étoient ausli fort étendus, quoique moindres, & il falloit sur tout qu'ils fussent de famille Patricienne. Les Flamines mineurs, pris parmi le Peuple, étoient moins considerés , & le nombre n'en a pas toujours été fixé à douze. Il suffit de les nommer pour connoître leurs fonctions. Le Flamine Carmentalis étoit Prêtre de la Déesse Carmenta. Le Falace étoit ainsi appellé d'un ancien Dieu de ce nom. Floralis, de la Déesse Flora ; Furinalis, de Furina, de laquelle Varron fait mention. Laurentalis , d'Acca Laurentia ; Lucinalis, de Lucine ; Palatinalis, de la Déesse Palatina, la protectrice du Palatium ; Pomonalis, de Pomone; Virbialis, de Virbius , ou Hippolite ; Volcanalis, de Vulcain; Volturnalis , du Dieu du fleuve Vulturne. Les Empereurs dont on avoit fait l’Apotheose, avoient aussi leurs Flamines. Ainsi on trouve dans les Inscriptions un Prêtre d'Auguste, Flamen Augustalis ; un Prêtre de Cesar , Flamen Cæfaris; & Marc-Antoine voulut bien par flaterie prendre cette dignité ; un Prêtre de l'Empereur Claude, Flamen Claudii ; un d'Hadrien, Flamen Hadrianalis. Enfin il у avoit un Flamine qui apparemment se mêloit du culte de tous les Dieux, & qui étoit nommé Flamen Divorum omnium, le Prêtre de tous les Dieux; ce qui étoit pourtant contre les anciennes constitutions (a). Feftus prétend que les femmes des Flamines Diales , ou de Jupiter , étoient des Prêtresses & se nommoient Flaminiques , & selon Aulu-Gelle, elles jouissoient des mêmes privileges que leurs maris, & les mêmes choses leur étoient défenduës (b). Le Roi Şacrificateur , nommé Rex Sacrificulus , fut établi après qu’on eut chassé les Rois de Rome , pour conserver, dit Denys d'Halicarnasse (1), le souvenir des grands biens (1) Liv, s, qu'avoient fait à Rome quelques-uns de leurs Rois. On ordonna que les Pontifes & les Augures designeroient un des plus anciens , pour avoir soin du culte divin; mais de peur que le nom de Roi ne fût encore suspect, on établit en même temps que le Roi Sacrificateur seroit foumis au Souverain Pontife, (a) Tous ces noms sont tirés de Feftus & de plusieurs autres Anciens , ou des Inscriptions dont la plupart se trouvent dans Gruter. (b) Eedem fermè ceremonia funt , quas Flaminicas Diales feorfim aiunt obfervio sare. Aulu-G, L. cit. Tome 1. M'm On lui donnoit aussi le nom de Rex Sacrorum, & à fa femme (1) Satur.1.1. celui de Regina Sacrorum. Macrobe (1), qui l'appelle le Pontife mineur, dit qu'il facrifioit à Junon dans la Curie Calabra, ainsi que la femme qui immoloit à cette Déesse une Truye ou un Agneau femelle. J'ai dit qu'il y avoit à Rome, comme en Grece, des familles Sacerdotales : telle étoit dans cette Ville la famille des Potitiens & celle des Pinariens , pour le culte d'Hercule , & ce Sacerdoce y dura long-temps. L'origine en remontoit au temps d'Evandre, & en voici l'histoire. Hercule étant chez ce Prince , Arcadien d'origine , mais établi en Italie, lui prefcrivit la maniere dont il vouloit être honoré, & chargea de ce soin deux vieillards, dont l'un se nommoit Potitius , & l'autre Pinarius. Dans le premier Sacrifice qui lui fut offere le foir, ( Denys d'Halicarnasse dit que cela arriva au Sacrifice du matin ) Potitius arriva le premier , & Pinarius ne vint que lorsque la ceremonie étoit presque achevée; ce qui engagea Hercule à le punir de fa lenteur, en ordonnant que dans la fuite les Pinariens ne seroient que les Ministres des Potitiens: ce qui fut exactement observé jusqu'à l'an 461. de Rome, que ce Sacerdoce fut aboli. On voit bien que cette fable est fondée fur ce que le culte d'Hercule ayant été porté en Italie par Evandre, on établit les Potitiens & les Pinariens pour en avoir foir, avec la dependance dont nous venons de parler. A toutes ces foxtes de Ministres on doit joindre encore les (3) Epulones. Epulons (2), qui exerçoient le Sacerdoce parmi les Romains. Les Pontifes ne pouvant vaquer à tous les Sacrifices qui se faisoient à Rome, pour le nombre infini de Dieux qui y étoient honorés , instituerent trois Ministres qu'ils appellerent Epulons , Triumviri Epulonum, parce que leur fon&tion confiftoit à préparer les festins sacrés dans les Jeux solemnels, comme nous l'apprenons de Feftus (a), & à dresser les lits sur lesquels on se plaçoit pour manger. Ces festins qui n'étoient que pour les Dieux, & sur-tout pour Jupiter , s'appelloient les Lectifter(3) Liv.33. nes (3), comme nous le dirons dans l'article des Fêtes. Les (a) Epulonos 'dicebant Antiqui, quos nunc Epulones dicimus, datum autem eft his nomen , quod epulas indicendi Jovi, cæterisque Diis poteftatem haberent. Epulons avoient le privilege de porter la Robe bordée de Parmi les autres privileges accordés aux Epulons, le plus On connoît par Tite-Live la date de la premiere institution peu de chose presentement des Prêtres établis pour Les Romains avoient encore d'autres ordres de Prêtres & de Prêtresses; comme, les Vestales , dont nous parlerons au long dans l'histoire de la Déesse de laquelle elles avoient pris leur nom: les Sibylles , dont nous ferons un article separé : les Saliens , Prêtres de Mars, dont il sera parlé dans l'histoire و (a) Rome eo primum anno Triumviri Epulones falti, Caiųs Licinius Lucullus , T. de ce Dieu : les Prêtres Arvales, qui sacrifioient pour la fertilité des champs , Arva : les Feciales, qui alloient declarer la guerre, ou resoudre la paix : les Phæbades , qui avoient foin du culte d'Apollon ; & les Basarides , pour celui de Bacchus : les Luperces , pour le Dieu Pan, & quelques autres encore qui étoient destinés au culte de quelques Divinités particulieres; sans parler de plusieurs Ministres fubalternes, qui servoient les Prêtres dans leurs fonctions ; comme les Camilles qui étoient ainsi appellés d'un nom donné à Mercure, parce que ce Dieu étoit le Ministre, ou plûtôt le Serviteur de Jupiter (a). Independamment de ces Ministres, les Grecs & les Romains en avoient d'autres , qui étoient auli destinés au culte des Dieux, tels que les Augures & les Aruspices, dont je parterai dans l'article de la Divination. Pour ce qui concerne les habillemens des differens Prêtres & des autres Ministres dont il a été parlé dans ce Chapitre, je renvoye aux Antiquaires qui les ont fait dessiner fur les monumens. La simple inspection des figures supplée à de longues & souvent inintelligibles explications. Disons ayant que de finir cet article, que chaque ordre de Prêtres, consacrés à quelque Divinité, avoit un College particulier, qui étoit comme la Communauté de laquelle il relevoit , & dans laquelle se faisoient les élections. Ces Colleges portoient le même nom que ces Prêtres : de-là le College des Arvales , pour les Dieux des champs; de Sylvain , pour ceux de ce Dieu ; des Saliens, pour ceux de Mars; celui des Feciales; celui des Luperces, & tant d'autres, dont les noms fe trouvent souvent dans les Histoires, & sur les anciennes Inscriptions. CHAPITRE XIII. Des Fêtes des Grecs d des Romains. & des autres Peuples, avoient un si grand nombre de Fêtes, qu'il seroit bien difficile d'en donner un détail exact; & comme nous avons plusieurs Traités sur cette matiere, il faut commencer par les indiquer. Meursius en a composé un sur les Fêtes des Grecs (1), qui contient six livres: Fælol (1) Græc. dus & Castellanus (2), ont travaillé sur le même sujet , ainsi Feri, (2) De Feltis que le celebre M. Potter , dans son Archeologie Grecque , Græc. Beger , & d'autres encore. Ovide dans ses Fastes, & Rosirs dans ses Antiquités Romaines, nous instruisent suffisamment fur les Fêtes des Romains , & ceux qui veulent étudier ce fujet à fond, peuvent les consulter. Cependant pour ne pas laisser ma Mythologie incomplette, & soulager ceux , ou qui n'ont pas ces Ouvrages, ou qui n'ont pas le temps de les consulter , je vais donner une idée abregée de la plûpart de ces Solemnités. Les plus grandes de toutes étoient les Mysteres ; mais j'en parlerai ailleurs. Les Romains avoient emprunté des Grecs plusieurs de leurs Fêtes, comme ceux-ci en avoient emprunté des Egyptiens & des Pheniciens. Ils en avoient aussi de particulieres; c'est ce que nous aurons soin de remarquer : entrons dans quelque détail . J'espere qu'on me pardonnera la sécheresse de ce Calendrier en faveur de quelques traits d'Histoire, qui ont donné lieu à l'institution de ces Fères. Celles des Grecs étoient en très-grand nombre; parlons des principales. Les Achillées étoient en l'honneur d'Achille. Grecs. Pausanias qui dit (3) qu'elles se celebroient à Braseis, où ce (1) In Lac Heros avoit un Temple, ne nous en apprend aucun détail. Les Attiaques , qu’on celebroit en l'honneur d'Apollon, avoient pris leur nom du Promontoire d'Actium, où étoit un Temple de ce Dieu. On dansoit pendant la celebration de cette Fête, & on tuoit un bouf pour les moûches, qui s'étant raffa: Fêtes des |