Epulons avoient le privilege de porter la Robe bordée de pourpre, comme les Pontifes, ainfi que le dit Tite-Live. Le nombre de ces Miniftres fut augmenté d'abord de deux, puis encore de deux autres, & enfin jufqu'à dix dans le temps que Jules Cefar étoit Pontife. Voila les Triumviri, les Quintumviri, les Septemviri, & les Decemviri Epulonum, dont il est parlé dans l'Hiftoire Romaine. Parmi les autres privileges accordés aux Epulons, le plus confiderable étoit de n'être point obligés de donner leurs filles pour être Vestales, & ils avoient cela de commun avec d'autres Miniftres, ainfi que nous l'apprenons d'Aulu-Gelle (1). Cet (1) L. 1.c.12. Auteur parlant des filles Romaines qui pouvoient s'exempter d'être Vestales, dit: Sed eam, cujus foror ad id Sacrificium lecta fit, excufationem mereri aiunt. Item cujus pater Flamen, aut Augur, aut Quindecimvir Sacris faciendis, aut qui Septemvir Epu lonum, &c. On connoît par Tite-Live la date de la premiere inftitution des Epulons, ce fut l'an 558. de la fondation de Rome, fous le Confulat de Lucius Furius Purpureo, & de M. Claudius Marcellus (a); enforte qu'on eft juftement furpris que Pomponius Lætus dife qu'on ne peut pas découvrir l'époque de cette premiere inftitution (b). Je dirai peu de chose presentement des Prêtres établis pour la garde des Livres Sybillins, me refervant à en parler dans l'article des Sybilles. Tarquin le Superbe ayant acheté ces Livres, inftitua deux Miniftres pour les garder foigneusement: l'an de Rome trois cens quatre-vingt-huit, on en créa huit autres; & enfin on y en ajoûta encore cinq du temps de Sylla, ce qui fit quinze. Ce Miniftere, fort refpecté à Rome, dura jusqu'au temps de Theodofe, à l'an de l'Ere Chrétienne 388. Les Romains avoient encore d'autres ordres de Prêtres & de Prêtreffes; comme, les Vestales, dont nous parlerons au long dans l'hiftoire de la Déeffe de laquelle elles avoient pris leur nom: les Sibylles, dont nous ferons un article feparé : les Saliens, Prêtres de Mars, dont il fera parlé dans l'histoire (a) Romæ eo primum anno Triumviri Epulones facti, Caius Licinius Lucullus, Romuleius, qui Legem de creandis his tulerat, & P. Porcius Lecca. (b) Voyez Vigenere fur le premier Livre de Tite-Live, p. 810. & 811. T. de ce Dieu : les Prêtres Arvales, qui facrifioient pour la fertilité des champs, Arva: les Feciales, qui alloient declarer la guerre, ou refoudre la paix : les Phoebades, qui avoient foin du culte d'Apollon; & les Baffarides, pour celui de Bacchus: les Luperces, pour le Dieu Pan, & quelques autres encore qui étoient destinés au culte de quelques Divinités particulieres; fans parler de plufieurs Miniftres fubalternes, qui fervoient les Prêtres dans leurs fonctions; comme les Camilles, qui étoient ainfi appellés d'un nom donné à Mercure, parce que ce Dieu étoit le Miniftre, ou plûtôt le Serviteur de Jupiter (a). Independamment de ces Miniftres, les Grecs & les Romains en avoient d'autres, qui étoient auffi destinés au culte des Dieux, tels que les Augures & les Arufpices, dont je parlerai dans l'article de la Divination. Pour ce qui concerne les habillemens des differens Prêtres & des autres Miniftres dont il a été parlé dans ce Chapitre, je renvoye aux Antiquaires qui les ont fait deffiner fur les monumens. La fimple infpection des figures fupplée à de longues & fouvent inintelligibles explications. Difons avant que de finir cet article, que chaque ordre de Prêtres, confacrés à quelque Divinité, avoit un College particulier, qui étoit comme la Communauté de laquelle il relevoit, & dans laquelle fe faifoient les élections. Ces Colleges portoient le même nom que ces Prêtres : de-là le College des Arvales, pour les Dieux des champs; de Sylvain, pour ceux de ce Dieu; des Saliens, pour ceux de Mars; celui des Feciales; celui des Luperces, & tant d'autres, dont les noms fe trouvent fouvent dans les Hiftoires, & fur les anciennes Infcriptions. (a) Voyez l'hiftoire de Mercure Tome fecond. L CHAPITRE XIII. Des Fêtes des Grecs & des Romains. ES Grecs & les Romains, fans parler des Egyptiens & des autres Peuples, avoient un fi grand nombre de Fêtes, qu'il feroit bien difficile d'en donner un détail exact; & comme nous avons plufieurs Traités fur cette matiere, il faut commencer par les indiquer. Meurfius en a compofé un fur les Fêtes des Grecs (1), qui contient fix livres: Fafol- (1) Græc. dus & Caftellanus (2), ont travaillé fur le même fujet, ainfi Feri. (2) De Feftis que le celebre M. Potter, dans fon Archeologie Grecque, Græc. Beger, & d'autres encore. Ovide dans fes Faftes, & Rofin dans fes Antiquités Romaines, nous inftruisent fuffifamment fur les Fêtes des Romains, & ceux qui veulent étudier ce fujet à fond, peuvent les confulter. Cependant pour ne pas laiffer ma Mythologie incomplette, & foulager ceux, ou qui n'ont pas ces Ouvrages, ou qui n'ont pas le temps de les confulter, je vais donner une idée abregée de la plupart de ces Solemnités. Les plus grandes de toutes étoient les Mysteres; mais j'en parlerai ailleurs. Les Romains avoient emprunté des Grecs plufieurs de leurs Fêtes, comme ceux-ci en avoient emprunté des Egyptiens & des Pheniciens. Ils en avoient auffi de particulieres; c'eft ce que nous aurons foin de remarquer: entrons dans quelque détail. J'efpere qu'on me pardonnera la fécheresse de ce Calendrier en faveur de quelques traits d'Hiftoire, qui ont donné lieu à l'inftitution de ces Fêtes. Fêtes des Celles des Grecs étoient en très-grand nombre; parlons des principales. Les Achillées étoient en l'honneur d'Achille. Grecs. Paufanias qui dit (3) qu'elles fe celebroient à Brafeis, où ce (1) In Lac Heros avoit un Temple, ne nous en apprend aucun détail. Les Actiaques, qu'on celebroit en l'honneur d'Apollon, avoient pris leur nom du Promontoire d'Actium, où étoit un Temple de ce Dieu. On danfoit pendant la celebration de cette. Fête, & on tuoit un boeuf pour les moûches, qui s'étant rassa (1) In Symp. fiées de fon fang, s'envoloient & ne revenoient plus. Les Agranies, ou Agrianies, étoient une Fête instituée à Argos en faveur d'une fille de Protus. Les Agraulies étoient ainfi nommées parce qu'elles devoient leur inftitution aux Agraules, Peuples de l'Attique, de la Tribu Erectheïde, laquelle avoit pris fon nom d'Aglaure, fille de Cecrops, Prêtreffe de Minerve, en l'honneur de laquelle la Fête étoit celebrée. Plutarque decrit ainfi la Fête des Agrionies (1). Les femmes, dit-il, y cherchent Bacchus ; & ne le trouvant pas, elles ceffent leur poursuite, difant qu'il s'eft retiré près des Muses. Elles foupent enfemble, & après le repas elles fe proposent des enigmes; myftere qui fignifioit que l'érudition & les Mufes doivent accompagner la bonne chere: & fi l'yvresse y furvient, fa fureur eft cachée par les Mufes qui la retiennent chez elles, c'est-à-dire, qui en répriment l'excès. Nous ne dirons rien ici des Agroteres, Fête de Diane, où on immoloit cinq cens chevres, parce que nous en avons fuffifamment parlé dans le Chapitre des Sacrifices. Dans les Ematuries, celebrées en l'honneur de Pelops, les jeunes garçons fe fouettoient jufqu'au fang. Les Ajaxties, Fête de Salamine, étoient celebrées en l'honneur d'Ajax, fils de Telamon. Les Eories, Fête d'Athenes en l'honneur d'Erigone, fille d'Icare, avoient été inftituées fur ce que cette fille, qui fe pendit de desespoir, avoit prié les Dieux de faire perir de la même forte les filles des Atheniens, s'ils ne vengeoient pas la mort de fon pere. Plufieurs filles en effet fe pendirent. Apollon confulté, ordonna l'établissement d'une Fête, pour appaiser les mânes d'Erigone. Je ne ferai que nommer les Alées celebrées en Arcadie en l'honneur de Minerve Alaa : les Aloties que le même Peuple folemnifoit pour avoir pris beaucoup de prifonniers Lacedemoniens; les Alies, Fêtes d'Apollon, ou du Soleil : les Alcathées, en l'honneur d'Alcathous fils de Pelops: les Aloes, ou la Fête des Aires, pendant laquelle on offroit à Cerès & à Bacchus les premices de la recolte : les Ambrofies, celebrées au temps de la vendange en l'honneur du même Dieu : les Amphiarées, Fête du Devin Amphiaraüs : les Anacées, en l'honneur de Caftor & Pollux, nommés Anactes, ou Anaces, qui veut dire Princes, Souverains, &c. Les Anagogies, celebrées à Eryx en Sicile, en l'honneur de Venus: les Androgenies, que Minos établit à Athenes, où fon fils Androgée avoit été affaffiné (a) : les Anthesphories en l'honneur de Proferpine, Fête ainfi nommée parce qu'elle fut enlevée dans le temps qu'elle cueilloit des fleurs : les Apobomies, qui prirent ce nom, parce que dans leur Solemnité on facrifioit, non fur un Autel, mais à terre. Les Anthifteries, ainfi nommées du mois Anthefterion, qui repond en partie au mois de Novembre, avoient cela de particulier, que les Maîtres fervoient à table leurs Efclaves, pendant les trois jours qu'elles duroient; ce que les Romains imiterent dans leurs Saturnales. La Fête finie on faifoit fortir ces Esclaves ; & comme ils étoient prefque tous de Carie, de-là le Proverbe : hors d'ici Cariens, les Anthifteries font finies Les Apaturies, Fête des Atheniens, dont le nom venoit ďanám, tromperie, devoient leur origine à l'histoire que je vais raconter. Les Béotiens ayant declaré la guerre aux Atheniens, à l'occasion du territoire de Céléne ou d'Onoé, que ces deux Peuples fe difputoient, Xanthe, Chef des Béotiens, offrit de terminer le differend dans un combat fingulier. Thymete, Roi d'Athenes, ayant refusé le défi, fut depofé, & Melanthe qui l'accepta, fut mis en fa place. Celui-ci voyant approcher fon ennemi, lui dit que ce n'étoit pas agir en galant homme, de venir accompagné dans un Duel. Xante tourna la tête pour voir fi effectivement il lui venoit un fecond, & pendant ce temps-là, Melanthe lui paffa fon épée au travers du corps. Cette Fête duroit trois jours: pendant le premier on celebroit un feftin; on facrifioit au fecond, & le troifiéme on inscrivoit dans chaque Tribu les jeunes gens qui devoient être reçus. y Voici le fujet qui fit établir les Apollonies par les Peuples d'Egialée. Apollon après la defaite de Python, fe retira à Egialée avec Diane fa foeur: mais en ayant été chassé, il fut obligé d'aller chercher une retraite dans l'Ifle de Crete. Ce |