tia, femme du Berger Fauftulus, & nourrice de Romulus & de Remus, tomboient fur le dixiéme avant les Kalendes de Janvier. Les Pontifes y offroient les facrifices dans le Velabre près du Tybre. Les Feries Latines ne fe celebroient pas à Rome, mais à Albe, où les villes Latines, au nombre de quarante - fept, avec les Magistrats Romains s'affembloient, pour y facrifier tous de concert, en l'honneur de Jupiter Latialis, un Taureau, dont chacun après l'immolation, avoit une partie. On y offroit auffi du lait, du fromage, & d'autres efpeces de libation, que ceux qui venoient à cette folemnité, y apportoient. D'abord elle ne duroit que deux jours, puis on y en (1) Sat. liv. ajouta un troifiéme, & enfin un quatriéme. Macrobe (1) obferve qu'il n'étoit pas permis de commencer la guerre pendant les jours de cette Ferie, qu'il nomme, après Varron, Latiar. 1. ch. 16. Les Lemuries étoient établies pour appaifer les Genies malfaifans, qu'on nommoit Lemuria. On croyoit qu'on pouvoit les chaffer des maifons, où ils caufoient de l'épouvante pendant la nuit, en leur jettant des féves. Les Fêtes Romaines avoient toujours quelque motif de leur inftitution; on y demandoit aux Dieux, ou une bonne récolte, ou quelqu'autre bien. On y appaifoit ceux qu'on croyoit avoir offenfés; on vouloit détourner les maux dont on étoit mena. cé, comme on peut l'avoir jugé par l'hiftoire de celles dont je viens de parler. Souvent c'étoit pour se reffouvenir d'un bienfait reçu, & telle étoit la Fête nommée les Luceries, mot tiré de Lucus, bois facré. Cette folemnité fe célebroit dans un de ces bois, qui étoit entre la Voye Salarie & le Tybre, en memoire de ce que les Romains pourfuivis par les Gaulois, y avoient trouvé une retraite qui les avoit fauvés: ou bien pour conferver la memoire d'un mauvais évenement ; telle étoit la Fête des Populifugies, établies pour renouveller le fouvenir du jour auquel le Peuple, & les Gardes mêmes de Romulus, avoient pris la fuite, lorfqu'on apprit la Confpiration des Fidenates & des autres peuples Latins, contre les Romains. Quelquefois feulement pour s'exciter à la joye; telle étoit la Fête des Maiames, ainfi nommée, parce qu'on la célebroit le premier Mai, jour auquel les principaux de la ville fe rendoient à Oftie, où ils prenoient toutes fortes de divertiffemens. Comme les folemnités où le plaifir domine, font celles qu'on a le plus de peine à abolir, celle-ci dura long-temps, même fous les Empereurs Chrétiens. Nous avons vû qu'il y avoit des Fêtes propres à certains états, comme les Caprotines pour les Servantes, & d'autres pour les Valets; en voici encore du même genre. Les Marchands en avoient une, qu'ils célebroient au mois de Mai, en l'honneur de Mercure, le Dieu du Commerce. (1) Faft. Les Matrales étoient la Fête des Matrones, en l'honneur de la Déeffe Matuta, à laquelle on offroit des libations ruftiques, cuites dansides pots de terre: ce font ces libations qu'Ovide (1) nomme Flava liba. Mais comme la grandeur veut fe foutenir partout, même jufqu'au pied des Autels, les Dames liv. 6. Romaines qui excluoient toutes les Efclaves de cette Fête, en faifoient venir une feule qu'elles foufflettoient largement. Ces Matrones avoient encore une autre Fête nommée Matronalia, qu'elles célebroient en l'honneur du Dieu Mars, le premier du mois qui porte le nom de ce Dieu. Ovide (2) rapporte cinq raifons de l'inftitution de cette Fête. La premiere, en memoire de la paix faite entre les Sabins & les Romains, à laquelle les Sabines, femmes de ces derniers, eurent tant de part. La feconde, afin que Mars rendît ces Dames Romaines auffi heureuses, que Romulus fon fils. La troifiéme, afin la fécondité que le mois de Mars procure à la terre, leur fût accordée. La quatriéme, parce que c'étoit à pareil jour qu'on avoit dedié au mont Efquilin un Temple à Lucine, la Déeffe des accouchemens. La cinquiéme, qui revient à la même, parce que Mars étoit fils de Junon, laquelle préside aux mariages. que Les Paftres & les Bergers avoient auffi leur Fête ; c'étoit celle des Palilies, dediée à Palès leur Déeffe. Ce jour-là le peuple avoit foin de fe purifier avec des parfums, mêlés de fang de cheval, de cendres d'un veau qu'on faifoit brûler au moment qu'on l'avoit tiré du ventre de fa mere (3), & de tiges de féves. Les Bergers, dès le matin du jour de la Fête, purifioient auffi leurs bercails & leurs troupeaux, avec de (2) Faft. liv. 3. (3) Les Vertales avoient feules le droit de brûler ce veau. Feau & du fouphre, & faifoient brûler l'herbe nommée Sabi ne, dont la fumée fe repandoit dans tout le bercail. Après cela, ils facrifioient à la Déeffe, du lait, du vin cuit, & du millet; puis fuivoit le feftin. Le foir ils faifoient brûler de la paille ou du foin, & fautoient pardeffus: Ovide décrit fort au long toute cette folemnité. Ces ceremonies étoient accompagnées d'inßrumens, tels que des flûtes, des cymbales & des tambours, qui jouoient toute la journée.. Enfin les jeunes gens & les Ecoliers avoient auffi leur Fê, te, nommée Quinquatries, mot dont on peut voir l'étymolo gie dans Varron & dans Feftus. Ce jour-là les Ecoliers faifoient des prefens à leurs Maîtres: cette Fête tomboit le 14avant les Kalendes d'Avril.. Terminons cette Lifte par quelques autres Fêtes moins celebres, fur lesquelles nous dirons peu de choses. Les Meditrinalles, étoient les jours qu'on goûtoit le vin nouveau. Les Romains avoient une Déeffe Meditrinale, & c'étoit en fon honneur que la Fête étoit inftituée. Les Opalies, étoient la fête d'Ops, la même que Cybele. Anciennement on la célebroit le même jour que les Saturnales, mais Cefar, dans la reformation du Kalendrier, la remit à un autre temps. Les Quirinales, étoient la fête de Romulus, furnommé Quirinus. Elle étoit nommée la fête des fous, parce que ce jour-là ceux qui avoient oublié de célebrer les Fornacales, dont nous avons parlé, étoient obligés pour expier leur faute, de facrifier à Quirinus Le Regifuge avoit été inftitué pour conferver le fouvenir de l'expulfion de Tarquin ; & ce jour-là le Roi des Sacrificateurs (1)QQ.Rom. prenoit la fuire dès que le Sacrifice étoit offert. Plutarque (1) donne une autre origine à cette fête; mais Ovide (2) & Feftus (2) Faft. 2. font en cela plus croyables que lui.. 6.2. Comme la crainte des maux à venir avoit beaucoup de part dans le culte religieux des Payens, ils avoient établi des fêtes pour en être prefervés : celle qu'on appelloit Robigalia, du Dieu Robigus, qu'on croyoit garantir les bleds de la rouille étoit de ce nombre. On la célebroit fur la fin d'Avril, & on offroit à cette Divinité une brebis & un chien, avec du. vin & de l'encens.. pen Le Septimontium étoit une fête établie à Rome lorfqu'on mit une feptiéme montagne dans fon enceinte. Cette fête dant laquelle on offroit fept facrifices en differens lieux, tom-boit au mois de Decembre; & les Empereurs faifoient ce jour là des liberalités au peuple. Les Terminales étoient ainfi nommées felon Varron (1) parce (i De LLat. qu'elles fe célebroient au dernier jour de Fevrier, qui termi- liv. s. noit l'année Romaine; ou plutôt, comme le pretend Denys d'Halicarnaffe (2) parce qu'elles étoient inftituées par Numa en l'honneur du Dieu Terme, lorfque ce Prince établit qu'on mettroit des bornes aux champs, afin que chacun reconnût l'étendue du fien. Cette fête étoit totalement champêtre, & il n'étoit pas permis d'y rien offrir, qui eût été animé, de peur d'enfanglanter les bornes, auprès defquelles on prefentoit des fruits au Dieu qui y préfidoit, & on lui faifoit des libations de lait & de vin. Il faut cependant que dans la fuite du temps, on ait fait quelque changement là-deffus, puifque nous apprenons de Plutarque (3) que les Payfans s'affembloient ce jour-là auprès des bornes, & y immoloient une truye ou 15. un agneau. Quoi qu'il en foit, il n'y avoit rien de plus facré parmi les Romains, que les bornes des champs; & ceux qui avoient l'audace de les changer, étoient devoués aux Furies, & il étoit permis de les tuer. (3)QQ.Rom Les Tubiluftres étoient une fête du mois d'Avril, inftituée pour purifier les Trompettes: on facrifioit pour cela un agneau femelle. On faifoit aufli la même purification aux Vulcanales, fête célebrée le 1o. avant les Kal. de. Mai en l'honneur de Vulcain, le Dieu du feu; & c'eft pour cela qu'on jettoit aus jour de cette fête des animaux dans le feu. Vertumne, Pomone, & un grand nombre d'autres Dieux ou demi-Dieux, avoient auffi leurs fêtes, fur lefquelles, comme il n'y a rien de particulier à apprendre, je renvoye à Ovi--` de, & à Rofin qui a donné un Kalendrier Romain avec tou-tes fes Fêtes & feries (4).. (2) Liv. z (4) Ante Finiffons cette Lifte par les Vinales, qu'on célebroit deux Rom, liv: 146fois l'année, le 9. avant les Kalendes de Mai, & le 13. avant pag. 239. celles de Septembre. Les premieres, établies felon Pline (5), (5) Liv.:8pour goûter le vin, n'avoient aucun rapport à la confervation ch.19.. des vignes; les fecondes étoient Telles étoient les Fêtes des Romains, marquées dans leur Kalendrier; & fi on en célebroit quelquefois d'extraordinaires, comme les jours deftinés aux Supplications publiques, c'étoit le Magiftrat qui les indiquoit dans des cas extraordinaires. Lectifternium (2) Macrob. Sat. 3. pour obtenir un temps favo CHAPITRE XIV. Des fupplications publiques, des Lectifternes, des Evocations & des Devouemens. LES Es Supplications publiques fe faifoient ou dans les occafions preffantes;comme,dans le temps de pefte,ou de quelque maladie populaire; ou après quelque victoire inefperée; lorfque celui qui venoit d'être élu General, demandoit au Senat fa confirmation, & en même-temps la Supplication pour se rendre les Dieux favorables; & pour d'autres fujets encore. Ces Supplications étoient des jours folemnels, où il n'étoit pas permis de plaider pour quelque fujet que ce fût, & on les célebroit par des Sacrifices, des prieres, & des feftins publics. Quelquefois le Senat bornoit à un jour la durée de cette fête, quelquefois on y en employoit plufieurs, & l'Hiftoire nous apprend qu'il y en a eu qui ont duré jufqu'à cinquante jours. On ne dit rien des Supplications particulieres, qui n'étoient autre chofe que les prieres que chacun faifoit aux Dieux, ou pour obtenir la fanté, une bonne récolte, &c. ou pour les remercier des biens qu'on en avoit reçus. Une feule formule des prieres des Payens, fuffira pour en donner quelque idée : en (1) Gruter Voici une, confervée dans une Infcription (1) que Camilla Amata fait à la Fiévre pour fon fils malade. Divina Febri, Janeta Febri, magne Febri, Camilla Amata pro filio malè affecto P. Camilla Amata offre fes prieres pour fon fils malade à la divine Fiévre, à la fainte Fiévre, à la grande Fiévre. 97.1. Il y avoit une autre efpece de Supplication publique, qu'on nommoit le Lectifterne (2). Cette ceremonie confiftoit en un feftin l'on preparoit & que que l'on donnoit dans un Tem |