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Atheniens Minerve, le Peuple de Delphes Apollon, celui de Naxe Bacchus, celui de Cos Ariftée, celui de Lemnos Vulcain, celui de Paphos Venus. Tel étoit encore dans les Gaules Theutat, chez les Iberiens Endovellicus, Mars chez les Thraces, Adad chez les Affyriens, Taraxippus chez les Eléens, Coronis chez les Sicyoniens, Zamolxis chez les Thraces, fans parler d'une infinité d'autres, dont les noms font moins connus (a).

5. Il y avoit encore en chaque pays les Dieux Indigetes, ainfi nommés, ou parce qu'ils étoient attachés à de certains lieux, quafi in loco degentes; ou parce qu'ils étoient prêts à écouter ceux qui avoient befoin de leur fecours, quia faciles invocari; ou pour marquer qu'ils étoient du pays où on les invoquoit, quafi indigena; ou parce qu'il n'étoit pas permis de les appeller par leur propre nom, quia indigetari nefas; car les Sçavans donnent toutes ces étymologies au nom des Dieux Indigetes (b).

6. Il y avoit encore des Dieux Cabires, comme qui diroit affociés, tels qu'étoient Proferpine, Pluton, &c. & on plaçoit dans le même rang, les Corybantes, les Curetes, & les Dactyles Idéens.

7. Des Dieux Palices, dont le culte étoit celebre, fur-tout dans la Sicile; & des Pataïques, dont les figures fervoient à orner les proües des Vaiffeaux, dont ils étoient les Patrons.

8. On adoroit auffi des Dieux Penates & des Dieux Lares; les maisons des particuliers leur fervoient de Temple & d'Afyle, comme les Carrefours étoient les lieux où l'on honoroit les -Dieux Compitales.

9. On reconnoiffoit des Dieux des bois, des fontaines, des fleuves & de la mer ; tels qu'étoient les Satyres, les Nymphes, les Naïades, les Sirenes, les Neréïdes, &c.

(a) Voyez Lylio Geraldi, Synt. 10.

(b) Servius, fur le douzième Livre de l'Eneide parle ainfi du nom de ces Dieux Indigetes duplici ratione dicuntur ; vel fecundùm Lucretium quòd nullius rei egeant ;

Ipfa fuis poliens opibus, nil indiga nostri.

Vel quòd nos eorum indigeamus, undè quidam Deos omnes Indigetes appellari volums. Alii Patrios Deas Indigetes dici debere tradunt, alii ab invocatione dictos volunt, quòd indegio eft precor & invoco, vel certè Indigetes funt Dii ex hominibus facti, & Di Indigetes, quafi in Diis agentes.

ro. Il y a des Auteurs qui divifent les Dieux en trois Claffes feulement ceux que les Poëtes ont inventés, font dans la premiere ; ceux des Philofophes occupent la feconde ; & ceux des Legiflateurs & des Politiques, la troifiéme (a).

11. D'autres divifoient le ciel en feize demeures, & pla çoient des Dieux dans chacune (6), appellant a ceux qui n'étoient renfermés dans aucune de ces Spheres.

12. Ciceron (1) diftribue tous les Dieux en trois Claffes; la (1) De Legib. premiere eft celle des Dieux Celeftes, qu'on peut appeller Liv. 2. auffi Majorum Gentium Dii : la feconde eft celle de ceux que leur merite a élevés à ce rang, & qu'on peut appeller les demi-Dieux & les Indigetes; la troifiéme eft celle des Vertus, qui nous élevent jufqu'au Ciel, & qui ont été elles-mêmes divinifées.

Deor.

13. Varron foutenoit qu'il y avoit des Dieux connus, & des Dieux inconnus, & il reduifoit à ces deux Claffes tous ceux de la Gentilité. Dans la premiere étoient ceux dont on fçavoit les noms, les fonctions, &c. comme, le Soleil, la Lune, Jupiter, Apollon, & les autres. Dans la feconde étoient placés ceux. dont on ne fçavoit rien d'affûré, & aufquels on ne laiffoit pas d'élever des Autels, & d'offrir des Sacrifices.. Le Philofophe. Albicus (2) regardoit les fept Planetes, com- (1) De Image. me les fept premiers Dieux du Paganisme, qu'il arrangeoit dans cet ordre, Saturne, Jupiter, Mars, Apollon, Venus Mercure & la Lune. Paufanias (c), Ciceron, Hefychius, & plufieurs autres Auteurs, parlent des Autels élevés aux Dieux inconnus ; & l'on voit dans les Actes des Apôtres que. S. Paul dit aux Atheniens: Ayant vi en passant un Autel confacré au Dieu inconnu, ayvos e, je viens vous prêcher celui que vous adorez fans le connoître. C'étoit Epemenidès, ce grand Prophete des Cretois, qui avoit été l'auteur de cette supersti-tion. Confulté par les Atheniens comment ils pourroient ap-paifer les Dieux, & faire ceffer la pefte qui ravageoit leur il repondit qu'il falloit laiffer aller dans les champs des brebis noires, & les faire fuivre par des Prêtres pour les im-

pays,

(a) Varron & Scevola, apud Aug. de Civitate Dei. L. 4.

(b) Martianus, voyez Lylio Geraldi, Synt. 10.

(c) Paufanias in Eliacis, dyvóswv deŵr ßwμs's, Deorum ignotorum aras,

(1) In Protrept.

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moler dans les lieux où elles s'arrêteroient ; & c'eft depuis ce temps-là, comme le remarque Diogene Laerce, que l'on voyoit dans la campagne plufieurs Autels élevés aux Dieux inconnus (a); c'est-à-dire, depuis la vingt-feptiéme Olympiade, felon cet Auteur, où la quarante-deuxiéme fi nous en croyons Suidas.

14. Clement d'Alexandrie (1) a cru pouvoir renfermer tous les Dieux du Paganisme dans fept Claffes. Il met dans la premiere les Aftres; dans la feconde les Fruits de la terre, & les Dieux qui y president, Cerès, Pomone, Vertumne, Bacchus, &c. La troiliéme comprend les Dieux des peines & des châtimens, comme les Furies, & quelques autres. Il plaçoit dans la quatrième les Dieux des paffions & des affections, tels que l'amour, la pudeur, &c. Les Dieux des vertus, comme la Concorde, la Paix, &c. formoient, felon lui, la cinquiéme Claffe. Les Grands Dieux, qu'on nommoit Di Majorum Gentium, n'occupoient que la fixiéme. Enfin les Dieux Salu taires, comme Efculape, Hygieia, Telefphore, & quelques autres, étoient ceux de la feptiéme.

15. Jamblique Philofophe Platonicien divifoit les Dieux (2) De Myft. en huit Claffes (2). Il mettoit dans la première les Grands Se&t. 2. c. 1. Dieux, qui invifibles de leur nature, fe trouvent dans toutes les parties du monde ; c'est-à-dire fans doute, cet Efprit univerfel dont nous avons déja parlé. Des Efprits Superieurs, qu'il nommoit Archanges, occupoient la feconde. D'autres Efprits d'un rang inferieur, les Anges, formoient la troifiéme. Dans la quatrième étoient les Demons. Ceux qu'il appelle Archontes Majeurs, c'eft-à-dire, les Genies qui prefidoient fur le monde fublunaire & fur les élemens, étoient dans la cinquiéme; & les Archontes Mineurs, dont le pouvoir ne s'étendoit que fur la matiere groffiere & terreftre, dans la fixiéme. Les Heros formoient la feptiéme ; & enfin les ames des hommes mis au rang des Dieux, la huitiéme & la derniere. Voyez là-deffus le Chapitre fuivant.

16. D'autres Philofophes de la même Secte renfermoient tous les Dieux du Paganisme, ou fi on veut tous les Genies, dans deux Claffes. Čeux qu'ils nommoient, immate

(a) Ex eo tempore per agros Atticæ, aræ fine nomine Dei visebantur. Diog. Laërt.

Expliquées par l'Hiftoire. LIV. V. CHAP. V riels, & aio, ou materiels, occupoient la premiere; 433 & ceux qu'ils appelloient Mondains, ou Supramondains, la feconde.

17. On affure que Mercure Trifmegifte admettoit trois Claffes de Dieux. Dans la premiere étoient ceux qu'il nommoit Celeftes; dans la feconde les Empyrées, & dans la troifiéme les Etherées. Ce celebre Auteur, dit-on, avoit compose mille volumes fur les Dieux de cette premiere Claffe, & cent fur ceux de chacune des deux autres.

18. On divifoit encore les Dieux, en Dieux Publics, & en Dieux Particuliers. Les premiers étoient ceux dont le culte étoit établi, & autorifé par les Loix. Les feconds, ceux que chacun choififfoit pour être l'objet de fon culte. Tels étoient les Dieux Lares, les Penates, & les Ames des Ancêtres, étoit permis à chaque particulier d'honorer comme il vouloit. qu'il 19. La divifion la plus generale, eft celle qui partage les Dieux, en Dieux naturels, & en Dieux animés. Par les miers on entend les Aftres & les autres Etres Phyfiques; par preles feconds, les hommes qui par leurs belles actions meriterent les honneurs divins. Cependant elle ne renferme pas encore tous les Dieux, puifque ces Genies de differens ordres dont nous venons de parler après Jamblique, ne s'y trou

vent pas.

20. La derniere enfin, & en même temps celle que je fuivrai en parlant des Dieux des Grecs & des Romains, eft celle qui les divifoit en Dieux du Ciel, en Dieux de la Terre, & en Dieux de l'Enfer.

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De la Nature des Genies ou des Demons.

Ous avons rapporté dans le premier Chapitre de ce

N Livre,

Livre, les fentimens des Philofophes fur la Nature des Dieux; dans le fecond & dans le troifiéme ce qu'en penfoient les Poëtes & les Hiftoriens. On a dit dans le quatrième qui étoient ceux qui paffoient pour être les Enfans des Dieux. Dans le cinquiéme on a vû la Divifion des Dieux en plufieurs Classes. Il faut maintenant examiner ce que quelques Philofophes entendoient par les Genies, ou par les Demons.

Les Philofophes Platoniciens des derniers temps du Paganisme, attachés à la Magie Theurgique, qui, felon eux, élevoit l'ame à la plus fublime speculation, & la mettoit en état de contempler la Divinité elle-même, avec laquelle elle l'uniffoit de la maniere la plus intime, ainsi que nous l'avons dit dans le Livre précédent, donnerent cours à l'opinion qui enfeignoit qu'il y avoit des Genies ou des Demons, dont le pouvoir s'étendoit fur le bas monde, & en particulier fur T'homme. Porphyre, le plus celebre de ces Philofophes, écrivit une longue Lettre à Anebo Prêtre Egyptien, pour lui demander des éclairciffemens fur les matieres les plus importantes de la Religion, & en particulier fur celles de ces Genies. Jamblique fon difciple fous le nom d'Abamon, autre Prêtre Egyptien, & le maître d'Anebo, repondit à cette Lettre; & c'est cette réponse qui fait la matiere du Livre des Mysteres de cet Auteur.

Comme la Lettre de Porphyre n'eft qu'une confultation, ce Philosophe n'y fait pas toujours entendre ce qu'il pense; car voulant ménager la delicateffe d'Anebo, qui regardoit toutes les queftions qu'il lui propofe comme des myfteres de Religion, il femble ne les lui faire que pour s'en éclaircir. Je n'ai besoin pour le prefent que de ce qui regarde les Genies; ainfi laissant les autres fujets qui font traités dans cette Lettre, je dis que Porphyre, fans trop fe déclarer, nous y apprend bien des particularités fur la Nature de ces Efprits, & fur les

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