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afin de remplacer les Mûriers qui périroient, & de tenir la pépiniere toujours bien garnie.

Ces arbres ainfi plantés, n'exigent d'autre foin pendant les deux premieres années, que d'être labourés au moins trois fois dans le cours de chaque année, avec cette attention de ne pas faire les labours trop profonds auprès des arbres, pour ne point endommager les racines.

Il y a des Cultivateurs qui prétendent qu'il faut réceper tous ces jeunes arbres dans la troifieme année, fans diftinction de ceux qui font gros ou petits, droits ou tortus: mais nous ne fommes point dans cet ufage; nous nous contentons d'élaguer proprement les arbres qui fe dirigent bien, & nous ne récepons que ceux qui, malgré ce foin, ne forment point une tige droite, ou qui paroiffent languiffants. Néanmoins nous nous abftiendrons de blâmer la pratique contraire à notre ufage, d'autant que M. du Verger paroit la regarder comme importante pour avoir de belles tiges.

Si les branches qui fortent d'une fouche récepée, fe panchoient trop horizontalement au lieu de s'élever droit, on pourroit, plutôt que d'y mettre des perches ou tuteurs qui exigent de la dépenfe & endommagent fouvent les arbres, ménager une branche qui prendroit une direction contraire, & on accolleroit avec du jonc ces deux branches pour leur faire prendre une fituation verticale ; & pour ne point avoir un arbre fourchu, on couperoit au-deffus du lien la branche qu'on fe propose de retrancher dans la fuite.

Il eft bon d'être prévenu que les Mûriers pouffent beaucoup de branches gourmandes; car fi l'on négligeoit de les retrancher jufque fur la tige, il feroit impoffible d'avoir des arbres dont la tige fût bien formée. Il faut cependant laiffer fubfifter toutes les menues branches qui contribuent à faire prendre de la groffeur au maître brin; car fi on les retranchoit, on n'auroit que des tiges en houffine, qu'on ne pourroit jamais bien diriger. Mais fi-tôt qu'une de ces branches latérales prend trop de groffeur, il faut la retrancher en quelque faifon que ce foit. Il ne faut point auffi laiffer le haut de l'arbre trop chargé de branches. C'est pourquoi depuis le mois de Juillet jufqu'à celui de Septembre, il faut vifiter très-fréquemment les pépinieres,

& couper

& couper continuellement les branches qui prennent trop de vigueur; fans quoi l'on ne parviendra jamais à avoir des arbres de belle tige.

Le principal objet qu'on le propofe quand on éleve des Mûriers, étant de fe procurer des feuilles pour nourrir des vers à foie, il feroit avantageux de tenir les tiges fort basses, afin d'avoir plus de facilité à cueillir ces feuilles. Mais comme on plante fouvent les Mûriers autour des pieces de terre, ou en quinconce dans celles qu'on labourre à la charrue, on eft obligé d'élever leurs tiges, afin que les chevaux & les bœufs puiffent paffer deffous. Ce n'eft donc que dans la quatrieme ou cinquieme année, lorfqu'on peut leur ménager des tiges de fept pieds de hauteur, qu'on commence à leur former la tête, en retranchant les branches fuperflues, en coupant l'extrêmité de celles de la cime, qui s'élevent trop, & en retranchant foigneufement toutes les branches qui font le long de la tige.

Dans la fixieme année, on peut tirer quelques arbres de cette pépiniere, & l'on continue d'en arracher jufqu'à la neuvieme & dixieme qu'on enleve tout, fauf à rabattre à mi-tige ou en buiffon les arbres foibles. Mais il ne faut tirer de la pépiniere que des arbres forts, fi l'on fe propofe de faire une belle plantation.

Il eft fuperflu d'avertir que jufqu'à ce qu'on ait entierement vuidé la pépiniere, il faut toujours l'entretenir nette d'herbes par de bons labours.

Il eft bon de remarquer que tant que les Mûriers n'ont pas à leur tête du bois de trois ans, ils font très-délicats: la grêle & les gelées leur caufent des chancres, qui obligent de les réduire à mi-tige, ou même de les réceper. Au contraire, quand ces arbres ont la tête formée de bois mûr, & qu'ils. font pourvus de belles racines, ils font moins expofés à ces accidents que beaucoup d'autres arbres : ils fubfiftent dans les plus mauvaises terres.

Avant de paffer à la transplantation des Mûriers, nous devons avertir qu'un des plus sûrs moyens d'avoir de belles feuilles, eft de les greffer. Les greffes réuffiffent en fente, en écuffon & en fifflet, fur-tout quand on greffe les Mûriers d'Espagne fur nos Mûriers à petite feuille; mais à l'égard des autres, Tome II.

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l'écuffon eft la méthode dont le fuccès eft le moins certain

On voit dans prefque tous les livres d'Agriculture, qu'on peut greffer les Mûriers fur l'Orme je n'oferois affurer que cette greffe n'aura jamais de fuccès; cependant je l'ai tentée bien des fois inutilement, & j'ai bien des raifons de penfer qu'elle ne peut pas réuffir.

Nous avons déja dit que les Mûriers croiffoient bien plus vîte dans les terres légeres & fubftantieuses; nous devons ajoûter, en parlant de la tranfplantation, que cet arbre a affez. bien réufli dans des terreins fablonneux où graveleux, maigres & affez arides, dans lesquels la Bruyere venoit à peine : ils ne réuffiffent abfolument point dans les fables trop mouvants : il n'y a que quelques efpeces de Pins qui s'accommodent de ces fortes de terreins. Voyez l'article PINUS.

On plante fouvent les Mûriers en bordures autour des pieces de terre & le long des chemins, afin que les racines en s'étendant dans la terre des chemins, ces arbres puiffent en partie fubfifter de cette terre qui refte inutile.

Il faut choisir pour ces plantations les plus belles tiges & les plus fortes afin que les arbres puiffent mieux résister à quantité d'accidents qui font toujours plus fréquents auprès des

chemins.

On plante auffi des Mûriers en quinconce dans des pieces de terre environnées de foffés; on laboure le deffous à la charrue & l'on y feme quelques menus grains pour se rédimer des frais des labours. En ce cas on plante ordinairement les arbres éloignés les uns des autres, afin que les grains profitent mieux. Comme ces arbres font alors en quelque façon à l'abri de tout accident, on peut les tenir plus bas de tige pour avoir plus de facilité à en cueillir les feuilles. Mais il ne faut jamais femer fous les Mûriers, ni Sain-foin, ni Luzerne, ni les autres herbes de prés, qui font contraires à tous les arbres, & particulierement aux Mûriers.

Dans les parcs bien clos, on peut planter des taillis de Mùriers, en plantant ces arbres après les avoir étêtés, à une toise & demie , ou deux ou trois toifes les uns des autres. On laboure ces taillis pendant trois ou quatre ans, comme une vigne; & fi la terre se trouve bonne, on peut fe difpenfer d'y faire ensuite

aucuns labours. Nous en avons ainfi abandonnés qui viennent affez bien. Ces arbres en buiffon font un peu plus printaniers que les autres: on a beaucoup de facilité à cueillir leurs feuilles; & il tient beaucoup d'arbres dans un petit terrein. Ces avantages, qu'on ne doit point négliger quand on se propose d'élever des vers, engageront fans doute à faire de ces taillis, quand même on feroit obligé de leur donner tous les ans un ou deux labours à la houe.

On peut auffi, dans les parcs, former des paliffades de Mûriers qu'on plante comme la Charmille; elles ferviront l'été à la décoration, & au printemps on pourra en retirer une bonne quantité de feuilles pour la nourriture des vers.

Enfin fi dans les parcs il fe trouve des monticules, on fera bien de planter des Mûriers aux différentes expofitions; & il fera bon d'en mettre même quelques-uns en efpalier le long des murs on fe procure par ces attentions des feuilles hâtives & des feuilles tardives; ce qui peut être très-avantageux à la

nourriture des vers.

Pour planter des paliffades de Mûriers, on fera des rigoles proportionnées à la groffeur du plant; pour le refte, on doit fe conformer à ce que nous difons dans l'article du Charme. Voyez CARPINUS.

Pour planter les taillis, on fera des tranchées de trois ou quatre pieds de largeur, à deux toifes & demie ou trois toifes les unes des autres; & l'on plantera les arbres dans ces tranchées à une pareille diftance, toujours en échiquier. On obfervera qu'il faut les planter plus ferrés dans les mauvais terreins que dans les bons: ces arbres qui doivent être assez forts feront coupés à fix ou huit pouces au deffus de terre; c'est pourquoi on choifira pour ces plantations des arbres mal figurés.

quatre

A l'égard des quinconces, où l'on met des arbres de pieds & demi, ou de cinq ou fix pieds de tige, à quatre ou cinq toifes les uns des autres, par rangées éloignées de fept à huit toises, pour rendre la culture des champs plus aifée, on peut fe difpenfer, fur-tout lorfque le terrein eft bon, de faire des tranchées. Il fuffit alors de faire des trous de quatre pieds ou quatre pieds & demi d'ouverture, fur deux pieds ou deux pieds

& demi de profondeur, & l'on y plante les arbres fans les étêter. On procede de même pour les filets le long des chemins.

On peut faire les trous & les tranchées en été, en automne ou en hyver: il eft même avantageux qu'ils restent ouverts long-temps; la terre qu'on en aura tirée en deviendra meilleure: mais il ne faut commencer la plantation que quand tous les trous feront faits. On fera bien, fur-tout dans les mauvais terreins, de mettre d'un côté la terre qui paroîtra la meilleure, pour s'en fervir à recouvrir les racines; & de l'autre la plus mauvaife, avec laquelle on achevera d'emplir le trou.

Quand on fe prépare à faire la plantation, on remplit les tranchées & les trous avec la mauvaise terre & la médiocre, qu'on mêle groffierement ensemble, & on foule un peu le terrein à mesure qu'on met de la terre: c'eft pour cela qu'il faut éviter de faire cette opération par un temps trop humide, pour ne point corroyer la terre. Il faudroit même s'abftenir de la fouler, fi le terrein étoit argilleux; car on lui feroit un tort confidérable; en ce cas on doit planter plus près de la fuperficie, afin que les arbres ne s'enterrent point trop, quand la terre vient à s'affaiffer d'elle-même.

Lorfque les trous & les tranchées font remplis jusqu'à dix ou douze pouces de la fuperficie, on met, fur-tout aux endroits où doivent être pofés les arbres, fix pouces d'épaiffeur de la meilleure terre; & à chaque endroit où les arbres doivent être plantés, on pofe des jalons qu'on aligne bien proprement.

On peut faire les plantations en Automne, dans les mois d'Octobre & de Novembre; ou au Printemps, dans les mois de Mars & d'Avril.

Je préfere les plantations du printemps, quand les pépinieres font à portée de l'endroit où les arbres doivent être plantés: c'eft encore ce que j'observe à l'égard de tous les arbres qui font un peu tendres aux grandes gelées, parce qu'elles endommagent toujours plus les arbres nouvellement plantés. Mais quand on tire les arbres de loin, on eft prefque toujours obligé de les planter en automne, pour éviter que le hále, qui est fouvent très-grand au printemps, n'endommage les racines.

Dans le cas où l'on tire les arbres de loin, on doit envelopper foigneufement les racines avec de la litiere ou de la

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