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la raison, & qu'une attitude ou un mouvement défagréable ne l'est pas. Par exemple, en marchant, le centre de péfanteur du corps est alternatif fur les piés : cela eft conforme aux loix méchaniques, cela eft naturel ; fi la tête & les épaules tombent en avant, fi les hanches reftent plus en arriere que les jambes, ce font des mouvemens nonnaturels ; toutes les parties du corps font gênées ; il faut néceffairement que tous les mouvemens foient fans agilité, fans aifance, & fans grace.

La danfe dans fon origine fut infpirée par la joie & la gaieté ; enfuite on affujettit les mouvemens irréguliers, aux loix d'une mefure & d'une cadence reglée. Si l'on préfente la main en la pouffant avec force, ou rudeffe, cela ne convient qu'à un travail pénible, ou à la mauvaise humeur ; il faut que tous les mouvemens du corps, & l'air

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du vifage, marquent la douceur & la gaieté : cela est naturel à la danfe. On pourroit aufli faire fentir aux jeunes gens qu'il eft des attitudes, & des mouvemens qui font voir les parties du corps dans des jours avantageux, c'eft ce qu'on choifit pour la danfe, ainfi qu'on le fait pour la peinture, & pour la sculpture. Je ne dis ceci que pour faire comprendre la maniere dont je voudrois enfeigner le fruit des leçons feroit moins tardif & plus fûr; en perfuadant l'efprit, il eft plus facile d'affujettir le corps.

Par oeconomie la plupart des parens prennent d'abord de mauvais maîtres, & enfuite ils en prennent de fameux, pour donner la perfection: c'est une erreur. On eft contraint d'avoir les premiers fort long-tems, parce qu'ils ne favent pas enfeigner, & les derniers ont plus de peine à corriger les

mauvaises habitudes, il leur faut pour cela plus de tems que fi les jeunes gens n'avoient jamais rien appris, par conféquent je crois que l'oeconomie n'y gagne rien, & c'est beaucoup de peine & de tems perdus. On doit toûjours choisir les meilleurs Maîtres pour les premieres leçons, leurs principes font plus fûrs, & leur méthode eft plus courte. Ce que je dis ici de la danse peut s'appliquer à tout.

L'exercice du cheval eft d'ufage dans toutes fortes d'états, dans la paix & dans la guerre, foit pour la fanté, foit pour le plaifir, foit pour la néceffité. Cependant chacun felon fa profeffion, doit s'appliquer plus ou moins à l'art de monter à cheval. Ce que l'on enfeigne aux Académies eft utile pour donner de la grace, & de l'aifance au Cavalier, de la fermeté pour parer les accidens d'un cheval vicieux, de

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l'adreffe pour le guider à sa volonté, de l'intelligence pour le dreffer à différens ufages, & pour lui donner une posture agréable. Il ne me paroît pas qu'il y ait rien dans cet exercice qui empêche un homme de condition d'en faire un amusement pendant fa vie : mais il deviendroit condamnable s'il en faifoit fon unique occupation; il eft né pour de plus grandes choses.

Quoique cet exercice foit celui que les jeunes gens aiment davantage; ils ne s'y appliquent cependant pas affez pendant qu'ils font à l'Académie. Les Maîtres s'attachent fur-tout à la grace du corps, mais les écoliers ne montent à cheval que par routine; de forte que fouvent c'est le cheval qui conduit le Cavalier, & l'animal prévient prefque toûjours les aides, à la parole de l'Ecuyer. Je voudrois donc les jeunes gens s'appliquaffent

que

davantage aux principes de l'art. On fera bien de leur donner l'Ecole de Cavalerie par M. de la Guériniere; c'est une théorie claire & folide, qui jointe à la pratique, applanit bien des difficultés, & ouvre une voie plus prompte, plus facile, & plus sûre pour réuffir dans l'art de monter à cheval. On voit fouvent de jeunes gens, qui au fortir de l'Académie, ne favent pas le nom des parties extérieures du cheval: il eft pourtant nécessaire non-feulement qu'ils les connoiffent, mais encore qu'ils puiffent en diflinguer les beautés & les défauts; qu'ils fachent l'ufage à quoi cet animal eft propre felon fon efpece ; & qu'ils aient la connoiffance des maladies auxquelles il eft fujet, afin d'éviter, autant qu'il eft poffible, d'être trompés dans un commerce auffi frauduleux, que l'eft celui des chevaux. Il feroit bon auffi qu'ils appriffent les reme

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