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placé au milieu de l'efpace; & l'on voit au-dessous un quadrupede qui paroît repréfenté paiffant, mais dont on ne peut définir l'efpèce: enfin, au-deffus de l'Hippopotame on a placé un corps impoffible à reconnoître; on peut affurer feulement que ce caractère n'eft point emprunté d'un animal, mais plutôt de quelque meuble d'ufage.

La grande habitude de former les idées fupplée à la correction des deffeins. Quelque éloignés que nous puiffions être de cette habitude, le feul moyen d'y parvenir eft celui de mettre fous les yeux tous les exemples poffibles à

raffembler.

Longueur onze lignes: largeur fept lignes : hauteur, du fragment fept lignes.

N. V.

Cette gravure repréfente une mouche à miel pofée fur une racine, ou peut-être un fruit; l'un ou l'autre nous font également inconnus: je croirois plutôt que c'eft la repréfentation d'un fruit, à caufe du bouton qui accompagne ces productions de la nature dans leur maturité. Le travail n'eft pas des plus élégans, ni des plus terminés; l'objet me paroît d'autant plus un véritable hiéroglyphe, que je poffede la répétition du même sujet, traité du moins avec fort peu de différence dans les détails: ils font l'un & l'autre exécutés fur deux pierres gravées en creux, l'un fur une ématite, & l'autre fur une cornaline, dont la couleur blanche eft fort falie de rouge. J'ai fait copier cette dernière.

N. VI.

Une plaque de cuivre dont la forme eft ronde, & dont le diamètre eft de quatorze lignes, ne me paroît point avoir été à l'usage des Egyptiens; cependant on voit au milieu de cette plaque le relief d'une tête de chat, très-bien exprimée; mais en la retournant & la regardant dans le fens oppofé, cette même tête forme celle d'un épervier.

Livre II.

La place de la pierre précieufe ou du verre coloré qui déco-. re très-fouvent les ouvrages Egyptiens, & que l'on voit au milieu de la tête du chat, forme encore aujourd'hui, quoique la pierre foit tombée de fon chaton, le bec de l'épervier.

Il me femble que les Egyptiens ont toujours été fort éloignés de ces petites recherches ou plutôt de ces badinages de l'art; il faut cependant convenir que la justesse & l'austérité dans l'exécution de ce monument nous rappellent à l'Egypte. Si l'on ne veut pas croire que fous les Ptolémées, les Egyptiens s'étant relâchés de leur ancienne auftérité, ont joint ce genre de licence acquis par la communication des Nations étrangères, à plusieurs relâchemens de morale; il faudra fe perfuader que cette plaque a été ordonnée pour la parure de quelque foldat Romain d'une légion placée, une des premières, en quartier dans l'Egypte, auffi-tôt après la conquête; car l'ouvrage de ce petit bronze eft auffi bon dans fon genre que fon antiquité peut être conftante: d'ailleurs le morceau eft des plus finguliers par lui-même, ainfi que des mieux conferyé; mais il faut convenir que le Dessinateur & le Graveur n'ont point rendu dans la Planche le jeu de ces deux têtes, & qu'il faut, en ce cas, s'en tenir à la parole de l'Auteur.

dit

PLANCHE XII I.

Nos. I. & II.

HERODOTE, en parlant des cérémonies de Paprime que le fimulacre de la Divinité fait de bois, eft énfermé dans un petit tabernacle de bois doré, qu'on porte le lendemain dans les autres Temples.

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Le monument de ce no. paroît en général exécuté d'après ce paffage: cependant il peut présenter plufieurs objets de réflexion.

La Divinité révérée à Paprime, & dont la forme paroît fingulière, n'étoit point la feule que l'on fit voyager en Egypte ; & les monumens nous donnent des

preuves

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de leur tranfport fur le Nil. Nous avons peu d'exemples de ces voyages par terre, du moins, je ne me fouviens pas d'en avoir vû; & je fuis bien certain de n'en avoir point rapporté dans ce Recueil; mais par une conféquence néceffaire, ces mêmes Divinités devoient être portées par terre, comme nous le voyons par ce monument, le voyage étant encore plus facile, attendu la légérèté de la matière qu'Hérodote donne au fimulacre. D'un autre côté, la fainéantife a toujours profité de la fuperftition; & je fuis perfuadé que plufieurs hommes vivoient du petit commerce ou plutôt du profit qu'ils retiroient en transportant çes Idoles dans l'Egypte, qu'ils parcouroient en se promenant cette figure préfente encore cette idée.

Ce monument eft très-bien confervé dans toutes fes parties, à la réserve du focle qu'on a fuppléé à celui qu'il avoit autrefois; la bande qui lui fert d'appui, & que l'on peut voir au no. II. eft en effet plus longue que la colonne à laquelle la figure eft jointe. Elle eft exécutée fur une pierre noire très-dure qui a perdu fon poli ou qui n'en a jamais eu. La compofition & l'agrément de cette figure préfentent une fingularité qu'il eft bon d'obferver.

Ce Prêtre ou ce Pélerin fort d'une colonne, non comme nous en avons vû plufieurs exemples & comme nous sçavons que les premières ftatues fortoient, pour ainfi dire, d'un tronc d'arbre qui leur tenoit lieu de corps & de jambes; les arts de ces premiers tems ne fçachant pas mieux imiter la nature; mais cette figure fait corps fur le monument de ce no. avec un tronçon de colonne, ou plutôt avec un cippe, fi fouvent employé par les Grecs, pour porter des buftes avec élégance. Voilà donc encore un procédé dont on pourroit attribuer l'invention aux Egyptiens; mais en le regardant toujours comme une fuite plus épurée des premières ftatues dont ils étoient inventeurs, de l'aveu même des Grecs.

Cependant, cette repréfentation fimple d'un particulier pourroit démentir l'ufage le plus général des Egyptiens,

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