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(1) In Phoc.

C. 12.

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Herophile, dit Paufanias (1), eft pofterieure à celle qui étoit fille de Jupiter & de Lamia, quoiqu'elle ait vécu » avant le fiége de Troye; car elle annonça qu'Helene étoit » élevée dans Sparte, pour le malheur de l'Afie, & qu'un jour elle feroit caufe que les Grecs conjureroient la ruine » de Troye. Les habitans de Delos ont des Hymnes en l'hon» neur d'Apollon, qu'ils attribuent à cette femme. Dans fes » vers elle fe donne, non feulement pour Herophile, mais » auffi pour Diane. Elle fe fait tantôt femme, tantôt fœur, " & tantôt fille d'Apollon; mais alors elle parle comme inf pirée, & comme hors d'elle-même car en d'autres endroits elle fe dit née d'une immortelle, d'une des Nymphes d'Ida, & d'un pere mortel: Fille d'une Nymphe immortelle, mais d'un pere mortel, je fuis, dit-elle, originaire d'Ida, ce pays où la terre eft fi aride & fi legere ; car la ville de Marpeffe & le fleuve Aidonée, ont donné à ma mere la naiffance. En effet, vers le mont Ida en Phrygie, on voit encore aujourd'hui les ruines de Marpeffe, où il eft même refté une foixantaine d'habitans Marpeffe eft à

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deux cens quarante ftades d'Alexandrie, ville de la Troade. Les habitans d'Alexandrie difent qu'Herophile étoit Sacrif→ tine du Temple d'Apollon Smintheus, & qu'elle expliqua le fonge d'Hecube, comme l'évenement a montré qu'il devoit s'entendre.Cette Sibylle paffa une bonne partie de fa vie à Sa» mos; enfuite elle vint à Claros, ville dependante de Colophon; puis à Delos, de-là à Delphes, où elle rendoit fes Oracles fur la roche dont j'ai parlé. Elle finit fes jours dans la Troade: fon Tombeau fubfifte encore dans le bois facré d'Apollon Smintheus, avec un épitaphe en vers élegia»ques, gravés fur une colonne, & dont voici le fens. Je fuis » cette fameufe Sibylle qu'Apollon voulut avoir pour interprete de fes Oracles; autrefois Vierge éloquente, maintenant muette fous ce marbre, & condamnée à un filence éternel. Cependant par la faveur du Dieu, toute morte que je fuis, je jouis encore de la douce focieté de Mercure, & des Nymphes mes compagnes. En effet, près de fa fepultute on voit un Mercure, dont la forme eft quadrangulaire ; & fur la gauche, une fource d'eau tombe dans un baffin, où il y a des Statues

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de Nymphes. Les Erythréens font de tous les Grecs ceux » qui revendiquent cette Sibylle, avec le plus de chaleur. Ils »vantent leur mont Corycus, & dans cette montagne un » antre, où ils prétendent qu'Herophile prit naiffance. Selon » eux, un Berger de la contrée nommé Theodore, fut fon » pere, & une Nymphe fa mere. Cette Nymphe étoit sur» nommée Idéa, parce qu'alors tout lieu où il y avoit beaucoup d'arbres, étoit appellé Ida. Les Erythréens retranchent des Poëfies d'Herophile, ces vers où elle parle de la ville de Marpeffe & du fleuve Aidonée, comme de fon » pays natal »,

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Je ne dois pas omettre que le respect qu'on avoit pour les vers Sibyllins dura jufques bien avant fous le regne des Empereurs; mais une partie du Senat ayant embraffé le Chriftianifme du temps de Theodofe, on commença à n'avoir plus tant de veneration pour eux; & enfin Stilicon fous l'Empire d'Honorius les fit brûler.

Mais en voila affez fur ces filles celebres, dont les prédictions ont été en vogue pendant tant de fiecles parmi les Payens: paffons aux autres moyens qu'on employoit pour connoître la volonté des Dieux, & cet avenir qui a toujours fait l'objet le plus vif de la curiosité des hommes.

L

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'HOMME, toujours inquiet fur l'avenir, ne fe contenta pas de le chercher dans les Oracles & dans les prédictions des Sibylles ; il entreprit de le découvrir de mille autres manieres, & inventa plufieurs fortes de divinations, pour lefquelles même il établit des maximes & des regles, comme fi des connoiffances auffi frivoles, avoient pu fe reduire en regles & en maximes.

On definit la Divination, Rerum futurarum fcientia, & il y en a de plusieurs fortes, comme nous le dirons dans la fuite. Cette fcience au-refte, eft auffi ancienne que l'Idolâtrie, &

elle faifoit une partie confiderable de la Theologie Payenne: Elle étoit même autorifée par les Loix, particulierement chez les Romains.

Ciceron, qui a compofé deux Livres auffi curieux qu'élegans fur la Divination, examine d'abord s'il eft vrai qu'il puiffe y en avoir, & dit que les Philofophes avoient à ce sujet trois opinions. Quelques-uns croyoient que dès qu'on admettoit des Dieux, il falloit neceffairement admettre une Divination. D'autres foutenoient qu'il pouvoit y avoir des Dieux, fans qu'il y eût de Divination; & les derniers étoient perfuadés que que même il n'y auroit point de Dieux, il pouvoit y en avoir une. Il feroit inutile de raisonner fur ces trois opinions: la Religion nous apprend que non-feulement l'avenir eft inconnu à l'homme, à moins que Dieu ne le lui revele ; mais encore que c'eft un crime de le tenter pour le connoître, & que toutes les pratiques que l'on employe pour cela, font auffi criminelles qu'inutiles. Ciceron lui-même, quoique plongé dans les tenebres du Paganisme, s'eft mocqué dans l'Ouvrage que j'ai cité, de la plûpart de ces pratiques, & les a tournées en ridicules, quoique fon frere eût fait tout ce qu'il avoit pu pour les foutenir.

Ce fçavant & ingenieux Auteur divife la Divination, en artificielle & en naturelle. Je fuis donc du fentiment, dit Quintus fon frere, de ceux qui admettent deux fortes de Divination; l'une où l'art a beaucoup de part, & l'autre où il n'en a aucune. C'est un art dans ceux qui fuivent les anciennes Obfervations; mais ce n'en eft point un dans ceux qui fans fe fervir d'aucune conjecture, fondée fur des Obfervations précédentes, prédisent les chofes futures par une espece d'agitation d'efprit, & par un mouvement libre & degagé de toutes fortes de raifonnemens, comme il arrive fouvent à ceux qui font des fonges, & quelquefois à ceux qui deviennent épris d'une certaine fureur, ainfi que Bachis Bectien, Epimenide de Crete, & la Sibylle Erythrée.

Pour prouver l'univerfalité de la pratique de la Divination, il dit dans un autre endroit : Or, y a-t'il quelque Peuple qui ne reçoive, ou la Divination par art, comme par exemple, celle qui fe tire de l'infpection des entrailles des Victimes, de l'interprétation des prodiges des foudres, de l'ufage des Aufpices, de la pratique

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des Sorts, & des prédictions des Aftrologues; ou la Divination
naturelle, qui eft celle qu'on a par les fonges, & par la Vati-
cination (a)?

J'ai fuffifamment parlé de la Divination naturelle, c'est-à-
dire des fonges & de la fureur, dans le Chapitre des Oracles,
& dans celui des Sibylles: pour l'artificielle, elle fe pratiquoit
de cent manieres differentes. L'Ecriture Sainte parle de neuf
fortes de Divination: la premiere fe faifoit par l'inspection
des Planetes, des étoiles & des nuées; nous en parlerons dans
le Chapitre de l'Aftrologie. La feconde, par le moyen des
Augures. La troifiéme, par les malefices. La quatrième, par
les enchantemens. La cinquiéme, en confultant les Efprits,
ou comme dit Moyfe, ceux qui interrogeoient le Python. La
fixiéme, par les Devins ou Magiciens, que le même Moyfe
nomme Jedeoni. La feptiéme, par la Necromantie, ou par
l'évocation des morts. La huitiéme, par le moyen des Ba-
guettes, ainfi qu'on le voit dans le Prophete Ofée (1): on (1) Chap. 4-
peut appeller cette forte de Divination, Rabdomantie, & Bo. v. 12.
lomantic celle qui fe faifoit en mêlant des fléches; le Prophete
Ezechiel en parle à l'occafion de Nabuchodonofor, comme
nous le dirons ailleurs. Enfin la neuviéme, par l'infpection du
foye, & étoit nommée l'Hepatofcopie.

Ces neuf fortes de Divination font très-anciennes, puifque la plupart étoient en ufage du temps même de Moyfe: on en a inventé depuis une infinité d'autres, qu'il fuffira de nommer. Nous nous étendrons cependant un peu plus fur celles qui étoient pratiquées par les Grecs & par les Romains, parce qu'elles entrent dans l'Hiftoire de leur Religion, dont elles faifoient partie.

Les quatres efpeces de Divination les plus generales, étoient celles dans lesquelles on employoit quelqu'un des quatre Elemens, l'eau, la terre, l'air, & le feu; d'où ces Divinations tiroient leurs noms (b).

Pour la premiere, on employoit ou l'eau de la mer, & alors

(a) Traduction de Monfieur l'Abbé Regnier des Marets.

(b) Les noms de Pyromantie, Hydromantie, Géomantie, font compofés des mots grecs, qui fignifient le feu, l'eau, la terre, ainfi des autres, & du mot

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qui dans la même langue fignifie Divination.

elle fe nommoit Hydromantie; ou l'eau des fontaines, & elle étoit appellée Pegomantie. Cette forte de Divination eft très-ancienne, puifqu'on dit qu'elle tire fon origine des Perfes, qui la communiquerent à d'autres peuples, & en particulier aux Grecs, fur-tout à Pythagore, qui felon Varron, (1) Aug. de Y étoit fort addonné (1). On la pratiquoit de deux manieres Civ. Dei. liv. ou en rempliffant un baffin d'eau, & fufpendant un anneau à un fil qu'on tenoit avec un doigt, pendant que celui qui faifoit cette operation, proferoit quelques paroles, & fuivant que cet anneau battoit les bords du baffin, il en tiroit fes prédictions; ou en évoquant les efprits qui paroiffoient au fond du baffin; & c'étoit cette feconde efpece que pratiquoit Numa Pompilius.

7.C.53.

'Attic.

La Pegomantie, ou la Divination par l'eau des fontaines, fe pratiquoit en jettant des Sorts, ou des efpeces de dez. On tiroit d'heureux prefages lorfqu'ils alloient à fond; & lorsqu'ils demeu(2) Arch. roient à la furface de l'eau, c'étoit un mauvais augure. Rofæus (1) nous apprend qu'il y avoit encore d'autres manieres de predire l'avenir par le moyen de l'eau; 10. en bûvant de celle de quelques fontaines, comme celle de Caftalie en Béotie, qui avoit la vertu de communiquer ce don. 2°. En jettant dans quelques fontaines, comme dans celle d'Ino en Laconie, des gâteaux; car s'ils alloient à fond, c'étoit un bon augure, & un mauvais (3) in Lac. s'ils furnageoient, comme nous l'apprenons de Paufanias (3). Il en étoit de même des billets qu'on jettoit dans les deux petits Lacs des Palices, ainsi que nous le dirons dans l'Hiftoire de ces Dieux. 3°. Quand l'image de la chofe qu'on vouloit voir, apparoiffoit dans l'eau, comme il arrivoit, dit-on, dans la fontaine d'Apollon Phryxeus, en Achaïe. 4o. En jettant des phioles de verre dans de certaines eaux, pour connoître les fuites de quelque maladie; car on pretend qu'en les retirant, on jugeoit fi elle étoit mortelle, ou fi le malade en reviendroit. 5. En obfervant le mouvement de trois pierres qu'on avoit jettées dans l'eau: fur quoi on peut confulter cet Auteur (4).

(4) Arch. Attic. liv. 7.

c. 7.

La Pyromantie s'exerçoit par le moyen du feu, ou en obfervant le petillement de la flamme, ou de la lumiere d'une lampe. C'étoit pour cela qu'à Athenes, il y avoit toujours une

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