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II.

fi les

corps électrifés que l'on comDisc. pare, ont acquis leur vertu par différens moyens, puifque ces effets, comme on vient de le voir, font communément plus ou moins fenfibles, felon la maniere dont un corps a acquis fon électricité ?

Mais quand même il s'agiroit de juger par ces attouchemens de matiére invifible, fi le même corps électrifé de la même maniere, a reçu Certaines plus ou moins de vertu, il y auroit circonftances encore quelque attention à avoir reffent ces é- pour ne pas fe tromper il m'eft manations fur arrivé fouvent de croire fur ces apla peau, plus fortes qu'elles parences, qu'un tube avec lequel ne font réel- j'opérois, étoit devenu plus élec

font que l'on

lement,

trique, qu'il ne l'avoit été quelquetems avant, & cependant les autres effets ne me portoient pas à faire le même jugement; il n'en attiroit pas plus vivement les corps légers, fes pétillemens n'éclatoient pas davantage, & il ne communiquoit pas fa vertu d'une maniere plus marquée; j'ai reconnu depuis ce qui m'en impofoit : quand une abondante tranfpiration m'a rendu le vifage tout humide, je fens plus fortement les

émanations du tube, & cela peut arriver, fans que ces émanations foient plus fortes par elles-mêmes, mais parce qu'elles trouvent plus de point d'appui fur la peau, quand des parties humides en rempliffent les pores, ou bien peut-être parce que la peau alors eft attendrie, & plus fufcepti· ble des impreffions qui s'y font.

Je foupçonne encore une autre raifon pour laquelle la peau devenue humide éprouveroit plus de picotement en s'approchant d'un tube électrisé, que lorfqu'elle eft dans fon état naturel; nous fçavons par l'expérience, que de tous les corps, & fur-tout de ceux qui font animés, il émane en pareil cas un fluide fubtil, que j'ai nommé matiére affluente, eû égard au corps électrifé. Cette matiére ne fe fait pas fentir ordinairement, quand elle fort de la peau qui n'eft point humide; mais elle pourroit bien avoir un effet tout différent, lorfqu'elle trouve en fon paffage des parcelles d'un liquide vifqueux, dont il lui faut vaincre l'adhérence & qu'elle n'enléve qu'avec violence, Si mon foupçon eft bien fondé, une

II. DISC

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perfonne qui eft en fueur, reffent au vifage non-feulement les émana

D-1 s Ctions du tube électrique plus forte

La matiére

fortant des

ment que d'ordinaire, par les raifons que j'ai rapportées, mais encore celles qui s'élancent de fa peau, & qui en arrachent, pour ainsi dire, Fhumidité.

Je fçais d'ailleurs que la matiére électrique en électrique qui fort des corps folides, corps enléve enléve réellement tout ce qu'elle réellement ce trouve à leur furface, & fpécialeà la furface. ment les liquides dont on les a . mouillés.

qu'elle trouve

cette vérité.

IX. EXPERIENCE.

Preuve de J'ai électrifé avec le globe de verre, une verge de fer de quelques lignes d'épaiffeur, & longue d'environ rrois pieds, que j'avois légérement mouillée avec de l'eau, d'autres fois avec de l'efprit de vin: en paffant la main à 3 ou 4 pouces de diftance, Fig. 3. je fentois tout autour de ce métal électrifé un petit vent frais, qui ne pouvoit être autre chofe que la matiére effluente qui me touchoit plus fenfiblement, qu'elle n'a

coutume de le faire, parce qu'elle étoit,pour ainsi dire,armée des parties du liquide qu'elle avoit détachées & enlevées de la furface du fer.

Je ne prétends avancer qu'une conjecture, quand je dis que les émanations électriques peuvent fe faire fentir, lorfqu'elles enlevent la 'fueur de la peau; mais e'eft un fait dont je fuis bien certain, qu'elles emportent réellement les liquides qu'elles rencontrent à la furface, & même dans les pores des corps d'où elles fortent. Pour prouver cette propofition d'une maniere compléte, à l'expérience de la verge de fer mouillé, que je viens de citer, je joindrai celle qui fuit.

X. EXPERIENCE.

II. DISC

très remar

même vérité

J'obfervois depuis long-tems Autre fait qu'en frottant des globes de verre quable, qui pour les électrifer, il s'attachoit à leur confirme la furface, une grande quantité de petites taches brunes. Je crus d'abord que c'étoit des faletés qui venoient de mes mains, de mes habits, ou des autres corps qui avoiûinoient le ver,

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DISC.

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re électrifé: mais ayant ramaffé de cette matiére qui reffemble affez à de la cire, par fa confiftance, & l'ayant fait brûler für un charbon je trouvai qu'elle avoit l'odeur de poil grillé & dès lors je commençai à la confidérer comme une fubftance animale: mais j'étois encore incertain fi elle venoit de mon propre corps ou de mes habits. Je me deshabillai donc autant qu'il le fallut, pour décider la queftion; & après avoir pris les précautions néceffaires, pour n'avoir rien à attribuer aux autres corps voisins, je frottai le globe, jufqu'à ce qu'étant encore abondamment couvert des mêmes taches, il me fit voir clairement que cette matiére étoit une transpiration forcée, que la matiére électrique affluente au globe, avoit apportée de mon propre corps. (a)

Nous devons donc nous dé fier encore des émanations électri

(a) J'ai déja rapporté ce fait, Mémoire de PAcadémie des Sciences p. 118. & j'aurai occafion d'en parler encore dans le cinquième Difcours, où il s'agit des effets de la vertu électrique fur les corps organifés.

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