Imágenes de páginas
PDF
EPUB

enfant, parcequ'ils ont befoin l'un de l'autre. Le foleil eft une caufe propre de la lumiere; mais il n'eft caufe qu'accidentelle de la mort d'un homme que fa chaleur aura fait mourir, parcequ'il étoit mal difpofé.

Le pere eft caufe prochaine de fon fils.
L'ayeul n'en eft que caufe éloignée.
La mere eft une cause productive.

La nourrice n'eft qu'une caufe confervante. Le pere eft une caufe univogue à l'égard de fes enfans, parcequ'ils lui font femblables en na

ture.

Dieu n'eft qu'une caufe équivoque à l'égard des creatures, parcequ'elles ne font pas de la nature

de Dieu.

Un ouvrier eft la caufe principale de fon ouvrage, fes inftrumens n'en font que la caufe inf

trumentale.

L'air qui entre dans les orgues eft une caufe univerfa de l'harmonie des orgues.

La difpofition particuliere de chaque tuyau, & celui qui en joue, en font les caufes particulieres qui déterminent l'universelle.

Le foleil eft une caufe naturelle.

L'homme, une caufe intellectuelle à l'égard de ce qu'il fait avec jugement.

Le feu qui brûle du bois, eft une cause neceffaire.

Un homme qui marche, eft une caufe libre. Le foleil éclairant une chambre, eft la caufe propre de fa charité, l'ouverture de la fenêtre n'eft qu'une caufe ou condition, fans laquelle l'effet ne Le feroit pas, conditio fine qua non.

Le feu brûlant une maison, est la cause thyfique de l'embrafement, l'homme qui y a mis le feu eft la cause morale.

On rapporte encore à la caufe efficiente, la

M. iny.

caule exemplaire, qui eft le modelle que l'on f propofe en faifant un ouvrage, comme le deffe in d'un bâtiment par lequel un Architecte fe conduit ou generalement ce qui eft caufe de l'être objectif de notre idée, ou de quelque autre image que ce foit, comme le Roi Louis XIV. eft la cause exemplaire de fon portrait.

.

LA CAUSE MATERIELLE eft ce dont les chofes font formées, comme l'or eft la matiere d'un vafe d'or: Ce qui convient ou ne convient pas à la matiere, convient ou ne convient pas aux chofes qui en font compofées.

LA FORME eft ce qui rend une chose telle, & la diftingue des autres, foit que ce foit un être réellement diftingué de la matiere, felon Popinion de l'Ecole, foit que ce foit feulement l'arrangement des parties. C'eft par la connoiffanee de cette forme, qu'on en doit expliquer les proprietés.

Il y a autant de differens effets que de caufes, ces mots étant reciproques. La maniere ordinaire d'en tirer des argumens, eft de montrer que G l'effet eft, la caufe eft, rien ne pouvant être fans cause. On prouve auffi qu'une caufe eft bonne ou mauvaife, quand les effets en font bons ou mauvais. Ce qui n'eft pas toûjours vrai dans les caufos par accident.

On a patlé fuffisamment du tout & des parties dans le Chapitre de la Divifion, & ainfi il n'est pas neceffaire d'en rien ajoûter ici.

On fait de quatre fortes de termes oppofés: Les relatifs, comme Pere, fils, Maître, ferviteur.

Les contraires; comme froid, chaud: fain & malade.

Les privatifs, comme la vie, la mort : la vie, Faveuglement: l'ouye, la furdité: Ja fcience, l'i gnorance,

Les contradictoires qui confiftent dans un terme, & dans la fimple negation de ce terme, voir, ne voir pas. La difference qu'il y a entre ces deux dernieres fortes d'oppofés, eft que les termes privatifs enferment la negation d'une forme dans un fujet qui en eft capable; au-lieu que les nega ifs ne marquent point cette capacité. C'estpourquoi on ne dit point qu'une pierre eft aveugle, ou morte, parcequ'elle n'eft pas capable, ni de la vûe, ni de la vie.

Comme ces termes font oppofés, on fe fert de P'un pour nier l'autre. Les termes contradictoires: ont cela de propre, qu'en ôtant l'un on établic

l'autre.

Il y a plufieurs fortes de comparaifons. Car l'on compare les chofes, ou égales, ou inégales; ou femblables, ou diffemblables. On prouve que ce qui convient ou ne convient pas à une chofe égale ou femblable, convient ou ne convient pas à autre chofe à qui elle eft égale ou femblable.

uns.

Dans les chofes inégales on prouve negativement qui fi ce que eft plus probable n'eft pas, ce qui eft moins probable n'eft pas. à plus forte raifon: ou affirmativement, que fi ce qui eft moins probable eft, ce qui eft plus probable eft auffi.. On fe fert d'ordinaire des differences ou des diffi→ militudes, pour ruiner ce que d'autres auroien voulu établir par des fimilitudes: comme on ruine l'argument qu'on tire d'un Arrêt en montrang qu'il eft donné fur un autre cast

Voilà groffierement une partie de ce que l'on dit des Lieux. Il y a des chofes qu'il eft plus atile de ne favoir qu'en cette maniere. Ceux qui en defireront davantage, le peuvent voir dans les Auteurs qui en ont traité avec plus de foin On ne fauroit néanmoins confeiller à perfonner de l'aller chercher dans les Topiques d'Ariftote,.

M.y

parceque ce font des livres étrangement confus. Mais il y a quelque chofe d'affez beau fur ce fujet dans le premier livre de fa Rhétorique, où il enfeigne diverfes manieres de faire voir qu'une shofe eft utile, agréable, plus grande, plus petite. Il eft vrai néanmoins qu'on n'arrivera jamais par ce chemin à aucune connoiffance bien folide.

CHAPITRE XIX.

Des diverfes manieres de mal raisonner, que l'on appelle fophifmes..

Quoique fachant les regles des bons raifon

nemens, il ne foit pas difficile de reconnoître ceux qui font mauvais, néanmoins comme les exemples à fuir frappent fouvent davantage que les exemples à imiter, il ne fera pas inutile de reprefenter les principales forces des mauvais raifonnemens que l'on appelle fophifmes ou paraz logismes; parceque cela donnera encore plus de facilité à les éviter.

Je ne les reduirai qu'à 7. ou 8. y en ayant quelques-uns de fi groffiers, qu'ils ne meritent pas d'ê tre remarqués.

I;

Prouver autre chofe que ce qui eft en queftion: Ce Sophifine eft appellé par Ariftote Ignoratieelenchi; c'eft-à dire, l'ignorance de ce que l'on doit prouver contre fon adverfaire. C'est un vice \ très-ordinaire dans les conteftations des hommes. On difpute avec chaleur, & fouvent on ne s'entend pas l'un l'autre. La paffion ou la mauvaise Lai fait qu'on attribue à fon adverfaire, ce qui eft

éloigné de fon fentiment pour le combattre avec plus d'avantage, on qu'on lui impute les confe-quences qu'on s'imagine pouvoir tirer de fa do&trine, quoiqu'il les defavoue & qu'il les nie. Tous cela fe peut rapporter à cette premiere efpece de Sophifme, qu'un homme de bien & fincere doit éviter fur toutes choses.

Il eût été à fouhaiter qu'Ariftote, qui a eû foin de nous avertir de ce défaut, eût eu autant de foin de l'éviter. Car on ne peut diffimuler qu'il n'ait combattu plufieurs des anciens Philofophes en rapportant leurs opinions peu fincerement. Il refute Parmenides & Meliffus, pour n'avoir ad、 mis qu'un feul principe de toutes chofes, comme s'ils avoient entendu par-là le principe dont elles font compofées, au lieu qu'ils entendoient le feul & unique principe, dont toutes les chofes ont tiré leur origine, qui eft Dieu.

Il accufe tous les Anciens de n'avoir pas reconnu la privation pour un des principes des chofes naturelles, & il les traite fur cela de ruftiques & de groffiers. Mais qui ne voit que ce qu'il nous reprefente comme un grand myftere qui eût été ignoré jufques à lui, ne peut jamais: avoir été ignoré de perfonne, puifqu'il eft impoffible de ne pas voir qu'il faut que la matiere dont on fait une table, ait la privation de la forme de table, c'est-à-dire, ne foit pas table avant qu'on en faffe une table. Il eft vrai que ces Anciens ne s'étoient pas avifés de cette connoiffance pliquer les principes des chofes naturelles, parsequ'en effet il n'y a rien qui y ferve moius, étant: affez vifible qu'on n'en connoit pas mieux com→ ment fe fait une horloge, pour favoir que la matiere dont on la fait a dû n'être pas horloge avant: qu'on en fit une horloge.

pour ex

Cleft. donc une injuftice à Ariftote de reprocket

« AnteriorContinuar »