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An. g.
J 201.

Heg.
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tion, cependant pour s'en affurer enco re davantage, & pour engager fortement dans fes interêts tous ceux qui devoient combattre fous fes ordres,il leur fit des largeffes.Il voulut auffi montrer qu'il fçavoit reconnoître les fervices; comme il devoit la vie aux deux Efclaves d'Ounghcan qui l'étoient venu avertir du deffein de ce Roy, il confeffa publiquement l'obligation qu'il leur avoit ; il leur donna les loüanges qu'ils meritoient, leur fit des prefens confiderables, & leur accorda des honneurs extraordinaires. Il les déclara Marra- Tercans, a affigna un fonds pour leur kefaby. fubfiftance; les exempta eux & leurs enAbulfa- fans de tout fubfide,b & avec le pouvoir de toucher les premiers au butin, qui fe feroit pendant la guerre, il leur donna le privilege de n'être point tenus de tager leur butin avec les Receveurs & Douaniers du Prince: Outre tous ces

rage.

par

a C'est une qualité qu'on donnoit chez les Tartares & les Mogols à ceux qui avoient reçu du Prince par Ordonnance fpeciale quelques privileges & avantages qui les diftinguoient

des autres.

b Le Tercan eft exemt de tous droits. Il ne

partage fon butin avec perfonne, ni avec les Douaniers du Prince. Il entre chez le Roy fans permiffion: on lui pardonne jufqu'à neuf fois pour quelque faute que ce foit,

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avantages, il leur permit d'entrer quand An. gra ils voudroient fous la Tente du Prince, 1201, Heg. fans être obligés d'en demander la permiffion à aucun de fes Officiers, & ils les déclara exemts de punition pour toutes les fautes qu'ils feroient; à moins que l'on ne prouvât qu'ils les euffent déja commifes neuf fois. Ajoûtez à toutes ces graces qu'elles devoient paffer aux defcendans des deux Tercans jufqu'à la feptiéme, & felon quelques Auteurs, jufqu'à la neuviéme generation.

Mais ce ne fut pas feulement envers ces Efclaves qu'il fit paroître fa reconnoiffance; il combla de bien tous ceux qui avoient quitté Ounghcan pour le fuivre. 11 choifit même parmi ceux-là fes Officiers Generaux, & il les honora de La confiance.

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12.02.

CHAPITRE IV.

Guerre d'Ounghcan contre les Mogols Mort de ce Roy & du Prince fon fils. Temugin proclamé Empereur des Mogols, des Tartares, & d'autres Nations feptentrionales d'Afie.

T

Ous ces témoignagnes de reconnoiffance produifirent un effet avantageux pour Temugin. Ils lui attirerent un grand nombre de Soldats; & tous les Cans Mogols, exceptez ceux que Touctabéy & Gemouca avoient fait entrer dans le parti d'Ounghcan, en eurent plus d'ardeur à feconder fes deffeins. Dés que leurs troupes furent affemblées, il nomma fes Lieutenans Generaux & ses autres Officiers, & contre la coûtume des Scythes qui attaquoient leurs ennemis en foule, il divifa l'armée en deux aîles, forma un centre, & fit de fes troupes particulieres un corps de réferve, ce qu'il pratiqua toujours depuis: Comme la terreur faifit fouvent ceux qui font attaqués, il marcha vers les frontieres du Grand Can, dont il apprit que l'armée étoit déja en mouvement, réfolu de l'attaquer plû

tôt

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tôt que de fe tenir fur la défenfive.

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Aboul

a Quoi qu'on ne fût point encore au 1 2 0 2. Printems, le Roy des Keraïtes avoit déja Heg. mis les troupes en campagne. Il les fit marher à grandes journées, fi-tôt qu'il cair. fût averti que Temugin étoit déja fur fes Terres; mais les équipages de fon armée étant plus riches, & par confequent plus embarraffans que ceux des Mogols, ces derniers s'avancerent jufqu'où ils voulurent s'arrêter. Ce fut dans une plaine qu'on appelloit Tangur, & qui apparte

noit aux Keraïtes.

Temugin ayant appris en cet endroit que le Grand Can n'étoit qu'à trois lieuës & demie de là, fit faire alte, & pour encourager fes Soldats, il fe fervit d'Aftrologues & de Magiciens. Marco Polo rapporte que ce Prince ordonna de tenter le fort des Baguettes, b pour voir laquelle Voyages

deThevea Genghizcan marcha avec l'armée Mogole. not liv. Ounghcan marcha autfi avec de nombreuses

troupes.

b Cette operation des Cannes a été en ufage chez les Tartares, & l'eft encore à prefent chez les Affriquains, chez les Tutcs & autres nations Mahometanes. Les Cojas ou Ecrivains des vaiffeaux Corsaires la font ordinairement quand ils doivent combattre, & c'est ce qu'ils appellent faire le Livre. Il eft vray qu'ils fe fervene plus fouvent de fléches. Deux hommes affis à terre vis-à-vis l'un de l'autre, en tiennent F

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Paolo,

des deux armées devoit demeurer victo 12 02. rieuses, & que cette operation magique Heg. fe fit ainfi. a Les Magiciens prirent une Mareo Canne verte qu'ils fendirent en long, pour en faire deux baguettes qu'ils poferent à terre, à quelque diftance l'une de l'autre, aprés avoir écrit fur l'une le nom de Temugin (qu'il appelle Cingis, ) & fur l'autre d'Ounghcan ( qu'il nomme -Umcan. Ils dirent enfuite au Prince Mogol qu'ils alloient lire leurs Conjurations: & que pendant cette lecture, les deux Cannes, par la puiffance des Idoles, s'approcheroient l'une de l'autre ; qu'il y auroit entre-elles un combat, & que cellequi monteroit fur l'autre préfageroit la victoire au Prince dont le nom feroit écrit chacun deux du côté du fer, les deux autres bouts s'engagent dans l'ouverture où l'on met la corde de l'arc quand on veut tirer; de forte: que les quatre féches ne font que deux lignes. paralleles, comme deux baguettes. Alors le Coja. fait la lecture d'une certaine Oraifon Arabe, & ils prétendent que pendant cette lecture ces deux paires de féches, dont l'une représente les Chrétiens, par exemple, & l'autre les Turcs, s'approchent malgré la réfistance de ceux qui les tiennent, & qu'aprés une espece de combat l'une s'éleve audeflus de l'autre.

a Cingis comando alli (uoi Aftrologi & Incantatori che doveffero dire qual effercito dovee haver vittoria. Coftoro prefa una Canna verde, Ja divifero in due parti per longo, &c.

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