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Car les termes, comme nous avons déja dit dans la premiere partie, font ou finguliers, ou communs & univerfels.

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Et les termes univer fels peuvent être pris ou felon toute leur étendue en les joignant aux fignes univerfels exprimés ou fous-entendus comme omnis, tout pour l'affirmation; nullus, nul; pour la négation, tout homme, nul homme. Ou felon une partie indéterminée de leur éten→ que, qui eft lorfqu'on y joint le mot aliquis, quelque, comme quelque homme, quelques hommes, ou d'autres felon l'ufage des langues.

D'où il arrive une difference notable dans les propofitions. Car lorfque le fujet d'une propofition eft un terme commun qui eft pris dans toute fon étendue, la propofition s'appelle univerfelle, foit qu'elle foit affirmative, comme tout impie eft fou; ou negative, comme nul vicieux n'est beureux.

Et lorfque le terme commun n'eft pris que felon une partie indéterminée de son étendue caufe qu'il eft refferré par le mot indéterminé quelque, la propofition s'appelle particuliere, foir qu'elle affirme, comme quelque cruel eft lâche, foit qu'elle nie, comme quelque pauvre n'est pas malheureux.

lier

Que fi le fujet d'une propofition eft fingucomme quand je dis Louis XI I I. a pris l'a Rochelle, on l'appelle finguliere.

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Mais quoique cette propofition finguliere foit differente de l'univerfelle, en ce que fon fujet n'eft pas commun, elle s'y doit néanmoins plutôt rapporter qu'à la particuliere; parceque fon fujet par cela même qu'il eft fingulier, eft néceffairement pris dans toute fon étendue, ce qui fait l'effence d'une propofition univerfelle, & qui la diftingue de la particuliere. Car il importe peu

pour

l'univerfalité d'une propofition, que l'éten➡ due de fon fujet foit grande ou petite, pourvû que quelle qu'elle foit on la prenne toute entiere. Et c'eft pourquoi les propofitions fingulieres tiennent lieu d'univerfelles dans l'argumentation. Ainfi l'on peut réduire toutes les propofitions à quatre fortes, que l'on a marquées par ces quatre voyelles A. E. I. O. pour foulager la me

moire.

A. L'univerfelle affirmative, comme Tout vicieux eft esclave.

E. L'univerfelle négative, comme Nul vicieux r'eft heureux.

1. La particuliere affirmative, comme Quelque vicieux eft riche.

O. La particuliere négative, comme Quelque vicleux n'eft pas riche.

Et pour les faire mieux, retenir on a fait ces deux Vers:

Afferit A. negat E. verùm generaliter ambo, Afferit, I, negat, O, fed particulariter ambo. On a auffi accoûtumé d'appeller quantité, Funiverfalité ou la particularité des propofi

tions.

Et on appelle qualité, l'affirmation ou la négation qui dépendent du verbe qui eft regardé comme la forme de la propofition.

Et ainfi A. & E. conviennent felon la quantité, & different felon la qualité, & de même I & O.

Mais A. & I. conviennent felon la qualité, & different felon la quantité; & de même F. & O.

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Les propofitions fe divifent encore felon la maticre en vraies & en faules. Et il eft clair qu'il n'y en peut point avoir qui ne foient ni

raies i fauffes; puifque toute propofition mar

quant le jugement que nous faifons des chofes, elle eft vraie quand ce jugement eft conforme à la verité, & fauffe lorfqu'il n'y est pas conforme.

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Mais parceque nous manquons fouvent de lumiere pour connoître le vrai & le faux outre les propofitions qui nous paroiffent certainement vraies, & celles qui nous paroiffent certai nement fauffes, il y en a qui nous femblent vraies, mais dont la verité ne nous eft pas fi évidente que nous n'ayons quelque apprehenfion qu'elles ne foient fauffes; ou bien qui nous femblent fauffes, mais de la fauffeté defquelles nous ne nous tenons pas affurés. Ce font les propofitions qu'on appelle probables, dont les premieres font plus probables, & les dernieres moins probables. Nous dirons quelque chofe dans la quatriéme partie de ce qui nous fait juger avec certitude qu'une propofition eft vraie.

CHAPITRE IV.

De l'oppofition entre les propofitions qui ont même fujet & même attribut.

N

Ous venons de dire qu'il y a quatre fortes de propofitions, A. E. I. O. on demande maintenant quelle convenance ou difconvenance elles ont ensemble, lorfqu'on fait du même sujet & du même attribut diverfes fortes de propofitions. C'eft ce qu'on appelle oppofition.

Et il eft aifé de voir que cette oppofition ne peut que de trois fortes; quoique l'une des trois fe fubdivife en deux autres.

être

Car fi elles font oppofées en quantité & en quaité tout enfemble ; comme A. O. & E. I. on les

appelle contradictoires, comme Tout homme eft animal, Quelque homme n'est pas animal, Nul homme n'eft impeccable; Quelque homme est impercable.

Si elles different en quantité feulement, & qu'elles conviennent en qualité, comme A, I, & E, O, on les appelle fubalternes, comme, Tout homme eft animal; Quelque homme eft animal: Nul homme n'eft impeccable, Quelque homme n'eft pas impeccable.

Et fi elles different en qualité, & qu'elles conviennent en quantité, alors elles font appellées contraires ou fubcontraires : contraires, quand elles font univerfelles, comine Tout homme eft animal, Nul homme n'eft animal.

Subcontraires, quand elles font particulieres, comme, Quelque homme eft animal, Quelque homme n'est pas animal.

En regardant maintenant ces propofitions oppofées felon la verité ou la fauffeté, il est aisé de juger.

1. Que les contradictoires ne font jamais ni vraies ni fauffes ensemble; mais fi l'une eft vraie, l'autre eft fauffe, & fi l'une eft fauffe, l'autre eft vraie. Car s'il eft vrai que tout homme foit animal, il ne peut pas être vrai que quelque homme n'eft pas animal; & fi au-contraire il est vrai que quelque homme n'eft pas animal, il n'est donc pas vrai que tout homme foit animal. Cela eft fi clair, qu'on ne pourroit que l'obscurcir en l'expliquant davantage.

2. Les contraires ne peuvent jamais être vraies enfemble; mais elles peuvent être toutes deux fauffes. Elles ne peuvent être vraies, parceque les contradictoires feroient vraies. Car s'il eft vrai que tout homme foit animal, il eft faux que quelque homme n'eft pas animal, qui eft

la contradictoire, & par confequent encore plus nul homme ne foit animal, qui eft la

faux que

contraire.

Mais la fauffeté de l'une n'emporte pas la verité de l'autre. Car il peut être faux que tous les hommes foient juftes, fans qu'il foit vrai pour cela que nul homme ne foit jufte, puifqu'il peut y avoir des hommes juftes, quoique tous ne foient pas juftes.

3. Les fubcontraires par une regle toute oppofée à celle des contraires peuvent être vraies enfemble, comme ces deux ici; Quelque homme eft juste: Quelque homme n'est pas juste, parceque la justice peut convenir à une partie des hommes, & ne convenir pas à l'autre ; & ainfi l'affirmation & la negation ne regardent pas le même fujet, puifque quelque homme eft pris pour une partie des hommes dans l'une des propofitions, & pour une autre partie dans l'autre. Mais elles ne

peuvent être toutes deux fauffes, puifqu'autre

ment les contradictoires feroient toutes deux fauf fes. Car s'il étoit faux que quelque homme fût fufte, il feroit donc vrai que nus homme n'est jufte, qui eft la contradictoire, & à plus forte raifon que quelque homme n'eft pas jufte, qui eft la fubcontraire.

4. Pour les fubalternes ce n'eft pas une veritable oppofition, puifque la particuliere est une fuite de la generale. Car fi tout homme eft animal, quelque homme eft animal: fi nul homme n'eft finge, quelque homme n'eft pas finge. C'estpourquoi la verité des univerfelles emporte celle des particulieres, mais la verité des particulieres n'emporte pas celle des univerfelles. Car il ne s'enfuit pas que parcequ'il eft vrai que quelque homme eft juste, il foit vrai aussi que tout homme eft jufte. Et au-contraire, la fauffeté des parti

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