le verre, le foufre, les gommes, les réfines, &c. ne reçoivent que peu ou point d'Electricité par commu nication.

III. QUESTION.

Y a-t-il quelque différence remarquable entre l'Electricité acquife par communication, & celle qui eft excitée par frotte

ment?

Il réfulte des expériences rapportées dans la Queftion précédente que le même corps agit pour l'ordinaire plus ou moins puiffamment, felon qu'il a acquis l'Electricité de l'une ou de l'autre maniere. Un bâton de foufre ou de cire d'Efpagne, par exemple, devient bien plus électrique quand on le frotte, que quand fa vertu lui eft communiquée par un autre corps électrifé. Et au contraire, un morceau de bois que l'on électrife par communication, a toujours beaucoup plus de vertu que s'il devenoit électrique par frottement. Mais ce qu'on fe propofe ici c'est de fçavoir en général fi l'Electricité communiquée préfente com

munément quelque différence qu'on ait lieu d'attribuer à la maniere dont on la fait naître dans un corps. Comparons donc les effets d'un corps qui s'électrife le mieux par frottement, avec ceux d'un autre corps qui devient le plus électrique par voie de communication.

PREMIERE EXPERIENCE. J'électrife une verge de fer de trois ou quatre lignes d'épaiffeur, & de quatre ou cinq pieds de longueur fufpendue avec deux fils de foye, au-deffus du globe de verre que l'on fait frotter fur mes mains, fig. 10. Le premier de ces deux corps devient électrique par communication, & le dernier l'eft par frotte

ment.

J'obferve alors, 1erement, que l'un & l'autre attirent des corps femblables, des feuilles de métal, des plumes, &c. à des distances à peu près égales. 2dement, l'un & l'autre étincellent & petillent quand on en approche le doigt, ou tout autre corps non électrifé; mais le feu qui fort du fer eft plus vif, & éclate davantage

que celui qui vient du verre.

SECONDE EXPERIENCE.

J'ai obfervé affez conftamment la même chose en me fervant d'un globe de foufre, au lieu de celui de verre ; à cela près que les effets de part & d'autre, c'est-à-dire, de la barre & du globe, étoient plus foibles.

TROISIEME EXPERIENCE.

Cette même Expérience faite un grand nombre de fois avec un tube de verre, & un homme placé debout fur un fupport de matiere résineufe, m'a toujours offert le même résultat.

Réponse à la troisieme Question.

J'ai donc crû devoir conclure de ces Epreuves, 1°. Que les effets font les mêmes au fond, foit que l'Electricité naiffe par frottement foit qu'elle s'acquiere par communication.

2°. Que la voie de communication eft un moyen plus efficace que

le frottement, pour forcer les effets

de l'Electricité.

IV. QUESTION.

Tous les Corps légers de quelque efpece qu'ils foient, font-ils attirés

repouffés par un Corps électrifé, & cette vertu a-t-elle plus de prife fur les uns que fur

les autres ?

PREMIERE EXPERIENCE.

Si l'on place fur une table de bois unie & bien feche, ou fur un carton bien liffe, de petits fragmens de feuilles d'or ou de cuivre, de petites boulettes de coton, de très-petites plumes, des brins de foye, des particules de verre foufflé très-mince, &c. & que l'on préfente au-deffus environ à un pied de distance un tube de verre récemment frotté; tous ces petits corps s'élevent vers le tube électrique, & font repouffés vers la Table; ce qui fe répete continuellement tant dure l'Electrique cité du verre: mais on obferve que les feuilles de métal ont un mouvement plus vif & plus fréquent, foit

SECONDE EXPERIENCE.

Sufpendez avec deux fils de foye une baguette de bois à laquelle vous attacherez des rubans de diverfes couleurs, mais de mêmes largeur & longeur, afin qu'ils foient tous à peu près de même poids, fig. 12. approchez-en environ à un pied de distance, un tube de verre électrifé de maniere que fa longueur foit parallele au plan formé par les rubans, . & à la ligne qui comprend toutes leurs extrémités inférieures.

Les rubans noirs font toujours attirés & repouffés de plus loin ou plus fortement que les autres. S'il y en a quelqu'un des autres couleurs qui faffe la même chofe, on lui fait perdre à coup fûr cette qualité qui le diftingue, en le lavant & le faifant fécher.

Et celui de tous qui paroît obéir le moins à la vertu Electrique du tube devient le plus actif & le plus prompt, quand on le mouille, ou qu'on remplit une partie

,