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beaucoup plus fort les fcourtins, en faifant mouvoir les vis ave des léviers de huit à neuf pieds de longueur, jufqu'à ce que la pâte ne rende plus rien: cette feconde huile eft encore fort bonne, & peut auffi être appellée huile-vierge.

Lorfque les fcourtins ne rendent plus rien, on les tire du preffoir: on remue le marc avec la main; & quand la pâte contenue dans un fcourtin eft bien maniée, on le remet fur la cuvette du preffoir, & l'on arrofe le marc avec un feau d'eau bouillante: la pâte d'un autre fcourtin étant aussi maniée on pofe le fecond fcourtin fur le premier ; & on l'arrose auffi d'une pareille quantité d'eau bouillante. Quand tous les fcourtins font remis en place, on les preffe de nouveau, & il en découle beaucoup d'eau chargée d'huile. On verfe cette eau dans un baquet ou dans une cuve: on répete cette opération deux fois; après quoi on jette le marc qu'on nomme alors Grignon, & qui ne peut plus fervir qu'à faire des mottes à brûler.

Quelques-uns cependant repaffent encore tout de fuite le marc fous les meules, où après l'avoir laiffé fermenter, & à force d'eau bouillante, ils en retirent une huile qui ne peut fervir qu'à brûler, ou à faire du favon: on appelle cette huile Gorgon.

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L'huile qu'on a extraite avec l'eau bouillante, fe porte peu peu à la fuperficie; & quand, après quelque temps, elle eft féparée de l'eau, on la tranfvafe dans des jarres en la ramaffant avec une cuilliere de cuivre ou de fer blanc, peu creufe, & large comme un moyen plat.

Cette huile dépofe dans les jarres un peu d'eau & beaucoup de lie qui provient de quelques petites parties de la chair des Olives qui ont paffé avec l'eau au travers des mailles des fcourtins: vingt-quatre heures après, on tranfvase cette même huile dans d'autres jarres, & on répete cette même opération plufieurs fois, en obfervant de laiffer, entre chacune, trois jours en premier lieu; enfuite quatre ou cinq jours d'intervalle pour que l'huile foit bien dépurée de cette lie qui la gâteroit infailliblement.

Plufieurs perfonnes mêlent cette huile bien dépurée avec l'huile-vierge, & ce mêlange fe nomme encore bonne huile; elle eft cependant bien inférieure à l'huile vierge, qu'on pourroit

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nommer excellente. Mais l'huile extraite avec l'eau bouillante toute feule, ne pourroit fervir qu'à faire du favon.

L'huile-vierge a befoin d'être foutirée trois jours après qu'elle eft fortie de deffous la preffe, & encore huit ou dix jours après on répete cette même opération dans le mois de Mai; & même dans le mois de Septembre, fi l'on eft obligé de la conferver plus d'une année.

On doit prendre garde que l'huile ne gele jusqu'à ce qu'elle foit bien dépurée: car la lie qui refte mêlée avec l'huile congelée, lui caufe de l'altération; & un froid qui fait defcendre la liqueur du thermometre deux degrés au deffous du terme de la glace du thermometre de M. de Reaumur fuffit pour produire cette congélation dangereuse.

Nous avons dit qu'il falloit paffer plufieurs fois l'huile d'une jarre dans l'autre pour qu'elle foit bien dépurée; cependant comme les fréquents tranfvasements épaiffiffent & engraiffent l'huile, il ne faut pas les répéter fans néceffité.

Quand on eft affuré que l'huile eft bien dépurée, on n'a plus d'autres précautions à prendre pour la conserver, que celle de tenir les jarres dans un lieu frais & point trop humide: on ferme l'ouverture des jarres avec un couvercle de planches bien jointes, que l'on recouvre d'un linge en plusieurs doubles on ne fe propofe pas en faifant cela d'empêcher le paffage de l'air; car on ne connoît pas de liquide qui perde moins par l'évaporation, que l'huile d'Olives.

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Quelques perfonnes jettent dans chaque jarre une Pomme de Reinette piquée de clous de Gérofle; d'autres frottent l'intérieur des jarres avec un linge imbibé de fort vinaigre; mais des gens expérimentés regardent ces précautions comme abfolument inutiles. L'huile fine eft uniquement deftinée pour les alimens ou pour les préparations médicinales.

L'huile d'Olives entre dans quantité de baumes, d'onguents, d'emplâtres & de liniments adouciffants & relâchants. On la fubftitue à celle d'Amandes douces, & on l'emploie avec quelque firop pour calmer la toux & les douleurs de colique: dans les grandes conftipations, on la fait prendre en lavements. Cette huile ne vaut rien pour la Peinture, parce qu'elle ne feche jamais parfaitement.

Tome II,

K

Les huiles communes fervent, comme nous l'avons dit pour brûler, & pour faire le favon : faire le favon: nous allons détailler le procédé de cette fabrique à la fuite de cet article.

Le bois des gros Oliviers eft d'une dureté fort inégale: mais il est très-bien veiné, & il prend un beau poli; c'est ce qui le fait rechercher par les Ebéniftes & les Tablettiers. On pourroit auffi en faire des ouvrages de Menuiferie; mais comme les couches ligneufes font fi peu adhérentes les unes aux autres, qu'elles femblent n'être que collées par une fubftance réfineuse, ou que du moins elles fe féparent quelquefois comme fi elles l'étoient, on ne peut faire de bons affemblages avec ce bois.

De ce que le bois d'Olivier eft très-chargé de réfine, il s'enfuit qu'il eft fort bon à brûler. Après les defordres du grand hyver de 1709, on s'eft long-temps chauffé en Provence du bois de ces arbres, que la gelée avoit fait périr. Ce malheur a donné occasion de remarquer que cet arbre pouffe quantité de racines; & qu'elles fubfiftent en terre pendant des fiecles entiers: en 1709 on a tiré plus de bois de ces racines que des tiges & des branches des arbres; & plufieurs Particuliers en vendirent alors pour plus que ne valoit leur fond.

DU SAVO N.

Comme les fels alkalis font abfolument néceffaires pour faire le favon, nous eftimons qu'il eft à propos, avant que d'entrer dans aucun détail fur cette fabrique, de commencer par dire quelque chofe de la façon d'extraire ces fels.

On ne doit diftinguer en général que deux efpeces de fels alkalis: 1°. Celui qui eft de la nature du fel de tartre ; & dans cette claffe font compris le fel de Tartre, la Cendre gravelée, la Potaffe & prefque tous les fels lixiviels qu'on retire des plantes. 2o. Celui qui eft de la nature de la base du fel marin; & dans cette claffe font compris le Natrum, le Borax, le fel de Soude.

Ces deux efpeces de fels alkalis different l'un de l'autre en ce que ceux qui font de la nature du fel de Tartre, attirent l'humidité de l'air, & tombent en deliquium; ils ne fe crystallifent qu'imparfaitement; ils font avec l'acide du Nitre, un

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