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CULTURE.

Les Noyers ne fe multiplient que par les femences: néanmoins un homme digne d'être cru, m'a affuré qu'il en avoit greffé avec fuccès; j'ai fait fur cela peu d'expériences. M. le Marquis de la Galiffoniere a fait tenter ces greffes en fente, en couronne & en écuffon, mais fans fuccès: d'autres Cultivateurs, qui ont effayé cette greffe, n'y ont pas mieux réussi.

Les Noyers de France ne viennent point en maffifs de bais. Nous en avons eu des quinconces, qui périffoient lorsque l'on ne les cultivoit pas, & qui fe font rétablis quand on a labouré la terre au pied.

Les Noyers fe plaifent fingulierement dans les Vignes & le long des terres labourées; leurs racines pénetrent dans des terres très-mauvaises, telles que le tuf blanc & la craie: en fouillant dans ce tuf, nous avons trouvé des racines qui y avoient pénétré à fix ou fept pieds de profondeur; & la Vigne exceptée, aucun arbre n'y avoit jetté de racines.

En automne, on met les Noix germer dans du fable: au printemps, on coupe les germes ou les radicules pour empêcher qu'il ne fe forme un pivot; & on les feme enfuite à deux pieds & demi de diftance les unes des autres pour les élever en pépiniere. Ces jeunes arbres pouffent un bel empatement de racines; & ils font en état d'être tranfplantés avec fuccès, lorfqu'ils font parvenus à une fuffifante groffeur.

USAGE S.

Les Noyers ne conviennent guere dans les bofquets; mais on en fait de belles avenues. Les Noix font très-bonnes à manger avant leur maturité; on les nomme alors Cerneaux: elles font auffi fort bonnes quand elles font mûres & encore vertes. On les fait fécher pour les manger en hyver; mais alors elles ont contracté une acreté qui diminue beaucoup de leur agrément. En les mettant tremper quelques jours dans de l'eau, l'amande fe gonfle; on peut la dépouiller de fa peau, & alors.

elle eft affez douce.

On fait dans les offices, avec les Noix feches & pelées,

une efpece de conferve brûlée, qui eft affez agréable; c'est ce qu'on appelle Nouga.

On confit auffi les Noix avant leur maturité, quelquefois fans leur enveloppe ou brou, & d'autres fois avec leur brou; les premieres font plus agréables au goût; on dit que les autres font propres à fortifier l'eftomac.

On fait auffi, vers le milieu de Juin, un ratafia de Noix vertes, qui paffe pour très-ftomachal, fur-tout quand il est bien vieux. Pour faire cette liqueur, on met dans une pinte de bonne eau-de-vie douze Noix avec leur brou, un peu concaffées; trois femaines après on décante la liqueur, & l'on y ajoute plus ou moins de fucre, fuivant le goût; l'on conferve cette liqueur dans des bouteilles bien bouchées; elle devient rouge en vieillisfant.

L'ufage le plus général qu'on fait des Noix feches, eft d'en retirer l'huile. Pour cela on ôte la coquille & les cloisons qui féparent les amandes: on les fait un peu fécher dans un four qui doit avoir peu de chaleur; on les broie enfuite fous une meule verticale, femblable à celle que l'on emploie pour les Olives (V. Olea); & la pâte que cette opération produit, fe renferme dans des facs de toile forte, que l'on porte fous la preffe pour en retirer l'huile. Celle qui coule de cette expreffion s'appelle Huile tirée fans feu, & il y en a qui la préferent au beurre & à l'huile d'Olives pour faire les fritures. On retire enfuite cette pâte des facs pour la mettre dans de grandes chaudieres fur un feu lent avec un peu d'eau bouillante; puis on la remet dans les facs fous la preffe pour retirer une feconde huile qui a une odeur defagréable, mais qui eft bonne pour les lampes, pour faire du favon, & excellente pour les Peintres, fur-tout quand on a foin de l'engraiffer en la faisant cuire avec de la litarge ou quelque autre préparation de plomb.

Pour avoir l'huile graffe plus belle, on met l'huile dans des vafes de plomb de forme applatie, comme une foucoupe, expofés au grand foleil, où, quand elle a pris la confiftance de firop épais, on la diffout avec de l'effence de térébenthine: on peut alors en faire un vernis gras qui eft affez beau, appliqué fur les ouvrages de menuiferie: 'on peut encore la broyer

avec différentes couleurs, qui alors fechent très-vite & deviennent fort brillantes.

L'huile de Noix tirée fans feu acquiert de la vertu en vieilliffant; elle entre dans plufieurs onguents, dans les cataplafmes contre l'efquinancie, dans les lavements adouciffants.

M. Boyle affure que cette huile eft fpécifique étant mêlée avec celle d'amande douce, & prise à la dofe de deux ou trois onces, contre les coliques néphrétiques, pour en calmer les douleurs & faire couler les graviers.

La poudre des chatons de la Noix eft bonne dans la dyffenterie.

La décoction des feuilles du Noyer dans de l'eau fimple, déterge les ulceres, fur-tout en y ajoutant un peu de fucre.

Il feroit trop long de rapporter tous les ufages que l'on fait en Médecine, de toutes les parties du Noyer. Les Maréchaux prétendent que la décoction des feuilles fait pouffer les crins & prévient la gale. On prétend encore qu'un cheval qui a été épongé avec cette décoction, n'eft point tourmenté des mouches pendant la journée.

Le Noyer eft auffi très-précieux pour les Arts. Les Teinturiers en emploient les racines & le brou pour faire des teintures brunes, très-folides; les Menuifiers font avec ce brou pourri dans l'eau une teinture qui donne aux bois blancs une belle couleur de Noyer.

Le bois de Noyer eft liant, affez plein, facile à travailler; il est recherché par les Sculpteurs; & c'eft un des meilleurs bois de l'Europe pour faire toutes fortes de meubles.

Les Noyers de Virginie ou de la Louyfiane, no. 13 & 14, ont leur bois plus coloré que le nôtre; il eft quelquefois prefque noir, mais fes pores font fort larges: il fait un fort bel arbre; fes feuilles font très-longues, & quelquefois chargées d'onze folioles'; mais le fruit des Noix noires n'eft bon qu'en cerneaux, parce que les cloifons intérieures font trop dures; néanmoins les Naturels du pays en font une espece de pain: voici leur méthode. Ils écrafent les Noix avec des maillets, & ils lavent cette pâte dans quantité d'eau : le bois furnage avec une portion de l'huile à mesure qu'ils remuent la pâte avec les mains, & il fe précipite au fond une efpece de farine:

c'est celle dont ils font ufage. Il n'y a que la Noix Pacane › no. 12, qui foit fort bonne, non-feulement parce que fon écorce n'eft pas fort dure, mais encore parce que fon amande participe un peu du goût de la Noisette.

M. Sarafin dit qu'il y a en Canada une efpece de Noyer qui fournit, mais en petite quantité, une liqueur auffi épaisse & auffi fucrée qu'un firop: Les Canadiens conviennent que le fucre que fournit cette liqueur, eft moins agréable que celui

d'Erable.

Le Noyer à fruit blanc, n°. 11, a les feuilles femblables à notre Noyer; fon fruit eft uni & prefque rond: il y en a de deux efpeces, une dont l'amande eft douce, mais qui ne vaut pas mieux que la Noix noire; l'autre dont l'amande eft amere, & que je crois inutile. Le bois de ce Noyer eft blanc & fort liant.

Une propriété finguliere de la Noix-noire, eft que l'amande conferve tellement fon humidité, qu'elle eft auffi fraîche à Pâques, que les nôtres le font au mois de Septembre.

V-LS

OLEA,

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