avec des ferviettes bien chaudes.

Tandis que le malade recevoit l'électricité du globe de verre, on tiroit continuellement des étincelles, en fuivant la direction des muscles, extenfeurs, fléchiffeurs, &c. des parties dont on vouloit ranimer le mouvement: on fe fervoit pour cela d'une clef de porte, dont on préfentoit l'anneau, ou d'une platine de fer, épaiffe de 4 lignes, & arrondie par un bout: fans cette précaution, les étincelles douloureufes, même pour la perfonne qui les excite, auroit rendu l'opération difficile, & fort incommode : malgré cela elle l'étoit encore affez pour ralentir le zéle des jeunes Chirurgiens qui s'étoient

offerts à nous aider.

Quand on avoit tiré des étincelles pendant un certain tems, on appliquoit le malade à l'expérience de Leyde, en lui faisant tenir d'une.. main le vase de verre qui contenoit l'eau, & en conduifant la main paralytique avec un cordon de foye jufqu'à la tringle de fer, ou à la chaîne d'où l'étincelle devoit partir; ce que l'on répétoit ordinairement cinq M m

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V.

Disc.

lectricité fur

ques.

a fix fois de fuite, quand le malade vouloit bien le fouffrir; car dans les cas où l'électricité étoit bien forte, il avoit peine à foutenir deux ou trois de ces fecouffes.

Nous abandonnâmes au bout de 8 jours, le premier de nos paralytiques nommé Daleur, parce que M. Morand & M. Boucot, l'ayant examiné avec plus d'attention, jugerent qu'il avoit les articulations enchilofées, & qu'il n'étoit pas vrai-femblable que des parties ainfi affectées, puffent reprendre la flexibilité & la foupleffe néceffaire au mouvement qu'elles avoient perdu.

Effets de l'é- Les deux autres foutinrent plus les paralyti long-tems notre efpérance par les effets que voici. Les mains qui étoient roides & prefque fermées, devinrent plus fouples & s'étendirent; les doigts qui étoient comme collés les uns aux autres, fe détacherent peu à peu, & chacun d'eux fe plioit ou fe redreffoit féparément des autres quand on tiroit une étincelle du mufcle d'où dépendoit l'un ou l'autre de ces mouvemens on faifoit plier de même, ou étendre le poignet

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V.

& l'avant-bras; nos malades reffentoient des douleurs & des piccote- Disc mens pendant les nuits, aux parties mêmes fur lesquelles on avoit travaillé, ou bien à celles qui les avoifinoient, & avec lefquelles elles avoient des rapports immédiats. Enfin ·la peau devenoit pleine de taches rouges, & enfuite on voyoit des élevûres confidérables, aux endroits où l'on avoit excité les étincelles électriques : nous y avons fouvent vû même des véhicules qui fe crevoient, & d'où il fortoit une sérofité femblable à celle des cloches qu'on fait naître en fe brûlant.

Derniers

expériences.

Tous ces effets allerent en augmentant pendant les premiers 15 jours, & réfultats des nous nous flattions toujours que tous ces mouvemens excités & forcés pour ainsi dire, par les fecouffes & par les étincelles, fe foumettroient enfin à la volonté du malade. Nous le défirâmes, & nous l'attendîmes en vain pendant fix femaines, que nous continuâmes nos épreuves, après quoi les paralytiques ne voyant plus de nouveaux progrès qui foutînffent leur patience, car il en faut pour fe

V. DISC.

ees qu'on peut

résultats.

foumettre à cette efpece de torture, J. ne fe prêterent plus qu'avec peine, & en fe plaignant. Le même motif qui nous avoit fait entreprendre & fuivre ce travail quand nous croyions pouvoir les guérir ou les foulager, nous fit tout abandonner, dès qu'il nous parut décidé que nous les faifions. fouffrir inutilement.

Conféquen Quoique cette électrifation n'ait tirer de ces point eu l'effet que nous avions principalement en vue; ceux qu'elle a eus d'abord, & les guérifons réelles qui ont été opérées ailleurs par cette voye, (a) feront penfer à toute per

(a) Au commencement de Décembre 1748, M. de Mairan reçut de M. Jallabert une lettre, qui fut lûe auffi-tôt à l'Académie des Sciences, & qui portoit que M. Sauvage, de l'Académie de Montpellier, électrifoit depuis quelque tems un homme paralytique, dont le bras atrophié pendoit fans mouvement, & qui traînoit une jambe, fur laquelle il ne pouvoit fe foutenir; que le bras depuis qu'on avoit commencé à électrifer le malade, à la maniere de M. Jallabert, fans employer cependant l'expérience de Leyde, avoit repris fes mouvemens naturels, que la maigreur étoit de beaucoup diminuée, & que le malade marchoit fur la jambe beaucoup mieux qu'il n'avoit fait auparavant : : enfin que cet homme étoit visiblement en train de guérison.

fonne raisonnable, & qui n'aura point intérêt de défendre une autre opinion, que l'électricité employée avec perfévérance, & ménagée avec une certaine habileté, peut être un remede utile contre la paralyfie, & peut-être contre bien d'autres maladies, dont le fiége eft dans les nerfs ou dans les mufcles: pour moi, quoique je n'aye pas réuffi autant que je le défirois, je fuis bien éloigné de croire qu'on ne puiffe pas avoir un fuccès plus heureux, en répétant les mêmes épreuves; je compte bien les reprendre dans un autre tems quand mon travail feroit encore infructueux, j'en conclurois que je n'ai point affez de bonheur ou d'habileté, plûtôt que de dire contre la vérité des faits, qu'on ne doit rien attendre de la vertu électrique pour guérir de la paralyfie.

&

Mais en convenant, comme je le dois, des bons effets que l'électricité a eus, & qu'elle peut avoir encore, je ne prétens pas faire de l'électrifation un moyen de guérir à coup sûr, & qu'on doive dès à préfent, préférer à d'autres remédes M m iij

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