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C.D 1218

. P23 846

V.4.

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0980774-190

PRÉFACE.

Nous faisons paraître, quinze mois après le premier fascicule, celui qui complète le quatrième tome de notre Collection et donne aux lecteurs la suite

à l'Hôtel-Dieu de Paris.

Ce tome IV renferme :

mais non la fin des documents relatifs

1o L'analyse des 34 derniers registres (132 à 165), années 1582 à 1599, de la Collection des comptes de l'Hôtel-Dieu telle qu'elle était après l'incendie de 1871, telle qu'elle existe encore aujourd'hui sur les tablettes de notre dépôt;

2o La collection des documents relatifs aux dons et legs faits aux hôpitaux parisiens principalement à l'Hôtel-Dieu antérieurement à 1791.

C'est de cette dernière collection que nous voulons dire un mot; c'est elle qui fait l'objet de notre courte préface.

Les lecteurs qui s'intéressent aux choses du passé sont moins rares en France qu'on ne le suppose. S'ils veulent bien prendre en mains le tome II de l'Inventaire de nos Archives, réimprimé il y a deux ans, et s'ils rapprochent l'analyse sommaire, qui a été donnée dans cet inventaire des anciens dons et legs, de la publication que nous faisons ici de ces documents, ils observeront d'abord que cette collection a été atteinte par l'incendie dans une proportion que nous avons estimée ailleurs à un sixième environ.

Nous nous hâtons d'ajouter que cette évaluation numérique n'est aucunement en rapport avec la valeur intrinsèque des documents. L'archiviste de l'Administration prit, au moment voulu, les précautions commandées par les circonstances pour préserver de tout événement fâcheux les parties les plus précieuses du dépôt confié à sa garde, et nos regrets, en ce qui concerne les dossiers de dons et legs incendiés en 1871, ne doivent porter que sur un très petit nombre de fonds.

C'est encore, dans l'état actuel de nos Archives, une riche et importante collection que celle des Dons et Legs. Il serait superflu de rappeler ici que, pendant plusieurs siècles, avant l'établissement de l'Hôpital général, l'Hôtel-Dieu fut en possession d'une sorte de faveur du public charitable.

Peu de testaments qui ne renfermassent à son profit au moins un legs particulier, le don d'une

somme d'argent, d'un office de judicature, etc.; le nombre des legs universels qui lui furent faits fut considérable, et si l'on veut bien remarquer que cette collection des Dons et Legs ne renferme aujourd'hui que des pièces des xvi et xvme siècles, l'on sera conduit à penser que les archives de l'Hôtel-Dieu, au moment de la réunion en un dépôt unique de toutes les archives hospitalières de Paris, ne possédaient déjà plus les dossiers des donations faites par testament à une époque antérieure.

Tous les noms, tous les rangs de l'ancienne Société Française se rencontrent et se confondent dans cette intéressante collection des Dons et Legs. Voici d'humbles serviteurs du vieil hôpital, un pannetier, des dépensiers, un employé du Bureau de l'Hôtel-Dieu 1, des artisans, de riches bourgeois, des prêtres, des magistrats, de grands seigneurs, de nobles dames.

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Lorsque survenait le décès d'un de ces bienfaiteurs de l'Hôtel-Dieu, les administrateurs, s'il s'agissait d'un legs universel, entraient, en leur qualité de légataires, en possession de tous les papiers faisant partie de la succession. C'est ainsi que dans le présent tome IV se rencontrent les documents les plus variés, et, nous semble-t-il, les plus intéressants à des titres divers. Qu'il nous soit permis de les résumer brièvement.

Antoine Arnauld, dit de Pomponne, parce qu'il fut seigneur du village de ce nom, situé près de Lagny, était fils aîné de Robert Arnauld d'Andilly. Abbé de Chaumes en Brie, puis secrétaire de son oncle, Henri Arnauld, évêque d'Angers, dont il administra assez mal le temporel, il mourut en 1698, laissant par testament tous ses biens à l'Hôtel-Dieu. L'inventaire après décès renferme l'analyse d'un certain nombre de contrats intéressant la famille des Arnauld, avec les noms des notaires qui passèrent les actes.

Jean Ballesdens, de l'Académie Française, mort en 1675, avait, par un testament du 16 avril 1672, légué toute sa fortune à l'Hôtel-Dieu; l'inventaire et la prisée des livres qui composaient la bibliothèque de ce bibliophile connu nous ont paru présenter assez d'intérêt pour que nous en ayons fait imprimer à part 200 exemplaires, qui ont été distribués aux membres de l'Académie Française et à un certain nombre de savants.

Philippe de Berthier, abbé de Saint-Vincent de Senlis, mort dans les derniers jours de l'année 1667, avait, par son testament du 25 mai de la même année, fait donation de tous ses biens à l'Hôtel-Dieu, après exécution de fondations particulières au profit des Incurables et de la Charité de Paris, des pauvres enfermés de Paris, Tours et Senlis. Un état au vrai du revenu de l'abbaye de Senlis (xvire siècle) offre de l'intérêt pour l'histoire de cette partie du département de l'Oise.

Les papiers provenant du legs universel de Madame de Bort doivent être particulièrement signalés à ceux qui s'occupent de l'histoire littéraire du xviro siècle, et pour qui l'hôtel de Rambouillet n'a plus de secrets.

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Marie Bonney était la veuve d'Antoine de Bort, qui avait été l'intendant du duc de Montausier; les six cartons du legs de Bort renferment un grand nombre de pièces se rapportant soit à la personne, soit à la maison de Montausier et de la non moins célèbre Julie d'Angennes, sa femme.

François de Caillières, secrétaire du cabinet du Roi, diplomate et membre de l'Académie Française, mort en 1717, est aussi au nombre de nos bienfaiteurs.

Son testament est du 4 août 1716, et l'inventaire après décès donne une longue suite de tableaux dont beaucoup étaient des originaux de maîtres.

Henri Chahu, trésorier de France, et sa parente, Madame Claude Chahu, morte quelques années après lui, en 1683, appartenaient à la haute et riche bourgeoisie parisienne, fort bien apparentés d'ailleurs, et vivant dans l'intimité des plus hauts personnages de leur temps.

C'est par suite du legs universel de Madame Chahu que la seigneurie de Passy entra dans le domaine de l'Hôtel-Dieu.

Claude Chahu avait, en 1658, par voie d'échange, acquis cette seigneurie de Louis de Hangest, vicomte d'Argenlieu; les administrateurs de l'Hôtel-Dieu ne jugèrent pas à propos de garder cette terre et la vendirent (1684) à Arnaud de la Briffe, chevalier, maître des requêtes ordinaires de l'Hôtel.

Les amis de l'Histoire de Paris et du Parisis remarqueront dans ce fonds quelques pièces relatives au domaine seigneurial de Passy et à l'église de ce lieu.

Nous nous bornerons à rappeler d'un mot le legs universel Joulet de Châtillon. Nous avons consacré à la mémoire de ce bienfaiteur peu connu des Incurables une brochure spéciale dont l'objet est d'appeler l'attention sur l'importance de la donation qu'il fit à l'Hôtel-Dieu, pour la fondation de l'hospice des Incurables. Nous aimons à penser que ce petit travail n'aura pas été inutile, et que désormais les érudits retiendront le nom de Joulet comme étant celui du véritable fondateur de notre hospice d'Incurables.

Marie de Guise et de Joyeuse, princesse de Joinville, dite Mademoiselle de Guise, mourut en 1668, ne faisant par testament qu'un legs particulier de 50,000 livres à l'Hôtel-Dieu. Mais les administrateurs de cet hôpital et ceux de l'Hôpital général avaient été choisis par elle pour exécuter son testament. Cette circonstance explique la présence dans nos Archives de toutes les pièces relatives à la succession de Mademoiselle de Guise.

L'inventaire après décès renferme une longue et intéressante liste de tableaux, bijoux et objets d'art. On y trouve aussi l'analyse d'un grand nombre d'actes relatifs aux Guise; les noms des notaires étant toujours indiqués, il sera facile de recourir aux originaux, s'ils existent encore dans les minutiers de Paris et de la province.

Pierre Lavisey, écuyer, contrôleur général des fortifications en Champagne, Brie et Lorraine, mourut en 1661, assassiné, disent nos documents, par un maître jardinier de Paris.

Par son testament, en date du 6 mai 1649, il faisait don de toute sa fortune à Jacques Lambin,

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avocat au Parlement, et, par substitution, à l'Hôtel-Dieu pour un cinquième, aux Incurables, au grand Bureau des Pauvres, aux pauvres enfermés et à la Charité pour les quatre autres cinquièmes. Les papiers de Lavisey présentent de l'intérêt pour l'histoire militaire de la France au XVIIe siècle. Sa correspondance avec les commis employés au contrôle des fortifications de Verdun et de Châlons fournit de curieux détails sur la situation de ces deux villes.

Nous voici maintenant en présence d'un grand nom et d'une bien touchante histoire; ce nom est celui de Lionne, cette histoire est celle d'une honnête fille d'Alsace, belle autant qu'honnête, mais dont la beauté faillit causer le malheur.

Marie-Sophie Jæger, fille d'un cabaretier de Wissembourg, par la perfection de ses traits et sa distinction naturelle, attirait, disent les chroniqueurs, les regards de toute la jeunesse de sa ville natale.

Le marquis Ch. Hugues de Lionne, petit-fils du ministre et colonel d'un régiment en garnison à Wissembourg, partagea l'engouement général pour cette belle fille, et sa passion devint si vive, qu'il l'épousa. Il ne tarda pas à regretter cette mésalliance et mit tout en œuvre pour obtenir l'annulation de son mariage. Il n'y parvint pas; et Sophie Jæger, par un arrêt du Conseil souverain d'Alsace (1719), fut reconnue comme femme et légitime épouse du marquis.

La marquise de Lionne mourut cinquante-deux ans après le gain de son procès, en possession du nom et de la fortune de son mari, à qui elle avait survécu vingt-huit ans.

Toute cette fortune des Lionne, sauf un legs fait à une sœur de la marquise, fut léguée à l'Hôtel'Dieu; et c'est grâce aux papiers de cette succession que nous avons pu raconter ailleurs ce curieux épisode de l'histoire judiciaire de notre Alsace.

Le fonds de Lionne comprend plus de vingt cartons et renferme un grand nombre de pièces fort intéressantes sur le ministre de Lionne et sur sa famille.

déjà longue, quoique rapide

Pour terminer cette revue des documents publiés dans ce tome IV, nous nous bornerons à citer les legs faits à l'Hôtel-Dieu par le chanoine Lemasle des Roches, intendant du cardinal de Richelieu, par les archevêques de Paris: de Noailles et de Vintimille, par le commandeur Brûlart de Sillery1 et par Ch.-F. Talon, curé de Saint-Gervais de Paris, frère de l'illustre jurisconsulte et orateur Omer Talon.

D'utiles renseignements se trouvent dans les papiers recueillis par l'administration de l'ancien Hôtel-Dieu à la suite de ces legs. Nous n'avons pu tout publier et nous avons dû nous restreindre à ce qui nous paraissait être d'intérêt général.

Nous aurons atteint notre but si l'attention des curieux est éveillée et si le public, qui déjà connaît le chemin de nos Archives, y vient fréquemment consulter nos layettes et nos cartons. Un dernier mot avant de finir.

' L'ami de Madame de Chantal, supérieure des filles de la Visitation; il donna une somme très importante pour la construction de l'église de cette communauté (aujourd'hui temple réformé de Sainte-Marie) et en posa la première pierre le 31 octobre 1632.

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