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Romulus, fe trouva confondue dans An de Rome celle du fénat. Les fénateurs convinrent de la partager, & chacun fous le nom d'entre-roi gouvernoit à son tour pendant cinq jours, & jouiffoit de tous les honneurs de la fouveraineté. Cette nouvelle forme gouvernement dura un an entier, dec. 1. & le fénat ne fongeoit point à fe

de

T. Liv. 1. r.

donner un nouveau fouverain. Mais Plut. in Nule peuple qui s'apperçut que cet in- ma Pomp. terrègne ne fervoit qu'à multiplier fes maîtres, demanda hautement qu'on y mit fin il fallut que le fénat relâchât à la fin une autorité qui lui échappoit. Il fit propofer au peuple, s'il vouloit qu'on procédât à l'élection du nouveau roi, ou qu'on choisît feulement des magiftrats annuels qui gouvernaffent l'état. Le peuple, par eftime & par déférence pour le fénat, lui remit le choix de ces deux fortes de gouvernemens. Plufieurs fénateurs qui goûtoient le plaifir de ne voir dans Rome aucune dignité au-deffus de la leur, inclinoient pour l'état républicain; mais les principaux de ce corps, qui afpiroient fecrettement à la couronne firent décider à la pluralité des voix, qu'on ne changeroit rien dans la

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forme du gouvernement. Il fut réfolu qu'on procéderoit à l'élection d'un roi; & le fénateur qui fit le dernier, durant cet interrègne, la fonction d'entre-roi, adreffant la parole au peuple en pleine affemblée, lui dit:

Elifez un roi, Romains, le fénat » y confent; & fi vous faites choix » d'un prince digne de fuccéder à Ro» mulus, le fénat le confirmera dans » cette fuprême dignité. » On tint pour cette importante élection une affemblée générale du peuple Romain. Nous croyons qu'il ne fera pas inutile de remarquer ici qu'on comprenoit fous ce nom d'affemblée du peuple, non-feulement les plébéiens, mais encore les fénateurs, les chevaliers, & généralement tous les citoyens Romains, qui avoient droit de fuffrage, de quelque rang & de quelque condition qu'ils fuffent. C'étoient comme les états généraux de la nation, & on avoit appelé ces affemblées, affemblées du peuple , parce que les voix s'y comptant par tête, les plébéiens feuls, plus nombreux que les deux autres ordres de l'état, décidoient ordinairement de toutes les délibérations, qui, dans ces premiers temps, n'avoient cependant d'effet

qu'autant qu'elles étoient enfuite approuvées par le fénat: telle étoit alors la forme qui s'obfervoit dans les élec tions. Celle du fucceffeur de Romulus fut fort contestée.

Le fénat étoit compofé d'anciens fénateurs, & de nouveaux qu'on y avoit agrégés fous le règne de Tatius: cela forma deux partis. Les anciens demandoient un Romain d'origine les Sabins qui n'avoient point eu de roi depuis Tatius, en vouloient un de leur nation. Enfin, après beaucoup de conteftations, ils demeurerent d'accord que les anciens fénateurs nommeroient le roi de Rome, mais qu'ils feroient obligés de le choifir parmi les Sabins. Leur choix An de Rome tomba fur un Sabin de la ville de Cures, mais qui demeuroit à la campa gne. Il s'appeloit Numa Pompilius, homme de bien, fage, modéré, équitable, mais peu guerrier, & qui ne pouvant fe donner de la confidération par fon courage, chercha à fe diftinguer par des vertus pacifiques. Il travailla pendant tout fon règne, à la faveur d'une longue paix, à tourner les efprits du côté de la religion, & à infpirer aux Romains une grande crainte des dieux. Il bâtit de nou

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Tit. Liv.

D. Halic.
Plutarq

veaux temples: il inftitua des fêtes ; & comme les réponses des oracles & les prédictions des augures & des arufpices faifoient toute la religion de ce peuple groffier, il n'eut pas de peine à lui perfuader que des divinités qui prédifoient ce qui devoit arriver d'heureux ou de malheureux, pouvoient bien être la cause du bonheur ou du malheur qu'ils annonçoient la vénération pour ces êtres fupérieurs, d'autant plus redoutables qu'ils étoient plus inconnus, fut une fuite de ces préjugés. Rome fe remplit infenfiblement de fuperftitions: la politique les adopta, & s'en fervit. utilement pour tenir dans la foumiffion un peuple encore féroce. Il ne fut même plus permis de rien entreprendre qui concernât les affaires d'état fans confulter ces fauffes divinités ; & Numa, pour autorifer ces pieufes inftitutions & s'attirer le refpe&t du peuple, feignit de les avoir reçues d'une nymphe appelée Egérie, qui lui avoit révélé, difoit-il, la manière dont les dieux vouloient An de Rome être fervis. Sa mort, après un règne de 43 ans, laiffa la couronne à Tullus Hoftilius, que les Romains élurent pour troifième roi de Rome.

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C'étoit un prince ambitieux, hardi entreprenant, plus amateur de la guerre que de la paix, & qui, fur le plan de Romulus, ne fongea à conferver fon état que par de nouvelles conquêtes.

Si la conduite pacifique de Numa avoit été utile aux Romains pour adoucir ce qu'il y avoit de féroce & de fauvage dans leurs mœurs, le caractère fier & entreprenant de Tullus ne fut pas moins néceffaire dans un état fondé par la force & la violence & environné de voifins jaloux de fon établiffement. Le peuple de la ville d'Albe faifoit paroître le plus d'animofité, quoique la plupart des Romains en tiraffent leur origine & que la ville d'Albe fût confidérée comme la métropole de tout le Latium. Différens fujets de plaintes réciproques, & ordinaires entre des états voifins, allumèrent la guerre ; ou, pour mieux dire, l'ambition feule, & un efprit de conquête leur firent prendre les armes. Les Romains & les Albins fe mirent en campagne. Comme ils étoient voifins, les deux armées ne furent pas long-temps fans s'approcher on ne diffimuloit plus qu'on alloit com

An de Rome

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