Le Sieur de la Croix pour répon dre encore mieux aux intentions du Ministre, aprés avoir traduit les quatre principaux Auteurs qui ont écrit ex professo les actions de Genghizcan, a parcouru les Relations de tous les Voyageurs qui ont parlé de ce Prince; de forte qu'il n'en rapporte rien qui ne soit confirmé par les Auteurs les plus dignes de foy. Cette Histoire qui lui a coûté dix années de travail, sera utile non seulement aux Sçavans qui recherchent avec soin la connoif sance des évenemens passez, & aux Geographes qui ont ignoré jusqu'à present les noms des Villes, des Routes, des Fleuves & des Montagnes de la grande Tartatie; mais encore à ceux qui se mêlent de negoce & qui trafiquent dans la Chine, dans les Indes Orientales, en Perse & autres païs de l'Orient, en consequence de l'établissement que LOUIS le GRAND y fit par les foins de M. • Colbert, & qui a été renouvellé en 1708. dans un Traité de Commerce entre le Roy & le Roy de Perse, trés-avantageux à la Nation Françoise, & ménagé par M. le Comte de Pontchartrain Secretaire d'Etat, dont la vigilance & le zele ne laissent échapper aucune occasion de servir sa Patrie. Les Negocians feront donc bien-aises de voir un détail de ces Païs-là, & de connoître les Mœurs des Peuples qui les habitent. A l'égard de la prononciation des noms propres, il est bon de sçavoir que la plupart des Auteurs Européens qui ont fait imprimer des traductions de Livres Orientaux, écrivent les noms propres à leur fantaisie. M. d'Herbelot, par exemple, les a écrits à peu prés comme on les prononce en Orient, & c'est ce que le Sieur Pétis a mieux aimé faire , que d'imiter M. Vattier sçavant Professeur en Arabe, qui dans les traductions qu'il a données au public, quoi. que excellentes d'ailleurs, a tellement corrompu les noms propres, qu'à peine les peut-on reconnortre, au lieu d'écrire Abdallah, il a mis Gabdole, au lieu d'Emir almoumini, il met Miramomolin & ainsi des autres. Marcopolo n'a pas moins défiguré les noms propres Orientaux ; pour dire Gen ghizcan, il écrit Cingiscan. Au reste, cette Histoire a été lûë & corrigée par plusieurs personnes sçavantes dans les Langues Orientales, & qui tiennent rang parmi les gens de Lettres ; car l'Auteur n'étoit pas de ces Sçavans entêtez, qui ne croyent pas qu'il y ait sur la terre un homme capable de trouver des défauts dans leurs Ouvrages. Il confultoit volontiers ses amis, & profitoit de leurs Critiques. Si feu M. d'Herbelot eût été de ce caractere-là, fa Biblioteque Orientale ne feroit pas si remplie d'erreurs, & il lui auroit donné une meilleure forme. L'Histoire de Genghizcan a donc été examinée avec d'autant plus d'attention, que l'Auteur en la publiant croyoit faire un present confiderable au public: Et l'on n'a rien negligé de tout ce qui pouvoit contribuer à en rendre la lecture plus agreable & plus utile. M. de l'Ifle un des plus habiles Geographes du fiecle en a dresse la Carte, sur les Memoires des Sieurs Pétis de la Croix. Et M. Pétis dela Croix fils de l'Auteur ne s'est pas contenté de mettre la derniere main à l'Ouvrage de son Pere; pour le rendre encore plus digne de la curiosité du public, il y a ajoûté l'Abregé de la Vie des Auteurs dont on a tiré l'Histoire de Genghizcan. Il a aussi traduit un grand nombre d'Historiens Orientaux, Physiciens & autres qu'il a dessein de donner incessamment au Public. ور LIVRE PREMIER. CHAPITRE I. DEs Scythes, Tartares anciens Mogols. Du païs de Genghizcan. Des Ancêtres de la Genealogie de ce Prince. De sa naissance & de son premier nom. Et quelle perfecution il fouffrit pendant sa minorité de la part des Cans Mogols après la mort de son Pere. Chap. II. D'Ounghoan Roy des Keraïtes, autrement le Prêtre Jean d'Afie. De l'arrivée de Temugin à Caracorom, de la Conspiration qui fut formée contre lui. page 26 Chap. III. Retraite de Temugin de la Cour d'Ounghean. Son premier combat contre les troupes de son beau-pere. Les Mogols refusent de payer tribut à Ounghcan. Temugin est déclaré General de l'Armée Mogole. 46 Chap. IV. Guerre d'Ounghcan contre les Mogols. Mort de ce Roy & du Prince |