font un plus grand mal que ne peut être le danger fi éloigné de l'accident qu'ils craignent; mais qu'il faut auffi défabufer tant de perfonnes qui ne raifonnent guéres autrement dans leurs entreprises qu'en cette maniere. Il y a du danger en cette affaire,donc elle eft mauvaise : il y a de l'avantage dans celle-ci; donc elle eft bonne; puifque ce n'eft ni par le danger, ni par les avantages; mais par la proportion qu'ils ont entr'eux qu'il en faut juger. Il eft de la nature des chofes finies de pouvoir être furpaffées, quelque grandes qu'elles foient, par les plus petites, fi on les multiplie fouvent, ou que ces petites chofes furpaffent plus les grandes en vraisemblance de l'évenement, qu'elles n'en font furpaffées en grandeur. Ainfi le moindre petit gain peut furpaffer le plus grand qu'on fe puiffe imaginer, fi le petit eft fouvent reïteré, ou fit ce grand bien eft tellement difficile à obtenir, qu'il furpaffe moins le petit en grandeur, que le petit ne le furpaffe en facilité. Et il en eft de même des maux que l'on apprehende, c'est à dire, que le moindre petit mal peut être plus confiderable que le plus grand mal qui n'eft pas infini, s'il le furpasse par cette proportion.

Il n'y a que les chofes infinies, comme l'éternité & le falut, qui ne peuvent être égalées par aucun avantage temporel : & ainfi on ne les doit jamais mettre en balance avec aucune des chofes du monde. C'eft pourquoi le moindre degré de facilité pour fe fauver, vaut mieux que tous les biens du monde joints ensemble; & le moindre peril de se perdre, est plus confiderable que tous les maux temporels confiderés feulement comme maux.

Ce qui fuffit à toutes les perfonnes raisonnables pour leur faire tirer cette conclufion, par laquelle nous finirons cette Logique ; Que la plus grande de toutes les imprudences, eft d'employer fon temps &

fa vie à autre chofe qu'à ce qui peut fervir à en acquetir une qui ne finira jamais; puifque tous les biens & tous les maux de cette vie ne font rien en comparaison de ceux de l'autre, & que le danger de tomber dans ces maux eft très-grand, auffi-bien que la difficulté d'acquerir ces biens.

Ceux qui tirent cette conclufion,& qui la fuivent dans la conduite de lear vie, font prudens & fages, fuffent-ils peu juftes dans tous les raisonnemens qu'ils font fur les matieres de fcience ; & ceux qui ne la tirent pas, fuffent ils juftes dans tout le refte, font traités dans l'Ecriture de fous & d'infenfés,& font un mauvais ufage de la Logique, de la raison, & de la vie.

FIN

LOUIS PAR LA GRACE DE DIEU, ROI DE

FRANCE ET DE NAVARRE: A nos amés & feaux Confeillers, les Gens tenans nos Cours de Parlement, Maîtres des Requêtes ordinaires de notre Hôtel, Grand Confeil, Prevêt de Paris, Baillifs, Senéchaux, leurs Lieutenans Civils, & autres nos Jufticiers, Salut. CATHERINE MANGEANT Veuve du fieur GUILLAUME DESPREZ notre Imprimeur & Libraire ordinaire à Paris, Nous ayant fait remontrer, qu'il lui avoit été mis entre les mains un Livre qui a pour titre Sandi Prospezi Aquitani opera, qua extant omnia ad manufcriptos codices & editiones antiquiores emendata, &c. lequel elle defireroit faire imprimer, pour enrichir davantage la Republique des Lettres; mais parcequ'elle ne peut donner cette nouvelle édition plus parfaite & plus complette que celles qui ont cidevant paru, fans s'engager à une très grande dépenfe: Nous, voulant favorifer le zele de la veuve DESPREZ, lui donner auffi bien qu'à les enfans, les moyens de mettre cet Ouvrage dans fa derniere perfection, encourager les Imprimeurs à entreprendre des éditions des Livres utiles à l'avancement des Sciences & des belles Lettres qui ont toû jours été floriffantes dans notre Royaume, foûtenir en même temps l'Imprimerie, qui a été cultivée par nos fujets avec tant de reputation & de fuccès, & récompenfer ceux qui fe diftinguent dans cette profeffion par les éditions des bons Livres, No's lui avons permis & accordé, permettons &accordons par ces Prefentes, d'imprimer ou faire imprimer ledit Livre intitulé: Sancti Profperi Aquitani opera, qua extant omnia ad manufcriptos codices editiones antiquiores emendata, &c. & de réim

primer ou de faire réimprimer les Livres fuivans: La Religieufe parfaite & imparfaite. Hiftoria & concordia Evangelica. Perpetuité de la foi contre le Miniftre Claude. Préjugés legitimes contreles Calvinistes. Divers ouvrages de pieté tirés des faints Peres. Inftitutions de Taulere. La folitude Chrétienne. Conduite Canonique pour la reception des Filles dans les Monafteres. Differtations fur l'hemine de vin & fur la livre de pain des anciens Moines! Confiderations fur les Dimanches Fêtes. Lettre de Notre Seigneur. C. à l'ame devote par Lanfpergius. La vie de faint JeanChryfoftome. De la bonté de la mifericorde de Dieu,

de notre mifere, traduit de l'Espagnol de Jean de Palafox. Hiftoire & Concorde des quatre Evangeliftes. Traité de l'équilibre des liqueurs, & de la pe fanteur de l'air, par Monfieur Pafcal. Nouveaux élemens de Geometrie. De l'ufage des Sacremens de Penitence d'Euchariftie. Oeuvres Pofthumes de Monfieur Robault. Memoires de Pontis. Renouvellement des Voeux du Batême des Voeux de Religion Traité du culte des Saints, par Monfieur l'Evêque de Caftorie. L'Abregé de l'Hiftoire Ecclefiaftique, par Monfieur le Bret. Saint Auguftin du Don de la perfe verance & de la prédeftination des Saints. Les Conferences de Caffien. L'Imitation de F. C. par Du Benil. Soliloques, Manuel, Meditations de faint Au guftin, avec fon Efprit. De la Pieté des Chrétiens envers les Morts. Penfées de Monfieur Pascal. La Logique, ou l'Art de penfer. Inftruction fur la Pénitence & l'Euchariftie. Epitres & Evangiles, par le fieur de Bonneval. Abregé de l'Inftruction fur la Penitence & l'Euchariftie. Examen des états d condi tions, par le fieur de Saint-Germain. Confiderations fur la Mort Traité de Phyfique,par Monfieur Rohault. Morale Chrétienne fur le Pater, par Monfieur Fleuriot. Inftitution de Caffien. Sainte-Beuve De Co fir matione & Extrema-Unitione. Hiftoire des Varia tions, par Monfieur de Meaux. Les Avertissemens

aux Proteftans, par le même Auteur. L'Expofition de la Foi du même. Ouvrages de Pieté, de Monfieur Hamon Epigrammatum Delectus. Poëme fur le Sacrement de l'Euchariftie. Regle de faint Auguftin, par Hugues de faint Victor. Maniere de remplir les devoirs de la vie Chrétienne. Ceremonies de l'Eglife. Regles du Mariage.Litanies cirées de l'Ecriture Sainte. Poëme de Saint Profper; En telle marge, forme, caractere; en tant de volumes, & autant de fois que bon lui femblera, pendant le temps de quinze années confecutives,à compter du jour de la date des Prefentes, & fans tirer à confequence; à condition neanmoins que l'Impreffion dudit Livre Sandi Profperi Aquitani opera, &c.fera achevée dans le temps de deux ans à compter pareillement lefdits deux ans de la date des Prefentes. Failons défenfes à tous Imprimeurs, Libraires,& autres, d'imprimer, faire imprimer, vendre & debiter lesdits Livres, fous quelque prétexte que ce foit, même d'impreffion étrangere & autrement, fans le consentement de l'Expofante ou de fes ayans caufe, fur peine de confifcation des Exemplaires contrefaits, de trois mille livres d'amende contre chacun des contrevenans,applicable un tiers à Nous, un tiers à l'Hôtel-Dieu de Paris, l'autre à ladite Expofante, & de tous dépens, dommages & interêts; à la charge que ces Prefentes feront enregistrées tout au long fur leRegiftre de laCommunauté des Imprimeurs & Libraires de Paris; & ce dans trois mois de la date d'icelles: que l'impreffion defdits Livres fera faite dans notre Royaume & non ailleurs ; & ce en bon papier, & beaux caracteres, conformé ment aux Reglemens de la Librairie; & qu'avant de les expofer en vente, il en fera mis deux Exemplaires dans notre Bibliotheque publique, un dans celle de notre Château du Louvre, & un dans celle de notre très-cher & feal Chevalier Chancellier de France le fieur Phelypeaux Comte de Pont