Imágenes de páginas
PDF
EPUB

La déclaration de 1715 le dit expreffément article 7 mais en quoi confifte cette qualité? On ne peut trop l'éclaircir. On ne dire que c'eft en ce que ce premier vœu n'est pas reçû par peut pas le fupérieur; car les vœux de coadjuteur formé, qui font reçûs par le fupérieur, font encore des vœux fimples. Elle ne peut donc confifter qu'en ce que l'engagement n'eft pas réciproque, & que la fociété ne s'oblige à rien envers celui qui fait le vœu, pouvant le congédier quand elle le juge à propos. Mais il n'en réfultera pas que le Jefuite, tant qu'il eft dans la fociété, ne foit parfaitement religieux, comme fi fon engagement étoit réciproque & avoit reçu, par les folemnités qui le précédent & qui l'accompagnent, la qualité de vœu folemnel.

Cette vérité eft clairement développée dans les bulles des papes. Celle Afcendente Domino, entre autres, donnée par le pape Grégoire XIII. le 25 Mai 1584. établit à ce fujet les vrais principes, en difant que ce vou eft un vœu fubftantiel, qui engage celui qui l'a prononcé autant que le font les profès mêmes, foit des Jéfuites, foit des autres ordres religieux. Elle va même jufqu'à prononcer l'excommunication contre ceux qui enfeigneront ou qui foutiendront le contraire. Nous allons rapporter fes termes. Ils font décififs: Et quamvis, y eft-il dit §. 17, fi omnes qui poft biennium novitiatus dicta tria vota fimplicia emiferint, ac in corpus focietatis coaptati, illiufque meritorum & privilegiorum, non fecùs atque ipfi profeffi, participes effecti, quique, quantùm in eis eft, & profeffionem emittere parati, fi ipfe præpofitus generalis id pradicta focietatis inftituto congruere judicaverit, & in perpetuum Dei fervitio votis fimplicibus confecrati, ut fuâ forte, prout laudabile focietatis inftitutum exigit, contenti, merè & propriè religiofi exiftant, & fi à focietate deficiant, excommunicationis, & aliis Apoftolorum pœnis fint fubjecti.

[ocr errors]
[ocr errors]

f. 18. Quia tamen non defuit quorumdam audacia qui, poft declarationem, decretum, præceptum & interdictum noftrum hujufmodi, non folùm multa ex pradictis, & fortaffè alia, id focietatis inftitutum ac vivendi formam fpectantia, labefactare, fed & ipfa apoftolica decreta ac præcepta publicè, & ex cathedrâ, aufu temerario impugnare, mentemque noftram perversè interpretari non erubefcunt, difputantes

pradicta in dubium revocantes, omniaque, ex aliorum regularium ordinum communibus rationibus, formis ac ftatutis metientes, focietatis inftitutum, peculiares conftitutiones, ac vim votorum fimplicium illius, à Sede Apoftolicâ in eâdem focietatis religione probata admissorum, penitùs ignorantes, ac nonnulla jure antiquo, quæ poft illud, fucceffu temporum, bujus fedis auctoritate, approbatione & confirmatione, ac pecu

liaribus privilegiis fancita & roborata effe dignofcuntur, perperàm interpretantes, convellere nituntur; quin etiam nos fuprà dicta, motu fimili, & ex certa fcientia, de apoftolica poteftatis plenitudine decernentes, & præcipientes, privato fenfu locutos fuiffe, ac tanquàm privatos doctores errare potuiffe; immò verè, & de facto, ob falfam fupradictorum informationem, erraffe, ideòque præceptum noftrum nullam ad obligandum vim habere. Neminem prætereà eorum qui folemnem profeffionem in dictâ focietate non emiferunt, de illius corpore religiofos effe poffe, fed eos merè faculares, ac ordinariorum jurifdictioni fubditos exiftere, nec focietatem ipfam, aut illius fuperiores; immò nec-non jus in eos ullum, ex vi votorum hujufmodi habere, vel acquirere, aut fuperioribus ipfis conferre poffe; non confiderantes voti folemnitatem folâ Ecclefia conftitutione inventam effe, triaque hujufmodi focietatis vota tametfi fimplicia, ut fubftantialia religionis vota, ab hac fede fuiffe admiffa, illaque emittentes in ftatu religionis verè conftitui, quippè qui per ea ipfa fe focietati dedicant, atque a&tu tradunt, feque divino fervitio in eâ mancipant. In quibus votis nullus, præter Romanum Pontificem poteft manum apponere; aliifque, atque aliis modis focietatem ipfam impetunt univerfali Ecclefia perutilem.. Quibus etiam adjungunt licere iifdem non profeffis, etiam invitis dicta focietatis fuperioribus, ad quofvis alios regulares ordines fe transferre. Tranfgreffores borum votorum ac inobedientes, aut etiam uxorem ducentes nullam ipfi focietati injuriam facere ; immò posse epifcopos cum eis difpenfare, ut, invitis etiam Superioribus eifdem, uxorem ducant....

[ocr errors]

,

6. 20. Ad hæc dictam focietatem firmo fedis hujus præfidio communire volentes, hâc noftrâ perpetuâ conftitutione. .... Statuimus, atque decernimus tria vota hujufmodi, etfi fimplicia, ex hujus fedis inftitutione, ac noftrâ etiam declaratione & confirmatione, effe vera fubftantialia religionis vota, ac in dictâ focietate, tanquam in religione approbata, per fedem eamdem admiffa fuiffe, & effe, ac per nos admitti nec illis à quoquam, præter nos & fedem hujufmodi dispensari, nec ea ullo alio modo, quàm per legitimam dimiffionem à focietate ceffare poffe. 6. 21. Et non modò eos, qui in coadjutorum formatorum, five spiritualium, five temporalium gradus & minifteria, ut præfertur, admittuntur, fed & fcholares ipfos, ac fuprà dictos alios omnes, &quofcumque, qui in ipfam focietatem admiffi, biennio probationis à quolibet eorum peracto, tria vota fubftantialia prædicta, tametfi fimplicia emiferint, aut emtttent in futurum, merè ac propriè religiofos fuiffe & effe, ac fore, & ubique femper, & ab omnibus cenferi & nominari debere non fecùs atque ipfos, tùm focietatis, tùm quorumvis aliorum regularium ordinum profeffos, fuifque præpofitis, in omnibus, & per omnia

Tttt ij

[ocr errors]

1

obedire, &c. Il lance les foudres de l'excommunication contre ceux qui ne foumettront pas leur croïance à ces décisions.

Outre les raifons que nous avons alléguées, outre l'autorité des loix du roïaume, & la décifion des papes, nous avons encore en notre faveur le fentiment des auteurs. Le Brun, en fon

traité des fucceffions, livre I, chapitre 2, fection 2 dit que ce que les Jéfuites appellent leurs vœux fimples, font des vœux fuffifans pour leur famille, & pour le public, pour la sûreté defquels on juge à préfent que depuis ces premiers vœux, qu'ils font après les deux années de noviciat, ils font réputés morts civilement ; en forte qu'ils ne fuccédent plus ; & que leur fucceffion eft ouverte.

Brodeau fur Louet, lettre C, fomm. 8, eft de même avis. Après avoir prouvé que les premiers vœux rendent le Jésuite parfait religieux relativement à lui & à la fociété, & le privent par conféquent de la vie civile, il eft inutile d'examiner quel eft l'effet des feconds vœux. Ils doivent, à plus forte raison, produire la même incapacité.

Nous traiterons au livre 3. des effets du congé que donne le fupérieur au Jéfuite qui n'a pas encore fait les troifiémes

vœux.

[blocks in formation]

Nous devons la congrégation de ces peres à l'heureuse découverte que fit le bienheureux Cefar de Bus d'une méthode nouvelle de donner des leçons fur le catéchisme du concile de Trente. Il étoitné à Cavaillon, dans le comtat Venaiffin. Plufieurs eccléfiaftiques fe joignirent à lui pour participer à un travail fi utile; & la Chrétienté s'eft vûe ornée d'une nouvelle communauté réguliere. Le pape Clement VIII. l'approuva en 1597. Pour l'affermir, il falloit des vœux. Le fondateur en établit un d'obéiffance.

La premiere colonie de cet ordre en France parut à Toulouse; une autre à Brive dans le Limoufin.

Ils obtinrent en 1610 des lettres patentes, qui confirmerent les établiffemens qu'ils avoient déja dans le roïaume, & les autoriferent à en faire de nouveaux.

Ils fe réunirent avec les Somafques; & cette réunion donna matiere à beaucoup de conteftations, dont le détail n'eft ni

utile, ni curieux. Elles furent terminées par un bref du pape Alexandre VII. de l'an 1659, qui permet aux membres de cette congrégation de faire quatre voeux fimples de pauvreté, de chaftete, d'obéiffance & de stabilité perpétuelle, difpenfables feulement par le pape, ou par le chapitre, ou par le définitoire général de la congrégation. Mais tout cela ne décidoit rien par rapport à leur état, relativement à la vie civile fur laquelle les puiffances féculieres feules peuvent prononcer.

Enfin il fut fixé par des lettres patentes en forme d'édit, données à Fontainebleau au mois de Septembre 1726.

Ces lettres patentes femblent d'abord préfenter une difficulté, en décidant que les vœux des peres de la Doctrine Chrétienne ne peuvent pas être folemnels: mais nous trouvons dans le furplus de ces lettres des difpofitions qui suffisent pour nous déterminer à regarder ces religieux comme morts civilement; & ce que nous avons dit au fujet des Jéfuites, en établiffant que des vœux fimples peuvent enlever la vie civile, nous confirme encore davantage dans cette opinion.

Ces lettres excluent d'abord ceux qui ont fait les vœux & le ferment mentionnés dans les conftitutions de la congrégation, de toutes fucceffions directes & collatérales; ce qui fuppofe néceffairement la privation de la vie civile.

Elles contiennent enfuite une autre difpofition, dont la conféquence eft encore plus claire, puifqu'il en résulte que celui qui fait fes vœux dans cette congrégation eft privé à l'instant de fes biens. » Voulons néanmoins que ceux qui aïant fait lef» dits vœux feront congédiés de la congrégation avant l'âge de >> vingt-cinq ans accomplis, puiffent rentrer dans tous leurs » droits échûs, ou à écheoir avant, ou depuis l'émiffion defdits >> vœux mais fans aucune restitution de fruits, jufqu'au jour » qu'ils en feront la demande, après qu'ils auront été congédiés. » Ils étoient donc privés de leurs droits échûs avant l'émission des vœux ; c'est-à-dire, qu'on leur avoit fuccédé comme à tous ceux qui font morts civilement.

Mais il faut remarquer que, quoique chaque membre de cette congrégation foit religieux, cependant la congrégation eft féculiere, & que fes membres jouiffent en conféquence de l'avantage de pofféder des bénéfices féculiers.

Les lettres patentes dont nous venons de parler contiennent une difpofition expreffe àcet égard, en ces termes : » Nonobftant » les quatre vœux, lefdits de la Doctrine Chrétienne pourront

pofféder des bénéfices féculiers, même pendant le tems qu'ils » feront dans ladite congrégation. Voulons cependant, pour y » maintenir le bon ordre, & afin qu'ils puiffent mieux vaquer » aux emplois dont elle est chargée, & remplir leurs engage» mens, qu'aucun d'entre eux ne puiffe obtenir aucun bénéfice » exigeant réfidence, fans le confentement du définitoire, ou, » dans les cas preffans, fans la permiffion du confeil extraordinaire » de la province, qu'il fera néceffaire de faire ratifier par le dé>> finitoire au plus tard dans deux mois. Faute de quoi la provi» fion fera nulle de plein droit, & le bénéfice impétrable. »

Au refte, les Doctrinaires, comme tous les autres ordres ou il y a des vœux qui affectent l'état de celui qui les prononce, font obligés d'avoir des regiftres: voici comment s'expriment à ce fujet les mêmes lettres patentes : » Ordonnons que les registres » qui fe tiennent dans ladite congrégation, tant pour l'entrée en >> noviciar, que pour l'émiffion des vœux, feront écrits de fuite » fans aucun blanc ni interligne, & fignés par deux témoins, >> fans que la fignature defdits témoins, ni leur présence à l'é>> miffion defdits vœux puiffent les rendre folemnels, ni donner > atteinte à l'inftitut de ladite congrégation. >>

Nous aurons encore lieu de parler de cette congrégation en parlant des congés des fupérieurs.

[blocks in formation]

Cette congrégation doit fon établiffement au célébre Vincent de Paul confeffeur de Louis XIII. Le pape a décoré fa mémoire d'une bulle de canonisation, quoiqu'il n'ait fait aucun miracle en France: mais il en a, dit-on, fait un grand nombre en Pologne. C'eft le terme le plus reculé de fes voïages. Suivant l'histoire imprimée, que nous avons de fa vie.

Les Lazaristes tirent leur nom du prieuré de faint Lazare, qui leur a été cédé par les chanoines réguliers de faint Victor, auxquels il appartenoit. C'eft le chef-lieu de la congrégation, qui fe nommoit originairement congrégation de la Miffion.

Avant d'y être admis, il faut effuïer deux années de noviciat, après lefquelles on fait trois vœux fimples de chafteté, d'obéisfance & de stabilité, dont on ne peut être dispensé que par le pape, ou par le général. ·

« AnteriorContinuar »