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riré à croire qu'on eft en état de rendre raifon de tout: mais auffi c'est manquer de courage, que de défefpérer de tout, auffi-tôt qu'on rencontre un fait que l'on a peine à ramener au même principe, auquel les autres fe rapportent visiblement : & cette façon d'agir eft préjudiciable aux progrès de la Phyfique: car quand on fait des expériences il faut avoir une intention; & quelle intention peuton avoir quand on a pour régle de ne s'arrêter à aucun principe, & de n'avoir en vûe aucune cauLe particuliere?

Lorfque Toricelli eut trouvé dans la péfanteur de l'air la vraie caufe des phénoménes fauffement attribués à l'horreur du vuide, & que Pafchal & lui en eurent donné des preuves par la fufpenfion des liqueurs proportionnelle à leur densité & à l'élévation des lieux au-deffus du ni

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veau de la mer, falloit-il attendre pour publier cette découverte que l'on connût tous les effets qui dépendent du poids de l'air, & que toutes les difficultés qu'on pourroit trouver à y rapporter certains phénoménes fuffent abfolument applanies? Cette cause fi naturelle & fi palpable de l'ascenfion de l'eau dans les pompes afpirantes, de l'adhérence réciproque des furfaces polies, &c. a-t-elle du être rejettée, lorfqu'on s'eft apperçu que les deux marbres demeuroient encore joints l'un à l'autre dans le vuide, & que le tube de Toricelli reftoit quelquefois plein d'une colomne de mercure, quoiqu'il eût beaucoup plus de vingt-huit pouces de longueur ? N'a-t-on pas mieux fait d'imaginer une feconde puiffance qui agit conjointement avec l'air, & qui fuffit feule dans certains cas, que de re

noncer à l'action de ce fluide fi bien établie & si bien prouvée d'ailleurs?

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Si j'étois donc affez heureux pour avoir trouvé la cause générale de l'Electricité, dans l'effluence & l'affluence fimultanées d'une matiére très-fubtile, préfente par-. tout, & capable de s'enflammer par le choc de fes propres rayons; & que j'euffe bien prouvé ces principes qui font la partie la plus effentielle de mes explications; on devroit me paffer de n'avoir pas éclairci ce qui peut refter d'obfcur dans cette matiére, & de n'avoir pas entrepris de ramener au même principe plusieurs faits qui peuvent être encore regardés comme douteux, ou qui dépendent peut-être de plufieurs caufes concourantes au même effet.

Au refte mon Ouvrage n'eft qu'un Effai. La nouveauté du fujet que je traite, les difficultés qu'on

qu'on y rencontre, & les bornes dans lesquelles je me fuis renfermé, font des raisons plus que fuffifantes pour juftifier ce titre, & pour empêcher qu'on ne le regarde comme l'expreffion d'une faufse modestie; c'eft, pour ainfi dire, une , une ébauche que je tâcherai de perfectionner, & que j'étendrai davantage, fi les fuffrages du Public me donnent lieu de croire qu'elle en vaut la peine : j'en ferai le fixiéme volume de mes Leçons de Phyfique, dont le cinquiéme va être mis fous Preffe: (a) ainfi j'aurai le tems d'amaf

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(a) L'accueil favorable que le Public a bien voulu faire à cet Effai, m'a fait mettre au jour mes Recherches fur les caufes particulieres des Phénomenes Elect. Cela n'empechera pas que je ne reprenne cette matiere dans le 6. vol. dont je fais ici mention pour l'ajuster à la méthode de mes Leçons. Non-feulement cela me donnera lieu de la rendre plus complette, en embraffant tout ce qui aura paru de nouveau en ce genre jufqu'alors: mais j'espère encore qu'en raffemblant fous un petit nombre de chefs, cette multitude prefb

fer de nouvelles preuves, de mé diter fur les difficultés qui reftent à éclaircir ou qui naîtront, & de profiter des lumiéres qu'on voudra bien me communiquer, pour redreffer mes idées, fi l'on me fait appercevoir qu'elles font défectueufes. Car je ne me prévaudrai pas de l'habitude où je fuis de faire des expériences, ni du tems que j'ai mis à concerter mes explications pour m'opiniâtrer dans mon fentiment: on pourra le combattre autant qu'on le voudra; je me ferai toûjours un devoir & un honneur de répondre à la critique qu'on en fera, pourvû qu'elle foit fans aigreur, & fur le ton qui convient à la vérité & aux fciences, ou bien je con

que infinie de faits qui accable, & faifant voir la liaifon qu'ils ont entre eux, & la fimilitude qui regne entre la plûpart, je ferai difparoître une partie de ce merveilleux, qui jette dans les efprits une forte de découragement, & quí les tient trop-long-tems éloignés de la recherthe & de la connoiffance des caufes..

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