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plus éprouvés : la guérison du paralytique de Genève, eft prefque la feule dont je fois bien certain, & le peu de succès que j'ai eu aux Invalides, après un travail de deux mois qui fut éclairé par d'habiles gens, & foutenu de ma part avec tous les foins & toute l'attention. qu'il m'a été poffible d'y mettre, me fait craindre que les exemples de paralytiques guéris de cette maniere ne foient fort rares à l'avenir, à moins qu'à force de le tenter, on ne trouve quelque façon d'électrifer plus efficacement, qui nous eft encore inconnue. Si l'électricité devient jamais un reméde en ufage, il en fera fans doute de lui, comme de tous les autres dont l'application n'eft pas toujours auffi heureuse qu'on le fouhaite. Quel eft le reméde dont les effets foient infaillibles? La même maladie ne devient-elle pas plus ou moins opiniâtre, felon l'état & la difpofition du sujet ? J'ai électrifé des Soldats dont la paralyfie avoit été précédée de bleffures: c'étoit peut-être une cause qui rendoit le mal incurable, & mes efforts.inutiles.

La paralyfie du Serrurier de Genève, avoit commencé par un coup de marteau donné à faux; qui fçait fi cette fecouffe, qui paroît avoir occafionné fa maladie, ne laiffoit pas plus de reffources au reméde que M. Jallabert y appliqua ?

Ceux qui aiment à dire que l'électricité ne peut être que nuifible aux malades, ne manquent pas d'appuyer leur prétention par des exemples; mais ces exemples font-ils bien conftatés? N'en feroit-il pas de la plûpart de ceux que l'on cite, comme de l'apoplexie qui fit mourir M. -d'Oppelmaier: (a) accident que l'on attribua dans le pays même aux expériences d'électricité qu'il avoit faites fur fa propre perfonne, & qui fe trouva par les informations qu'on en fit, n'être qu'une fuite affez ordinaire de plu

(a) J'ai entre les mains une lettre de M. Boze, datée de Wittemberg le 15 Mars 1747, par laquelle, il m'apprend, après les informations que je l'avois prié de faire, que ce bruit n'avoit aucun fondement; & pour me prouver qu'il en parle en homme bien informé, il m'envoye la copie d'une réponse que lui avoit faite à ce fujet, la perfonne qui avoit aidé M. d'Oppelmaier dans ces expériences. M m iiij

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fieurs attaques de la même maladie,

D1's c. que ce célébre Profeffeur de Nurem berg avoit fouffertes précédemment: fa derniere rechûte vint en effet après ces expériences; mais peut-on dire pour cela, que l'électricité l'ait tué? hoc poft hoc, an propter hoc? Ce qu'il y a de certain, c'eft que depuis 15· ou 16 ans que j'électrife toutes fortes de personnes, je ne pourrois citer aucun mauvais effet un peu confidérable, que j'aye pû attribuer fûrement à l'électrifation; & notamment nos paralytiques des Invalides, interrogés foigneufement tous les jours. ne fe font jamais plaints que l'électri cité eût caufé le moindre dérangement dans leurs fonctions naturelles.

On auroit tort de m'objecter ici la mort des petits animaux qui ont été la victime de ces expériences : il y a bien loin d'un moineau ou d'un pigeon à un homme; & en difant que je n'ai encore vû perfonne à qui l'électricité ait été funefte, je n'affûre pas que cela ne puiffe être, & qu'on ne doive en ufer fagement & avec pré

caution.

Mais quand il feroit vrai que l'élec

tricité employée en certain cas, pût avoir de mauvais effets, (ce que je ne voudrois pas nier; ) que s'enfuivroit-il, s'il eft conftant d'ailleurs qu'elle ait opéré des guérisons? Rien, ce me femble, finon que c'est un nouveau moyen de guérir, que l'on ne connoît point encore affez, que l'on doit étudier, qu'il faut appli quer avec prudence; mais tout cela n'autorife point à le rejetter comme inutile, comme nuifible. Les meilleurs remédes, les plus ufités, ne font-ils pas dangereux quand ils font mal adminiftrés?

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très-furpre

divers malas

Depuis un an ou environ, on parle Expériences beaucoup des guérifons éclatantes & nantes, faites prefque fubites que M. Pivati opere en Italie, fur à Venife par le moyen d'un tube ou des d'un globe de verre dans lequel il enferme certaines drogues, & dont il fe fert enfuite pour électrifer les malades. Des perfonnes d'une autorité refpectable, atteftent les faits, & affûrent qu'elles ont vû répéter ces importantes expériences avec fuccès, à Bologne & à Florence, & j'ai actuellement fous les yeux, un Journal de celles qui ont été

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faites à Turin, par M. Bianchi, (a) Profeffeur de Médecine, & Chef du Protomedicat; les résultats de cellesci ne font pas moins admirables que les effets publiés par M. Pivati. J'en vais rapporter quelques-uns, pour donner au Lecteur une idée de cette nouvelle Médecine : & je m'abstien-. drai de faire connoître les autres, pour ne point ôter à M. Bianchi, de qui je les tiens, le plaifir de publier lui-même fes découvertes.

1o. Une femme qui depuis plufieurs femaines reffentoit une fciatique trèsdouloureuse, depuis la hanche droite jufqu'au genouil, & cela presque continuellement, & principalement la nuit, ayant été électrifée une feule fois avec le cylindre ou le tube de verre, n'a plus reffenti de douleur & paroît depuis ce tems-là totalement guérie.

2o. Le 15 Mai 1748, fut électrifé

(a) Ayant un defir extrême d'avoir des éclairciffemens fur les expériences de M. Pivati, je me fuis adreffé à M. Bianchi, qui me fit une réponse très-obligeante, en m'envoyant en même tems un extrait fort ample de fès propres expériences; c'eft dans cet extrait que font contenus les faits qu'on va voir ci-après.

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