomonalis, de Pomone; Virbialis, de Virbius, ou Hippolite; Volcanalis, de Vulcain; Volturnalis, du Dieu du fleuve Vulturne. Les Empereurs dont on avoit fait l'Apotheofe, avoient auffi leurs Flamines. Ainsi on trouve dans les Infcriptions un Prêtre d'Augufte, Flamen Auguftalis; un Prêtre de Cefar, Flamen Cafaris ; & Marc-Antoine voulut bien par flaterie prendre cette dignité; un Prêtre de l'Empereur Claude, Flamen Claudii; un d'Hadrien, Flamen Hadrianalis. Enfin il y avoit un Flamine qui apparemment fe mêloit du culte de tous les Dieux, & qui étoit nommé Flamen Divorum omnium, le Prêtre de tous les Dieux; ce qui étoit pourtant contre les anciennes conftitutions (a). Feftus prétend que les femmes des Flamines Diales, ou de Jupiter, étoient des Prêtreffes & fe nommoient Flaminiques, & felon Aulu-Gelle, elles jouiffoient des mêmes privileges que leurs maris, & les mêmes chofes leur étoient défenduës (b).

Le Roi Sacrificateur, nommé Rex Sacrificulus, fut établi après qu'on eut chaffé les Rois de Rome, pour conferver, dit Denys d'Halicarnaffe (1), le fouvenir des grands biens (1) Liv. xộ qu'avoient fait à Rome quelques-uns de leurs Rois. On ordonna que les Pontifes & les Augures defigneroient un des plus anciens, pour avoir foin du culte divin; mais de peur que le nom de Roi ne fût encore fufpect, on établit en même temps que le Roi Sacrificateur feroit foumis au Souverain Pontife,

(a) Tous ces noms font tirés de Feftus & de plufieurs autres Anciens, ou des Infcriptions dont la plupart fe trouvent dans Gruter.

(b) Eadem fermè ceremonia funt, quas Flaminicas Diales feorfim aiunt observic sare. Aulu-G. L. cit.

On lui donnoit auffi le nom de Rex Sacrorum, & à fa femme

(1) Satur.I.1. celui de Regina Sacrorum. Macrobe (1), qui l'appelle le Pontife mineur, dit qu'il facrifioit à Junon dans la Curie Calabra, ainfi que fa femme qui immoloit à cette Déeffe une Truye ou un Agneau femelle.

J'ai dit qu'il y avoit à Rome, comme en Grece, des familles Sacerdotales: telle étoit dans cette Ville la famille des Potitiens & celle des Pinariens, pour le culte d'Hercule, & ce Sacerdoce y dura long-temps. L'origine en remontoit au temps d'Evandre, & en voici l'hiftoire. Hercule étant chez ce Prince, Arcadien d'origine, mais établi en Italie, lui prefcrivit la maniere dont il vouloit être honoré, & chargea de ce foin deux vieillards, dont l'un fe nommoit Potitius, & l'autre Pinarius. Dans le premier Sacrifice qui lui fut offert le foir, (Denys d'Halicarnaffe dit que cela arriva au Sacrifice du matin ) Potitius arriva le premier, & Pinarius ne vint que lorfque la ceremonie étoit prefque achevée; ce qui engagea Hercule à le punir de fa lenteur, en ordonnant que dans la fuite les Pinariens ne feroient que les Miniftres des Potitiens: ce qui fut exactement obfervé jufqu'à l'an 461. de Rome, que ce Sacerdoce fut aboli.

On voit bien que cette fable eft fondée fur ce que le culte d'Hercule ayant été porté en Italie par Evandre, on établit les Potitiens & les Pinariens pour en avoir foin, avec la dependance dont nous venons de parler.

A toutes ces fortes de Miniftres on doit joindre encore les (3) Epulones. Epulons (2), qui exerçoient le Sacerdoce parmi les Romains. Les Pontifes ne pouvant vaquer à tous les Sacrifices qui se faifoient à Rome, pour le nombre infini de Dieux qui y étoient honorés, inftituerent trois Miniftres qu'ils appellerent Epulons, Triumviri Epulonum, parce que leur fonction confiftoit à préparer les feftins facrés dans les Jeux folemnels, comme nous l'apprenons de Feftus (a), & à dreffer les lits fur lesquels on fe plaçoit pour manger. Ces feftins qui n'étoient que pour les Dieux, & fur-tout pour Jupiter, s'appelloient les Lectifter【3) Liv. 33. nes (3), comme nous le dirons dans l'article des Fêtes. Les (a) Epulonos 'dicebant Antiqui, quos nunc Epulones dicimus, datum autem eft his nomen, quod epulas indicendi Jovi, cæterifque Diis poteftatem haberent.

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