Imágenes de páginas
PDF
EPUB

vrai Salpêtre qui fe cryftallife en aiguilles; avec l'acide du Vitriol, un Tartre vitriolé; avec l'acide du fel marin, un sel que l'on appelle le digeftif de Sylvius, un peu différent du fel marin par la forme de fes cryftaux ; enfin ces fels alkalis font très-fouvent alliés de Tartre vitriolé. Les fels alkalis qui font de la nature de la base du fel marin, fe cryftallisent en gros crystaux assez semblables au fel de Glauber; ils ne tombent point en deliquium expofés à l'air; au contraire, quand l'air eft fec, ils fe réduifent en farine: ils font avec l'acide nitreux, un falpêtre qui fe cryftallife en cubes; avec l'acide vitriolique, du fel de Glauber; avec l'acide du fel marin, un vrai fel marin ces fels font ordinairement alliés de fel marin.

on

Voilà des indices fuffifants pour diftinguer ces deux especes de fels, & il eft bon de ne pas les confondre: car avec les fels alkalis qui font de la nature de la base du fel marin peut faire du favon fort fec; mais avec ceux qui font de la nature du fel de Tartre, on ne peut faire du favon liquide, ou peu folide.

que

Les plantes qui fourniffent le fel alkali qu'on nomme Soude, & qui eft de la nature de la bafe du fel marin, font le Kali & quelques autres plantes maritimes. Les plantes marines connues fous le nom de Varech, fourniffent auffi une espece de Soude d'une qualité médiocre, & qui eft fort alliée de fel marin. Les plantes éloignées de la mer, & tous les bois, fourniffent plus ou moins de fel de la nature du fel de Tartre; & ces fels font connus fous le nom général de Potaffe. Le fel de Tartre fe retire du Tartre brûlé; & la Cendre gravelée, des lies de vin defféchées, brûlées & calcinées: c'eft ce que nous allons encore expliquer plus en détail.

DU SEL DE TARTRE.

On trouve fur les parois intérieures des cuves, des tonnes ou des tonneaux, une croûte faline qui s'y forme, quelquefois de l'épaiffeur d'un demi-pouce: on la ramaffe, & l'on met ce fel, que l'on appelle Tartre crud, dans de grands facs de papier gris, qu'on a foin de lier avec une ficelle. On arrange ces facs dans un fourneau AB (Fig. 1. de la Planche des Fourneaux à la fin de cet article,

Olivier. pêle-mêle avec du charbon & fur un lit de farment qu'on a auparavant préparé fur la grille; on met le feu au farment, qui allume le charbon; le Tartre brûle & fe calcine. Quand le feu eft éteint, on trouve fur la grille des maffes falines qu'on fait fondre dans l'eau ; on filtre la leffive par le papier gris; on l'évapore à grand feu & jufqu'à ficcité, dans des marmites de fer; & l'on trouve au fond le fel de Tartre, qu'il faut conferver dans des bouteilles bien bouchées, fi on ne veut pas qu'il tombe en liqueur,

DES CENDRES GRAVELÉ ES.

Les Vinaigriers achetent les lies de vin; ils les mettent dans 'des facs de toile, où une partie de ce qui y refte de vin s'égoutte; ils mettent enfuite ces facs fous des preffes pour achever de retirer tout le vin qui eft contenu dans les lies: ce vin eft meilleur que tout autre pour faire de bon vinaigre. Le marc qui refte dans les facs après ces opérations, n'eft plus qu'une lie feche & affez dure pour fe tenir en mottes comme des gażons. On laiffe fécher ces mottes pendant quelque temps, & enfuite on les brûle dans un fourneau, comme nous venons de dire que l'on brûloit le Tartre; alors ce qui refte dans le fourneau fe nomme Cendres gravelées ces Cendres contiennent une affez grande quantité de fel de Tartre, mêlé de beaucoup de parties terreufes, dont la lie du vin fe trouve plus chargée que le Tartre crud.

Si on leffive enfuite ces cendres, on en retirera, par l'évaporation, un fel femblable à celui qu'on retire du Tartre crude

DE LA POTASSE.

Voici comme on fait la Potaffe aux environs de Sar-Louis dans les grandes forêts qui s'étendent depuis la Moselle jufqu'au Rhin. (V. Hift. de l'Académie, page 34, année 1727.)

On choifit de gros & de vieux arbres; le Hêtre eft le meilleur. On les coupe en tronçons de dix ou douze pieces de long; on les arrange l'un fur l'autre, & l'on y met le feu. On en ramasse les cendres, dont on fait une leffive très-forte. On prend enfuite des morceaux pourris & fpongieux du même

bois, que l'on fait tremper dans la leffive, & on ne les en retire que lorfqu'ils font bien imbibés de cette leffive; ensuite on y en remet d'autres jufqu'à ce que toute la leffive foit épui

fée & enlevée.

On pratique en terre une foffe de trois pieds en quarré, fur l'ouverture de laquelle on pofe quelques barres de fer en forme de gril, pour foutenir des morceaux de bois bien fec, par deffus lefquels on arrange les pieces de Hêtre qui ont été imbibées de leffive. On met le feu au bois fec; & lorfque le tout eft bien allumé, on voit tomber dans le trou une pluie de Potaffe fondue: on a foin de remettre de nouveau bois imbibé de leffive, à mefure que les premiers fe confument, & jufqu'à ce que la foffe foit remplie de Potaffe. Lorfqu'elle eft pleine, & avant que la Potaffe foit refroidie, on en nettoie la superficie le mieux qu'il eft poffible, en l'écumant avec un rateau de fer. Il y refte cependant encore beaucoup de charbon & d'autres impuretés; ce qui fait qu'on ne fe fert de cette Potaffe que pour le favon gras. Dès que cette matiere eft refroidie, elle forme un feul pain que l'on brife pour l'enfermer, fans perte de temps, dans des tonneaux, de peur que l'air ne l'humecte; car elle eft fort avide d'humidité.“ On appelle cette potaffe Potasse en terre.

On fait une autre forte de Potaffe plus pure & qui eft meilleure. On en commence le procédé comme l'autre; enfuite la forte leffive de cendres étant faite, on repaffe de l'eau deux ou trois fois, jusqu'à ce qu'on ne fente plus l'eau graffe fous les doigts. On met alors ces leffives dans une chaudiere de fez de la capacité d'un demi-muid, & montée fur un fourneau : on les fait bouillir; & à mesure que l'évaporation fe fait, on y remet de nouvelle leffive, jufqu'à ce qu'on la voie s'épaiffir confidérablement, & monter en forme de mouffe. Alors on diminue le feu par degrés; après quoi on trouve au fond de la chaudiere un fel très-dur que l'on caffe en morceaux à l'aide d'un ciseau ou d'un maillet. On porte enfuite ce fel dans un fourneau difpofé de maniere que la flamme du feu qu'on fait des deux côtés, fe répande dans une espece d'arche qui est au milieu, & aille calciner la Potaffe. On juge qu'elle eft fuffifamment calcinée, quand elle paroît bien blanche. Elle

conferve cependant toujours un peu de la couleur qu'elle avoit avant la calcination; cela vient, à ce que difent les Ouvriers, des bois qu'on y emploie. Ils ont remarqué que les arbres qui font au haut des montagnes, font la Potasse d'un bleu pâle; que ceux qui font dans les endroits marécageux, la font rouge & en donnent une moindre quantité; & que les autres la font blanche, mais qu'ils n'en donnent pas tant que ceux du haut des montagnes. Après le Hêtre, il n'y a guere que le Charme qui foit propre à cette opération; les autres efpeces d'arbres récompenferoient à peine le travail. La Potaffe calcinée s'appelle Potafle en chauderon, ou Salin.

Toutes fortes de bois fourniffent du fel alkali; ainsi il n'y en a aucun qui ne foit propre à faire de la Potaffe. Tout l'art confifte à brûler le bois, à calciner & leffiver les cendres, & à évaporer le fel d'une façon peu embarrassante & expéditive. Le fourneau dont nous allons donner la description paroît propre à remplir toutes ces vues.

La feconde Figure de la Planche des Fourneaux représente le devant du fourneau fur les proportions à peu près de fix lignes pour pied. A eft la porte d'un grand cendrier: B eft la porte de la fournaife, qui répond fous une premiere voûte, où l'on met le bois qu'on veut brûler: C eft la porte de la voûte à calciner: D est une ouverture pratiquée au plus haut du fourneau, par laquelle la fumée doit s'échapper: E eft une chaudiere pour l'évaporation des leffives.

La troisieme Figure repréfente la coupe tranfverfale de ce même fourneau : F eft le grand cendrier : G, barreaux de fer qui fupportent le bois qu'on veut brûler: H, premiere voûte sous laquelle on brûle le bois: I, feconde voûte fous laquelle on met les cendres ou le fel qu'on veut calciner: K, partie de la cuve à évaporer la leffive qui eft dans le fourneau: L, partie qui excede le fourneau.

La Figure 4 représente la coupe longitudinale du même fourneau : A , porte du cendrier: F, capacité du cendrier: G, grille de fer qui porte le bois : B, porte de la fournaise : H, fournaise où l'on brûle le bois: M, épaiffeur de la premiere voûte qui ne doit pas s'étendre jusqu'au fond du fourneau; mais qui doit laiffer en N un pied ou environ de distance, afin que la flamme

& la fumée paffent dans le réverbere qui eft au-deffus: C, porte du réverbere: I, capacité du réverbere, où l'on met les cendres ou le fel qu'on veut calciner: D, ouverture par où doit s'échapper la fumée: on peut y pratiquer un tuyau de cheminée, tel que celui qui eft repréfenté dans la même Figure, par des lignes ponctuées DQ: LK, chaudieres qui doivent fervir à évaporer la leffive. P ouverture que l'on ferme exactement quand on veut chauffer les chaudieres ou calciner les matieres qui font dans le réverbere; mais auffi que l'on peut ouvrir quand on veut diminuer en cet endroit l'action du feu. Quand le feu eft bien allumé dans la fournaife H, on ferme exactement les ouvertures PCB; alors l'air qui entre par l'ouverture A, animant le feu de la fournaife, eft contraint de paffer avec la flamme & la fumée par l'ouverture N, & de fuivre toute la longueur du réverbere I pour s'échapper par l'ouverture D, ce qui produit une très-grande chaleur dans le réverbere.

Quand il s'eft amaffé une fuffifante quantité de cendres dans la capacité F, on en met par l'ouverture C dans le réverbere I, où l'on a foin de les remuer de temps en temps avec un rouable de fer; ces cendres y reçoivent le degré de calcination néceffaire pour donner tout leur fel; on retire enfuite ces cendres pour en mettre de nouvelles.

On transporte les cendres calcinées dans un cuvier, & l'on y met, d'espace en efpace, des lits de fafcines, afin que l'eau les penetre mieux: on verfe de l'eau bouillante fur ces cendres, que l'on coule dans une chaudiere, fous laquelle on entretient du feu, comme on fait pour les leffives ordinaires.

Quand la leffive eft bien chargée de fel, on peut la mettre 'évaporer dans les chaudieres. Pour calciner le fel qui fort des chaudieres, il faut avoir un petit four femblable à celui que nous venons de décrire dans l'article du fel de Tartre; & l'on prendra garde de ne point pouffer trop fort la calcination, de peur de vitrifier le fel, qui deviendroit alors inutile pour la fabrique du favon.

Si les cendres qui fortent du réverbere I ne paroiffent pas affez chargées de fel, on peut les mettre avec de l'eau dans un baffin de ciment, & jetter fur cette boue des buches de

« AnteriorContinuar »