V. DISC. Résultats de ces expérien ces. l'écoulement, en foufflant légerement par la branche longue du fiphon, & j'examinois avec la balance, combien il s'étoit écoulé d'eau. Je montois enfuite fur un gâtean de réfine pour me faire élecriser, Fig. 2. & dans cet état reprenant la coque d'oeuf que j'avois remplie & pefée, je recommençois l'expérience de la maniere que je viens de le dire; après quoi la balance me faifoit voir de combien l'écoulement avoit été augmenté par la vertu électrique que j'avois communiquée. Chacune de ces expériences ayant été répétée au moins trois ou quatre fois, & les réfultats ne différant que du plus au moins, ou étant les mêmes; voici ce qu'il m'a paru qu'on pouvoit conclure avec certitude. 1°. Que l'électricité accélere toujours les écoulemens qui fe font goutte à goutte par des tubes capillaires. 2o. Que cette accélération, pour l'ordinaire, n'eft pas auffi grande qu'elle le paroît, à en juger par le nombre des jets qu'on apperçoit en B. fig. I. 3°. Que l'écoulement eft d'autant plus accéléré, que le canal par où il fe fait eft plus étroit. 4°. Qu'il ne paroît ni accélération ni retardement, lorfque la liqueur fort d'une maniere continue, & par un canal d'une certaine largeur, comme d'une ou deux lignes de diamétre. 5°. Qu'au lieu d'accélération, la vertu électrique occafionne un petit retardement, lorsque l'eau s'écoule par un orifice d'une certaine dimenfion, qui m'a paru être environ une demi ligne de diamétre & un peu audeffous, furtout quand l'électricité est forte. & com V. DISC. des phénomé On conçoit affez bien pourquoi Explications l'électricité rend continu l'écoule- nes observés dans le cours ment qui ne l'étoit pas de ces expément elle peut l'accélérer; la ma- riences. tiere électrique effluente s'élance vifiblement avec beaucoup plus de viteffe, que l'eau qui fort goutte à goutte, par le feul effort de la pefanteur, effort qui eft encore confidérablement retardé par les frottemens V. DISC. d'un canal étroit; il est bien naturel qu'elle ajoute au mouvement de la liqueur, & qu'elle en entraîne les parties, fur lefquelles nous fçavons d'ailleurs que fes impulfions ont prise comme fur tout autre corps. On conçoit auffi que ce que la vertu électrique ajoute de mouvement à l'eau qui s'écoule avec liberté & par un canal d'une certaine largeur peut fort bien n'être pas fenfible pour deux raifons; la premiere, parce que, fon excès de vîteffe eft moins grand fur un écoulement libre, que fur celui qui eft retardé & qui ne fe fait que goutte à goutte; la feconde, parce que fon impulfion déja moins efficace par la raifon que je viens de dire, fe partageant encore fur une maffe incomparablement plus grande, il peut arriver qu'elle n'ait qu'un effet infenfible fur chacune des parties qu'elle follicite. Mais ce qu'on ne comprend point auffi aifément, c'eft le retardement occafionné en certains cas par l'électricité; j'ai long-tems douté du fait, & j'en douterois encore, fi je ne le trouvois un grand nombre de fois expreffément marqué fur mon Journal, fans aucune note qui me le rende fufpect. Puifqu'on peut donc le regarder comme certain, il faut lui chercher une caufe, & je crois l'entrevoir, en confidérant de quelle façon la matiere électrique a coutume de s'élancer du dedans au dehors des corps; on fçait que c'est toujours en affectant la forme d'aigrettes ou de bouquets épanouis; & en conféquence, nous pouvons regarder l'orifice du tuyau par où fe fait l'écoulement, (s'il eft d'une certaine largeur,) comme un cercle d'effluences, comme une couronne d'aigret tes. Je dis, s'il eft d'une certaine largeur; car s'il eft extrêmement petit, comme celui d'un tube capillaire, les émanations électriques qui doivent former ces efpéces de houpes, s'uniffent probablement à celles qui paffent par le canal, & ne forment avec elles qu'une feule aigrette à l'extrémité. Or ces bouquets de matiere électrique qu'on peut concevoir aux deux bouts de chaque diamétre de l'orifice, comme on le peut voir V. DISCO V. DISC. par la Fig. 3. ont néceffairement des rayons qui fe croifent fur l'axe de l'écoulement, & qui peuvent rendre le jet plus menu ou plus lent, fi la force avec laquelle ils vont fe croifer, eft affez grande pour moderer fenfiblement les efforts combinés de la pefanteur & de l'électricité de la liqueur qui s'écoule. Cette proportion peut-être ne fe trouve plus quand on électrife foiblement, ou que le jet électrifé fort par une ouverture qui atteint ou qui excéde une demie ligne de diamétre. Au refte, ceci n'eft qu'une conjecture, fur laquelle j'infifte d'autant moins, qu'il me refte encore quelque légere incertitude fur le fait dont il eft queftion quoiqu'il me foit indiqué par des expériences faites avec foin, je le trouve fi fingulier, que je crains encore qu'il ne foit dû à quelque caufe étrangere qui auroit échappé à ma connoiffance; & je fuis réfolu de le tenir dans la claffe des phénoménés douteux, jufqu'à ce qu'il m'ait été plus amplement confirmé. Conféquence Mais en s'arrêtant à ce qu'il y a trop générale de |