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CULTURE.

Cet arbre, qui devient affez grand au Pérou, s'éleve aifément dans nos Orangeries; mais on ne peut le conferver en pleine terre qu'à de très-bonnes expofitions, en le couvrant avec foin; encore ne faut-il l'y mettre que quand il est un peu gros. On l'éleve facilement de graines, & on peut le multiplier par des marcottes.

USAGE S.

Le Molle eft un arbre très-joli, mais trop délicat pour fervir à la décoration de nos bofquets. Nous avons cru devoir en parler, parce que probablement on pourroit l'élever en pleine terre dans nos Provinces maritimes, principalement en Provence & en Languedoc, où il pourroit être de quelque utilité: car en faifant bouillir fes baies dans l'eau, on obtient une liqueur vineufe affez agréable, qui eft diurétique ; & l'on retire de fa tige, par incifion, une réfine odorante qui approche de la gomme Elemi. On dit que l'écorce & les feuilles de cet arbre font réfolutives & bonnes contre les humeurs froides.

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y a des Mûriers qui ne portent que des fleurs mâles, & d'autres qui portent des fleurs femelles, ou quelquefois des fleurs mâles & des fleurs femelles fur le même arbre.

Le calyce des fleurs mâles (a) eft divifé en quatre pieces ovales, creufées en cuilleron; elles n'ont point de pétales, mais quatre étamines (b) affez longues, qui partent d'entre les découpures du calyce. Les fleurs font attachées fur un filet en forme d'épi (c).

Le calyce des fleurs femelles eft divifé en quatre parties obtuses, arrondies; elles fubfiftent jufqu'à la maturité du fruit; point de pétales, mais un piftil (d) qui eft formé d'un embryon ovale, & de deux ftyles affez longs & recourbés.

L'embryon & le calyce deviennent une baie fucculente (e), qui contient une femence ovale (f), terminée en pointe.

Ces baies ou grains étant raffemblés fur un poinçon commun, forment une espece de tête plus ou moins allongée (g), qu'on nomme Mûre.

Les feuilles font pofées alternativement fur les branches; mais il y en a de figure très-différente, fuivant les efpeces : les unes font entieres, feulement dentelées par les bords; d'autres font découpées très-profondément comme les feuilles de Figuier; quelques-unes font fort grandes, d'autres fort petites; il y en a de plus rudes les unes que les autres, prefque toutes font d'un fort beau verd, & très-brillantes.

ESPECES.

1. MORUS fructu nigro. C. B. P.
MEURIER cultivé à fruit noir.

2. MO RUS fructu nigro minori, foliis eleganter laciniatis. Inft.
MEURIER ȧ petit fruit noir & à feuilles très-découpées.
3. MORUS fructu albo minori, infulfo. H. Cath.
MEURIER à fruit blanc infipide.

4. MORUS fructu minori ex albo purpurafcente. Inft.
MEURIER à petit fruit purpurin.

5. MORUS Hifpanica ampliffimis foliis numquam laciniatis. MEURIER d'Espagne à très-grandes feuilles qui ne sont jamais découpées.

6. MORUS fructu nigro, folio eleganter variegato. M. C. MEURIER à fruit noir & à feuilles panachées.

7. MORUS Virginienfis arbor Loti arboris inftar ramofa, foliis amplif fimis. Pluk.

MEURIER de Virginie à très-grandes feuilles, & qui reffemblent au Micocoulier.

8. MORUS Virginiana foliis latiffimis fcabris, fructu rubro longiori. M. C. MEURIER de Virginie à grandes feuilles rudes au toucher, à fruit rouge & fort long.

Cette derniere efpece qui nous eft venue de la Louyfiane, & 'd'auprès de Montréal, pourroit être la même que la précédente. Celui que nous cultivons n'a pas les feuilles fort rudes; & le fruit, qui a un pouce de longueur fur environ quatre lignes de diametre, ressemble à un Chaton.

Il m'eft venu, il y a dix à douze ans, des fruits d'un Mûrier de Virginie: ils étoient longs & bons à manger. On les a femés & élevés à Trianon: ils n'ont point encore donné de fruit; mais les feuilles font dentelées: feroit-ce le n°. 6 dé, généré?

CULTURE

CULTURE.

Les Mûriers s'accommodent affez bien de toutes fortes de terreins; néanmoins ils croiffent beaucoup plus promptement dans les terres chaudes & légeres qui ont beaucoup de fond, & ils y réuffiffent mieux que dans les terres maigres ou froides & argilleufes. D'ailleurs on prétend que dans les terres trop maigres la feuille y devient feche, & ne fournit pas affez de nourriture pour les vers à foie. On remarque encore que ces arbres font très-vigoureux le long des ruiffeaux remplis d'eau: mais on prétend que dans les terres humides & graffes, leurs feuilles forment une nourriture trop groffiere, peu favorable à la fanté des vers & préjudiciable à la bonne qualité de la foie.

J'ai fait d'affez grandes plantations de Mûriers dans des terres très-fortes & dans des terres légeres les premiers pouffent avec plus de vigueur, & ont leurs feuilles plus vertes. Mais ces arbres font encore trop jeunes pour que je puiffe décider de la différente qualité de leurs feuilles d'après mon expérience. Je vois feulement dans un Mémoire que m'a fourni M. du Verger du Mans, qui fuit depuis quinze ans, avec tout le foin & l'intelligence poffible, la culture des Mûriers, que dans le pays du Maine, des Mûriers ont acquis en quinze ans vingt-un pouces de circonférence, au lieu que dans le même efpace de temps & dans le même terrein, des Ormes & des Noyers de même âge avoient tout au plus quinze pouces.

On voit depuis long-temps des Mûriers noirs à gros fruit, plantés dans les différentes Provinces de France; mais on a cru pendant long-temps que le Mûrier blanc ne pouvoit réuffir que dans les climats chauds, tels que font l'Italie, l'Espagne, la Provence, le Languedoc, le Piémont, &c. Suivant nos anciens Auteurs d'Agriculture, les Mûriers blancs ne fe font établis en France que fous le regne de Charles IX. Plufieurs Gentilshommes de Provence & de Dauphiné, qui fervoient en Sicile, frappés du produit de ces arbres pour la foie, en apporterent les premiers en France dans leurs terres, où ils réuffirent auffi bien qu'en Italie. Henri IV. perfuadé de l'avantage qui pourroit en revenir à fon Royaume, ordonna la plantation des Mûriers; mais les feules Provinces du Languedoc, de la Provence, du Tome II.

D

Dauphiné & du Vivarais, s'y foumirent; & qui ignore combien de richeffes cet arbre a répandues dans ces Provinces !

Dans les Provinces moins tempérées, on en planta seulement quelques-uns par curiofité; & ç'en étoit affez pour prouver que cet arbre ne craint point les gelées. On en eut encore une preuve plus forte par la réuflite des Mûriers qui furent plantés dans les Jardins des Thuilleries & du Pleffis-lez-Tours. On rapporte encore que M. Colbert, frappé de la beauté de ces arbres, fit venir de Provence une famille entiere, pour tenter d'élever des vers à foie avec les feuilles de Mûrier blanc; & que Chriftophe Jouard, choifi pour cette opération, fut furpris de la beauté des arbres qu'il vit à Paris, & qu'il fe promit un heureux fuccès de l'entreprise à laquelle le Miniftre s'intéressoit. Les tentatives furent des plus heureuses; mais le Miniftre mourut, & le projet fut abandonné.

Il réfulte toujours de ces faits, qui font rapportés par plu fieurs Auteurs, que les Mûriers peuvent très-bien réuffir dans des climats auffi froids que les environs de Paris. Feu M. Orry, Controlleur général a favorifé la plantation des Mûriers blancs, dans la vue de multiplier en France l'éducation des vers à foie les Provinces de Touraine, de Poitou, du Maine & d'Anjou nous donnent des preuves récentes de la possibilité qu'il y a de les élever dans des climats affez froids.

Il y a plus on affure que les plantations de Mûriers ont très-bien réuffi en Irlande, & dans quelques Provinces d'Allemagne il nous eft venu du Canada des branches & des fruits de Mûriers qui y croiffent vers le haut du Fleuve Saint Laurent, près Montréal.

Enfin, depuis une quinzaine d'années, M. du Verger en éleve avec beaucoup de fuccès aux environs du Mans; & nous dans les plaines des environs de Pethiviers, auffi-bien que fur les rives de la forêt d'Orléans de ce même côté: nous en avons une quarantaine d'affez gros, & qui viennent fort bien, dans le parc de Denainvilliers près Pethiviers, où nous les avons plantés, il y a quinze ou dix-huit ans, au bord d'un taillis où ils n'exigent plus aucune culture. Ainfi je puis, d'après nos propres expériences & les Mémoires qui m'ont été fournis par M. du Verger, donner tous les éclairciffements qu'on peut defirer fur la culture des Mûriers blancs.

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