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nager dans la journée des momens pour réfléchir fur les chofes qu'on a vûes, & des heures pour l'étude. Ce feroit manquer de goût pour les chofes folides, & s'intéreffer bien peu à la raison & à l'efprit humain, , que de ne pas chercher à connoître les meilleurs Auteurs en chaque genre, & l'état préfent des lettres & des fciences dans le pays où l'on eft, l'efprit & le coeur peuvent profiter beaucoup dans cette recherche.

On a fait en Angleterre une hiftoire générale des voyages par terre & par mer, qui ont été publiés jufqu'à préfent dans les différentes langues de toutes les nations connues. C'est un ouvrage très-curieux & très-utile: une de nos meilleures plumes eft actuellement occupée à le traduire. Les trois (a) premiers volumes qui ont paru depuis (a) Il y en aura 10. Vol. in-4o.

peu en font defirer la fuite. Ceux qui ont à voyager trouveront dans cette collection de fort bons guides, & ceux qui ne peuvent entreprendre des voyages, y verront l'état actuel de toutes les nations. On peut lire auffi le livre de Baudelot, de l'utilité des voyages, 2. vol. in-12. Paris 1686.

CHAPITRE VII.

Du choix d'un état. Les hommes formant différen

tes fociétés, chacun contracte en naiffant l'obligation d'être utile à celle dont il eft membre. « Ceux « qui (a) n'embraffent aucune proa feffion pechent manifeftement << contre la loi naturelle. » Chez les anciens Egyptiens il n'étoit (a) Puf. Dev. de l'Hom. & du Cit. Ch. 8.

point permis d'être inutile à l'Etat (b). La loi affignoit à chacun fon emploi, & toutes les profeffions y étoient honorées. Le mépris public eft juftement dû à celui qui, pour être moins diftrait dans les plaifirs que procure une fortune aifée, refte dans une vie molle & oifive; c'est un poids inutile à l'Etat. Une ame bien née doit avoir le noble defir d'être utile à fa Patrie: c'eft ainfi qu'on fe rend digne d'eftime & de confidération ; & qu'on mérite de la part du public, des honneurs proportionnés aux fervices qu'on lui rend.

Il faut donc choisir une profef fion dans laquelle on puiffe fervir fa Patrie, en rempliffant les devoirs de fon état dans toutes fes parties. Il y a de l'injustice à occuper une place qu'on ne mérite point: car il ne fuffit pas de pofféder un em→

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ploi comme une décoration qui n'exige aucun travail. C'eft fe tromper que de penfer ainsi ; c'est n'avoir qu'un faux fentiment de l'honneur, qui doit être plus cher que les autres biens, & que la vie même. Le choix dont nous parlons eft très-important. Le bonheur ou le malheur de la vie, l'honneur ou la honte en dépendent. L'éclat des dignités que nous voyons poffédées par les autres nous les fait admirer & rechercher, parce qu'il nous éblouit. Mais fi nous en examinons foigneufement l'intérieur, nous y trouverons bien des fujets de dégoût.

Un violent defir de s'élever & de s'enrichir, une coûtume impérieufe, ou des préjugés trompeurs ne doivent pas non plus nous faire prendre un parti qui nous couvre de honte, en expofant au jour notre incapacité.

Pour bien réuilir dans une profeffion, il faut y apporter les difpofitions néceffaires. On doit examiner avec foin celles que la nature a mise sen nous: on ne peut fe tromper en la fuivant ; c'est une mere bienfaifante qui partage fes dons entre les hommes pour l'utilité commune. Le befoin mutuel est le fondement de la fociété : les uns font avec une facilité finguliere, ce que les autres ne fauroient faire avec beaucoup de peine. Ceux-ci ont des talens pour une chose, ceux-là pour une autre ; il eft auffi rare que tous ces talens fe trouvent réunis dans un feul, que de trouver une perfonne qui n'en ait

aucun.

Cependant comme la nature en nous donnant des difpofitions pour une profeffion, nous porte ordinairement à l'embraffer, auffi un penchant pour une profession annonce

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