Imágenes de páginas
PDF
EPUB

cette matiere invisible qui agit beaucoup au-delà des aigrettes lumineufes, n'eft autre chofe qu'une prolongation de ces rayons enflammés, & que toute matiere, électrique dont le mouvement n'eft point accompagné de lumiere, ne differe de celle qui éclaire ou qui brûle, que par un moindre degré d'activité.

Feu M. Du Fay a conclu tout au contraire (a); mais il n'avoit point vu les faits que je viens de citer, & je penfe que ceux fur lefquels il a établi fon opinion, & qui la rendoient vraisemblable alors, peuvent aifément fe concilier avec la mienne, comme je pourrai le faire voir dans un Ouvrage plus étendu que celui-ci. L'expérience du mercure dans le vuide, que cet habile Phyficien a citée (b) comme une de fes plus fortes preuves, fe réduira fi l'on veut à nous faire connoître que le frottement qui détermine la matiere électrique à fe mouvoir, n'eft pas le feul moyen que l'on ait de la rendre lumineuse.

(a) Mém. de l'Ac. des Sc. 1734. p. 525. §. 15 a (b) Ibid. pag. 517.

XIII. QUESTION.

La matiere électrique, tant affluente qu'effluente, pénétre-t-elle tous les Corps folides ou fluides qu'elle rencontre dans fon paffage; ou bien ne fait-elle que glif fer fur leur furface?

PREMIERE EXPERIENCE. Electrifez, par le moyen du globe, une barre de fer ou un homme dans un lieu obscur, jufqu'à ce qu'il en forte des aigrettes lumineufes; confidérez attentivement les endroits d'où partent ces rayons enflammés, & vous verrez que ces émanations viennent de l'intérieur du Corps électrisé, aussi évidement qu'un jet d'eau paroît fortir de fon ajutage.

M. Waitz, dans un Ouvrage que l'Académie de Berlin a couronné après avoir rapporté cette expérience, ajoute, § 103. » Si quelqu'un pré» tend qu'il fe faffe une émiffion réel»le de ces rayons hors du fer ou du → corps électrifé , nous ne ferons >> point de fon avis, à moins qu'il ne » nous apprenne par des raifons con» venables pourquoi il ne nous pa»roît pas de ces rayons de feu auffi

[ocr errors]

כל

כל

[ocr errors]

bien au bout d'un fer émouffé, & » dans tout le refte de fa furface; » c'est cependant une chofe recon»nue qu'un Corps liquide qui eft for » cé de s'écouler, prend fon principal » écoulement par où il trouve les plus grandes ouvertures; ce qui ne peut > aucunement fe dire d'une pointe.» J'avoue que j'ai été très-furpris de trouver cette doctrine dans un Ecrit dont l'Auteur ne paroît pas nouvellement initié dans la matiere qu'il traite; & qui contient d'ailleurs beaud'excellentes obfervations & de raifonnemens ingénieux & plaufibles: j'aurois même regardé cet endroit comme une faute de traduction (a), fi des lettres que j'ai reçûes d'Allemagne ne m'avoient appris pofitivement que M. Waitz avoit avancé & foutenoit cette opinion.

coup

On fuppofe donc que ces rayons lumineux qui forment les aigrettes, au lieu d'être autant d'émanations divergentes qui s'élancent du corps

(a) L'Ouvrage eft écrit en Allemand'; j'ai été obligé, n'entendant pas cette langue, de le faire traduire par une perfonne qui n'était pas bien au fait de la matiere qui y eft traitée. électrifé,

électrifé, font au contraire des filets de matiere affluente qui convergent à la pointe de ce même corps, & l'on demande des preuves du contraire à quiconque ne voudroit pas embraffer cette pensée; mais fi quelqu'un eft obligé d'entrer en preuves, n'eft-ce pas celui qui avance une nouveauté? Or j'ofe dire que c'en. est une qui eft contre toute apparence, de prétendre que les aigrettes lumineufes qu'on voit au bout d'une verge de fer électrifée, foient les rayons d'une matiere enflammée qui fe porte de l'air environnant au corps électrique : car de tous ceux qui onr répété, ou feulement vû cette expérience, je n'ai jamais rencontré perfonne qui en eût le moindre foupçon; je doute même que cette opinion, quoiqu'appuyée maintenant de l'autorité d'un habile homme, puiffe fe faire beaucoup de partifans.

A quelqu'un qui me diroit en me montrant un jet d'eau:»Cette eau qui "yous paroît jaillir ne fort pas du » tuyau qui est à fleur du bassin; elle >> s'y précipite au contraire pour y en>>trer: ne ferois-je pas en droit de ré

pondre: Ce que je crois voir, tout le monde le croit comme moi; ce que vous prétendez de contraire, vous le prétendez feul, je n'en croirai rien fi je n'en vois des preuves. Mais fi au lieu de m'en donner, on en exigeoit de moi pour autorifer le fentiment commun, je dirois à mon adverfaire Approchez- vous du jet d'eau qui fait l'objet de notre difpute; regardez attentivement, & remarquez malgré la rapidité du mouvement, qu'on ne laiffe pas d'appercevoir diftinctement que le fluide eft dirigé de bas en haut. J'ajouterois à cela: Portez la main dans le jet, & vous fentirez une impulfion qui vous apprendra de quel côté vient l'eau. Difons donc à peu près la même chofe à M. Waitz.

OBSERVATION S. Obfervez attentivement les aigret tes lumineufes, non pas celles qui font foibles & dont les rayons font courts, non pas celles qui fortent du cuivre ou de l'argent, parce que les rayons plus ferrés & prefque confondus ne forment prefque qu'une

« AnteriorContinuar »