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tricité foit un peu forte, il se fera une belle aigrette au bout du fer, & fi l'on approche d'une perfonne qui foit vêtue d'une étoffe d'or ou d'argent, ou qui ait beaucoup de galons à fon habit, cette perfonne de-. vient étincelante de toutes parts, & chaque étincelle qui éclate lui fait fentir à travers de fes habits une piquûre qui va jufqu'à la douleur.

Cette expérience qui prouve inconteftablement l'action de la matiere électrique à travers les étoffes ? préfente un spectacle admirable. J'ai vû quelquefois des robes ou des jupes qui devenoient fi lumineufes qn'on en diftinguoit parfaitement le deffein; & cette lumiere fe communiquoit à tout un cercle de huit ou dix Dames, quoiqu'on n'en touchât qu'une; les étoffes où il y a beaucoup de trait d'or ou d'argent réuffiffent mieux que les autres.

TROISIEME EXPERIENCE.

:

Quand on électrife la barre de fer avec le globe, non feulement on voit une aigrette lumineuse au bout le plus éloigné; mais on remarque

auffi quelques franges de matiere enflammée qui coulent de l'autre extrémité qui répond au globe; & ces franges augmentent & de rayons & de vivacité, lorfque quelqu'un approche ou fa main ou fon corps des autres parties de la barre, comme fi la matiere électrique qui vient du corps animé, fe joignoit à celle qui vient de l'air à la barre électrifée, & procuroit par cette addition un écoulement plus fort & plus abondant: or fi cela eft, il faut qu'elle pénétre le fer felon fa longueur. QUATRIEME EXPERIENCE.

Electrifez un globe de verre dans lequel il y ait quelques petites parcelles de bois, de cette rapure, par. exemple, qu'on met fur l'écriture; arrêtez le globe, & préfentez le bout du doigt deffous; vous verrez tous ces petits corps légers s'élancer de bas en haut, apparemment parce que la matiere électrique qui fort du doigt en la préfence d'un corps électrifé, les enleve avec elle;

* Voy. la feptiéme Expérience de la neuviéme Question.

mais pour les enlever ainfi, il faut qu'elle pénétre l'épaiffeur du globe.

CINQUIEME EXPERIENCE.

Electrifez encore un pareil globe au centre duquel vous foutiendrez. avec un axe de fil de fer une rondelle de liége d'un pouce ou environ de diamètre, garnie en fa circonférence de plufieurs brins de foie plate; arrêtez enfuite ce globe quand vous l'aurez fuffifamment frotté, & Vous remarquerez que toutes les foies tendent comme autant de rayons à la circonférence de l'équateur (a); alors fi vous présentez le doigt à quelques pouces de diftance du globe, celui de ces fils de foie qui fe trouvera vis-à-vis, fe courbera en s'écartant comme s'il étoit re

pouffé; & felon toute apparence il

(a) Cette expérience qui eft d'Hauxbée, eft une de celles qui ont eû le plus de célébrité. On ajoute encore au fpectacle qu'elle préfente, quand on entoure l'équateur du globe avec un cercle qui en eft diftant de sept a huit pouces, & que ce cercle eft garni de plufieurs fils de foie. Car lorsque le verre devient électrique tous ces fils fe dirigent vers le centre du globe comme autant dę

rayons convergens.

l'eft en effet, par la matiere qui va du doigt non électrique au verre électrifé.

Diroit-on que cette foie s'écarte, parce que le doigt en s'approchant défélectrife la partie du globe à laquelle elle répond.

Mais outre que cette foie revient quand on éloigne le doigt, (ce qui prouve que le verre est toujours électrique en cet endroit) s'il avoit ceffé de l'être, la foie n'auroit pas dû s'écarter feulement en fuivant la direction du doigt; elle devroit, à ce qu'il femble, retomber attirée par l'Electricité des parties inférieures du globe, & de plus par l'effort de fa pefanteur.

Réponse à la treiziéme Question.

Il paroît donc par tous les faits que je viens de rapporter, & par bien d'autres que je fuis obligé de fupprimer, pour me renfermer dans les bornes d'un abrégé, il paroît, disje, que la matiere électrique, tant celle qui émane des corps électrifés, que celle qui vient à eux des corps environans, eft affez fubtile pour

paffer à travers des corps les plus durs & les plus compacts, & qu'elle les pénétre réellement.

XIV. QUESTION. La matiere électrique pénétre-t-elle tous les Corps indiftinctement avec une égale facilité; & s'il y a quelque différence, qui font ceux qui font le moins perméables à cette matiere ?

Il paroît par ce qui a été rapporté dans les Questions précédentes, & principalement dans la neuviéme, que l'Electricité eft l'état d'un corps dans lequel une matiere électrique affluente des environs remplace continuellement celle qui en fort & que j'ai nommée effluente: ainfi quand un corps s'électrife plus facilement qu'un autre, c'eft apparemment que la matiere électrique en fort avec plus de facilité que d'un autre corps, & qu'elle y rentre de même; & au contraire on peut dire que cette même matiere ne pénétre que difficilement, foit pour entrer foit pour fortir, les corps qu'on a peine à rendre électriques. Or nous avons vû par les expériences rap

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