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le des regnes d'une Monarchie, tandis que celle de chaque regne particulier ne renferme rien qui foit contraire aux loix de la nature. Si pour foutenir cette Hypothese, il ne faut que des exemples, j'avoue qu'on ne peut les difputer à M.Nevvton.Il paffe en revue plufieurs Monarchies anciennes & modernes ; & de ces differens calculs il refulte que le plus long regne l'un portant l'autre ne s'étend pas au-delà de vingt-deux ans. On s'appercevra aifément que le Chronologifte Anglois varie encore fur l'évaluation des Successions ; il leur donne 15. 18. & 20. ans & plus. Il ne faut point douter que l'incertitude de la Chronologie ne l'ait empêché de porter cette partie de fon Systême, jusqu'à la derniere précision.

Quoique M. Nevvton ait retranché un intervalle de tems fi considérable, il replace les mêmes évenemens ; nul vuide dans fon Systême; les Rois imaginaires, c'est-à-dire, ceux dont on ne connoît aucun exploit memorable ni aucun monument, difparoiffent aussi bien que les Rois aufquels la corruption du nom d'un feul Prince avoit donné l'existence. Les Sçavans jugeront fi ces conjectures font toûjours heureufes.

Je n'ignore pas que le Systême de Monfieur

Nevvton eft regardé, comme une nouveauté trop hardie; cependant quand on fe reprefente que l'ancienne histoire Profane eft rem-. plie de confufion, que les Grecs qui ont écrit tard, font celebres par leurs menfonges & par leurs impoftures, & que les Egyptiens entêtés d'une chimerique antiquité ont rempli de fictions leur Hiftoire; il est difficile de condamner un genie du premier ordre, qui cherche à s'ouvrir une route nouvelle pour debrouiller ce cahos. Que fi l'on confidére avec attention l'enchaînement heureux de fes idées, le mélange ingenieux des faits de toute efpece, les details Chronologiques heureufement prefervés de cette fechereffe qui semble infeparable de la science des tems, les Tableaux que forment l'origine des Bourgs & des Villes, la naissance des Sciences & des Arts ; enfin les consequences qui naissent si rapidement des faits empruntés des anciens Auteurs; en faveur de tant de beautés, ceux même qui n'adopteront pas fes idées, pardonneront à un tel Ecrivain la liberté qu'il s'eft donnée.

Il me fuffit d'avoir marqué les principaux fondemens du nouveau Systême; les détails en font immenfes, le Lecteur fçavant en ju

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tion du P.

gera mieux par la lecture même de l'Ouvrage. Si à la vûe d'un fimple extrait, les Adveríaires de M. Nevvton ont conçu une haute idée Differtade fon efprit & de fa capacité, s'ils y ont ap- Soucict.. perçu une abondance d'érudition & de fagacité, & des biais ingenieux pour tâcher d'ajuster tout à fon Syftême; quelle plus noble idée ne fe formeront-ils pas de l'Ouvrage entier ? En effet tout ce qui peut fervir à rendre l'Erudition curieufe, s'y trouve raffemblé, Mythologie neuve & ingenieuse, Combinaisons heureuses, évenemens rapprochés avec beaucoup d'art, détails curieux, recherches profondes, allufions finement demêlées, étymologies fçavantes, voilà en gros ce qui frappera tout efprit non prévenu; on doit furtout admirer l'étendue de ces connoiffances, dans le plus celebre de tous les Géometres; on fçait que ces Meffieurs tiennent à grand honneur de mépriser la science des faits.

Mr. Conduitt s'eft formé la même idée de cet Ouvrage ; voici comme il s'explique dans fon Epître Dedicatoire.,, Quoiqu'il ne s'a- Page 7. giffe que de Chronologie, l'Auteur qui avoit orné fon efprit d'une infinité de connoiffances, feme de tems en tems des re» marques fur differens fujets, & ces princi

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» pes de vertu & d'humanité qui femblent toûjours avoir dominé dans fon cœur, & avoir été la regle conftante de toutes fes actions; auffi ces fentimens brillent dans tous les écrits; on voit encore dans cet Ouvrage, l'Aftronomie, & des Obfervations exactes fur le cours de la nature, venir au fecours des autres parties de l'Erudition, pour éclairer l'antiquité; on appercevra la penetration & la fagacité particuliere à ce grand Auteur, dans la maniere avec laquelle il diffipe les nuages formés par & par l'Erreur. Quel fpectacle plus agreable, que la naiffance des Arts & des Scien,, ces, & fur-tout de la plus noble & de la plus utile science, dans laquelle M. Nevvton „, furpaffa en peu d'années tous les Sçavans qui l'avoient précedé.

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la Fable

On fçait que les Anglois fe piquent de courage d'efprit, & qu'ils abufent quelquefois de la liberté de penser ; je ne voudrois point affurer, qu'il n'y a rien dans cet ouvrage qui fe reffente de cet excès ; je prie le Lecteur de ne point le mettre fur le compte du Traducteur, qui comme on fçait, n'est que l'éco de fon Original.

Il ne me convient point de rien dire fur

que

cette Traduction; ce que je puis afsurer est qu'elle est litterale ; je dois encore avertir pour ce qui regarde les textes des Auteurs anciens qui ont déja été traduits par des gens habiles, je me suis fervi de ces Traductions; à l'égard des autres paffages, je me fuis attaché à la Traduction Angloise.

a

M. Nevvton cite plufieurs textes de l'Ecriture Sainte, il paroît qu'il les traduit d'après les Originaux Grecs & Hebreux ; quand Ta Traduction m'a paru conforme à la Vulgate, je n'ai point fait difficulté de me fervir de la Traduction de M. de Sacy. Mais lorfque le Sçavant Anglois s'éloigne de notre Vulgate, je me fuis attaché à le traduire fcrupuleufement.

J'ai fait un changement plus confiderable; la plupart des noms propres marqués dans l'Ecriture Sainte, font differens dans l'Auteur Anglois, de ceux de notre Vulgate. Il m'a paru que pour me rendre plus intelligible, je devois fubftituer ceux qui font dans la Vulgate. J'avertis encore qu'à l'égard des autres noms propres il m'eft arrivé de ne les avoir pas toûjours naturalisés ; c'est une irregularité à laquelle l'Original a donné occafion; quoique l'Ouvrage foit Anglois,

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