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dinal Mazarin! Les Lettres (a), Mémoires & Négociations du C. d'Eftrades, font voir de la dextérité dans fa conduite, & de la fermeté à foûtenir fes droits. Ces ouvrages fuffifent à un bon efprit ; il n'eft pas néceffaire d'en citer davantage.

CHAPITRE X.
Du Mariage.

IL manqueroit quelque chose de trop important à ce que j'ai dit fur le choix d'un état, fi je ne parlois pas du Mariage. Il eft la fource des hommes, & le fondement de la fociété civile ; il donne des citoyens à la république, des enfans légitimes aux peres, & des fucceffeurs dans leurs biens.

Comme il n'y a point d'état où (4) A Amsterdam, 1789.

l'homme foit parfaitement heureux, celui-ci a fes plaisirs & ses peines. Deux coeurs font réunis auffi étroitement, que s'ils ne faifoient qu'un; par un effet merveilleux, les plaifirs fe multiplient en fe partageant, & les peines font adoucies par les foins, & les confolations réciproques. On reffent une joie infinie à fe voir, pour ainsi dire, renaître dans fes enfans, & ces fruits d'un heureux mariage refferrent encore les noeuds de la tendreffe, & réuniffent davantage les intérêts. Les foins & les peines qu'il faut prendre, pour élever ces nouveaux citoyens, font changés en plaisirs, par une vive impreffion de la nature. Les petites careffes, les amusemens de ces tendres enfans, ont pour les peres des charmes qu'on ne peut exprimer. Mais pour goûter toutes ces douceurs, il faut que les perfonnes foient bien assorties:

autrement le mariage eft un dur efclavage, dont les chaînes pefantes ne peuvent se brifer que par la fin de la vie de l'un ou de l'autre ; & le poids en eft encore augmenté par les attentions, & les foins que la bienféance exige. Combien y a-t'il de ces fociétés, qui, fous des apparences tranquiles, cachent les dégoûts les plus invincibles, les remords les plus cuifans, & les chagrins les plus vifs! Si, pour rendre ces chaînes plus fupportables, on vient à une séparation, alors on eft le fcandale & la fable du Public; l'un & l'autre, & fouvent tous les deux, en effuient les mépris.

Le Mariage eft donc l'action de la vie la plus importante; on ne peut trop y réflechir. La raison seule doit préfider dans le choix qu'on veut faire : il faut rapporter à fon Tribunal févere toutes fes penfées,

&

de la Nobleffe.

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& tous fes fentimens. C'eft de l'amour dont nous devons le plus nous défier, avant que de nous engager.

On peut lui réfifter quand il commence à

naître,

Mais non pas le bannir quand il s'eft rend

maître ;

Il entre avec douceur, mais il regne par force
Corneille. Hor. Trag. Acte 3. S. 4.

Cette paffion nous préfente les chofes du côté qui lui eft le plus avantageux; & par je ne fai quel enchantement, elle nous cache ou nous fait adorer jufqu'aux défauts de fon objet : illufion fâcheufe qui fe diffipe bien-tôt après le mariage, & qui nous laiffe, mais trop tard, appercevoir la réalité.

Il faut donc être attentif à ne pas fe laiffer furprendre par les fens, à n'avoir point d'égards aux qualités extérieures, & à faire peu de Aaa

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cas des talens, qui ne contribuent point au bien du cœur, & qui n'apportent aucunes lumieres à l'efprit. Il eft difficile, je l'avoue, de fe garantir des appas du beau fexe, tous les charmes font répandus fur

lui.

De tous les avantages extérieurs, celui qui a le plus de pouvoir eft la beauté. Soutenue par les graces du corps, & par certains agrémens de l'efprit, elle ravit, elle enchante, elle embrafe le coeur comme un feu dévorant; & les défauts du coeur & de l'efprit difparoiffent. Mais cette beauté n'a qu'un vain éclat, que les années & les accidens du mariage terniffent bien-tôt : à mefure que la beauté difparoît, les défauts fe découvrent davantage. D'ailleurs, plus une femme eft belle, & plus fa vertu eft expofée au danger. On s'empresse à lui plaire, on met tout en usage pour la fé

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