PREFACE. de trois ans* fe font Pécoulés depuis que j'ai pro pofé comme la caufe générale des Phénoménes électriques, Peffluence & l'affluence fimultanées d'une matiere fluide, très-fubtile, préfente par-tout, & capable de s'enflammer par le choc de fes propres rayons. L'ouvrage dans lequel j'ai développé cette idée, ** s'eft répandu dans nos Provinces, & les Etrangers l'ont traduit en leurs Langues: je dois cet honneur fans doute au choix de la Matiere que j'y ai traitée, parce que tout le monde s'en occupe * Mémoire lû à la rentrée publique de l'Académie des Sciences, après Pâques 1745. **Effai fur l'Electricité des Corps, imprimé en 1746. aujourd'hui auffi n'eft-ce point pour en tirer vanité que je fais cette remarque; mais feulement pour montrer que mon opinion doit être fuffifamment connue. Cette publicité, & les invitations que J'ai faites aux Phyficiens en général & fpécialement à ceux qui m'honorent de leur correfpondance, n'ont fait naître de leur part aucune objection affez forte pour me faire abandonner mes premieres pensées. J'ai recueilli les plus confidérables de ces difficultés dans le premier Difcours : je laiffe à penfer au Lecteur, fi les Réponses que j'y ai jointes, me mettent en droit de perféverer dans mon fentiment, ou fi ce font les vains efforts de la prévention & de l'opiniâtreté. De mon côté, je me fuis appliqué particulierement à examiner fi cette théorie pourroit fervir à rendre raison, non-feulement des principaux Phénoménes, comme il me femble l'avoir fait en la propofant dans mon Effai; mais encore à expliquer leurs circonftances, & les effets qui en dépendent; perfuadé que fi le mécanisme de l'Electricité, étoit véritablement celui que j'avois imaginé, cette premiere clef me mettroit peu à peu en poffeffion des autres, & me feroit pénétrer plus avant dans le fecret de la nature. On peut donc confidérer ce que contient ce nouveau volume comme un second Effai, dont le fort bon ou mauvais doit achever de décider celui du premier. Si les explications qu'on y trouvera paroiffent plaufibles, comme elles font toujours fondées fur le même principe, je pourrai me flater plus que jamais d'avoir découvert il y a plus de trois ans, en quoi confifte cet état des corps, ou cette vertu, qu'on nomme ร Electricité. En un mot, par le degré de folidité qu'on remarquera dans les différentes parties de l'édifice, on jugera de la valeur des fondemens. J'ai partagé mon Ouvrage en cinq Difcours, dont chacun a son objet particulier. Le premier contient des Réponfes à quelques Auteurs qui ont écrit fur l'Electricité, & qui ont attaqué ma théorie, ou contredit les faits que j'ai publiés ou adoptés mon deffein n'étoit pas de le faire entrer dans le corps de l'Ouvrage ; je voulois feulement en faire une Brochure à part, que j'aurois diftribuée autant que je l'aurois crû néceffaire pour ma défense; mais j'ai cédé aux avis de quelques perfonnes qui ont crû voir dans cette partie des éclairciffemens dont pourroient profiter d'autres que mes Critiques. C'eft pour la premiere fois que je m'effaye dans ce genre d'écrire, & ce n'eft pas fans une forte de regret. Quelque confidération, & quelque eftime que l'on conferve pour les perfonnes à qui l'on répond; je fens qu'il eft bien difficile à un Auteur attaqué de fe contenir dans une modération exactement philosophique je ne crois pourtant pas m'en être écarté au point de m'attirer des reproches de la part des perfonnes fenfées ; & l'on peut voir par les expreffions de l'agreffeur, que j'ai toujours rapportées en caracteres italiques, fi les miennes font répréhensibles ou : excufables. Tout le monde aujourd'hui fe mêle d'électrifer, & de dire fon fentiment fur les queftions qui concernent cette Matiere. Il n'en réfulteroit qu'un bien, fi tous ceux qui mettent la main à l'ouvre, & qui rendent compte au |