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ciliables du mérite guerrier, naissent du fein des richesses!

Je paffe aux qualités d'un Général; aucun emploi n'en demande peut être un affemblage d'auffi grandes & d'auffi rares. La force d'une Armée dépend plus de la capacité du Général, que du nombre des troupes. Il doit être vaste dans fes deffeins, pénétrant dans fes confeils; régler le préfent, prévoir l'avenir, avec une prudence acquife par l'expérience & le favoir. Impénétrable dans fes deffeins, il doit découvrir les fecrets les plus cachés des ennemis, & renverfer leurs projets. Il fe fert utilement de la connoiffance qu'il a du génie des Généraux ennemis, également habile à fe tirer du péril, & à y jetter les autres. Il fait tirer avantage des moindres hafards, vaincre, & profiter d'une victoire, ou prendre une fage réfolution dans un fuccès in

certain ou malheureux. Son jugement eft folide, ferme, décifif. Il connoît toûjours le meilleur parti & le plus jufte. Il laiffe avec patience mûrir les entreprises, & les exécute avec vigueur. Il est vigilant, actif, laborieux : il y a de la dignité dans tout ce qu'il fait, & dans tout ce qu'il dit. Il regarde les difgraces & les fuccès, la vie & la mort avec une égale tranquilité. Jamais il ne paroît plus de férénité fur fon front, que lorfque tout lui femble défefpéré ; il conferve toute fa préfence d'efprit dans la chaleur de l'action. Jufte, integre, humain; il eft avec les troupes qu'il commande comme un pere de famille avec fes enfans: il récompenfe ou punit felon qu'on en eft digne. Ses rares vertus lui attirent l'affection & la confiance de fes troupes, qui fe croyent sûres de vaincre quand il marche à leur tête. Il ne prodigue

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doit, la fin pour laquelle l'homme eft né, fes befoins, fa force, fa foibleffe; elle connoît l'utilité de l'union, & fes fondemens les plus folides; elle diftingue les intérêts de chaque fociété, fonde le cœur, apperçoit les paffions, & trouve les moyens de les réprimer, ou même de les tourner au bien de la fociété; voilà le fond des loix & du droit. On fait que ces petites Républiques de la Grece, fi renommées dans l'Hiftoire, ne fe font rendues célebres qu'en obfervant les loix qu'elles reçurent des Philofophes: fouvent ils étoient les Oracles que les Princes confultoient; Rome même doit peut-être à Numa l'Empire du monde. La Logique forme le raifonnement. Les Mathématiques fervent auifi à la jufteffe de l'efprit, & donnent des principes pour parvenir à plufieurs connoiffances. La Morale eft la plus utile des sciences

nes,

pour l'étude du Droit ; c'eft d'elle qu'il tire fes principes. L'Eloquence fert à peindre, raconter, difcuter, confoler, retenir, encourager, perfuader; en un mot, dans toutes les occafions où il faut parler ou écrire. La Géographie eft néceffaire pour connoître l'étendue, les borles limites des Etats, l'utilité des places, les routes, les canaux, les rivieres, les ports & les mers. L'Hiftoire univerfelle contient tous les titres du genre humain:on y trouve fon origine, fes loix, fes coûtumes, ses intérêts, fes prétentions, fes droits, fa puiffance; en un mot, toutela politique. Pour trouver les fources où l'on peut puifer les connoiffances dont on a befoin, il faut connoître les livres, & entendre plufieurs langues. Je paffe ici légerement fur les études préliminaires de la politique, parce que j'en ai parlé ailleurs avec plus d'étendue.

guere de moyens légitimes de s'enrichir. Un Ariftide chez les Athéniens, un Fabricius chez les Romains, après avoir commandé des Armées victorieufes, ne laifferent pas de quoi payer leurs funérailles. Ils ne connoiffoient point ces projets de fortune pour eux-mêmes, ni ces vains établissemens pour leur famille, dont les ames vulgaires fe laiffent enchanter : la gloire & l'intérêt de l'Etat étoit toute leur ambition.

CHAPITRE I X.
De la Politique,

JE crois que c'eft négliger une chofe très-utile, que de ne pas donner aux jeunes gens les premiers principes de la Politique. C'est l'Art de rendre les peuples heureux en

les

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