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vius Tullius. Ce prince eft affaffiné par Tarquin le fuperbe, qui s'empare de la royauté fans le confentement du peuple ni du fénat. Son ambition & fa cruauté excitent un mécontentement général que l'impudicité de Sextus Tarquin fon fils, & la mort de Lucrèce, font éclater. Révolte générale. Les Tarquins font chaf fés, & la royauté eft profcrite. L'état républicain fuccède au monarchique. On élit deux magiftrats annuels, à qui on donne le nom de Confuls. La divifion qui furvient bientôt après entre le peuple & le fénat, oblige de créer une nouvelle magiftrature fupérieure au Confulat, je veux dire la Dictature. Les brouilleries ceffent pour quelque temps; mais enfuite elles fe renouvellent, & vont fi loin que la plus grande partie du peuple abandonne la ville, & fe retire fur le mont facré. Pour le faire

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I Année de

quatrième de

J. C.

renter dans Rome, il fallut lui accorder l'abolition de toutes les dettes, & confentir à la création des Tribuns du peuple.

UN prince d'une naiffance incer

Rome, envi- taine, nourri par une femme proftiron la 3253 du monde," tuée, élevé par des bergers, & depuis environ la devenu chef de brigands, jeta les La feptième premiers fondemens de la capitale du Olympiade, monde. Il la confacra au Dieu de la & la 754 av.. la naiffance guerre dont il vouloit qu'on le crût de Notre S. forti, & il admit pour habitans, des gens de toutes conditions, & venus de différens endroits, Grecs, Latins Albains & Toscans, la plûpart Pâtres & Bandits, mais tous d'une valeur déterminée. Un afyle qu'il ouvrit en faveur des efclaves & des fugitifs y en attira un grand nombre, qu'il augmenta depuis des prifonniers de guerre, & il fut de fes ennemis en faire fes premiers citoyens.

Tit. Liv. 1. 1. d. I. c. 8.

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Rome, dans fon origine, étoit moins une ville qu'un camp de foldats rempli de cabanes & entouré de foibles. murailles, fans lois civiles, fans magiftrats, & qui fervoit feulement d'alyle à des aventuriers, la plûpart fans

femmes & fans enfans, que l'impunité ou le defir de faire du butin avoit réunis. Ce fut d'une retraite de voleurs que fortirent les conquérans de l'univers.

A peine cette ville naiffante futelle élevée au-deffus de fes fondemens, que fes premiers habitans fe preffèrent de donner quelque forme au gouvernement. Leur principal objet fut de concilier la liberté avec T'empire; & pour y parvenir, ils établirent une espèce de monarchie mixte, & partagèrent la fouveraine puiffance entre le chef ou le prince de la nation, un fénat qui lui devoit fervir de confeil, & l'affemblée du peuple. Romulus le fondateur de Rome en fut élu pour le premier roi; il Dionyfii fut reconnu en même temps pour le chef de la religion, le fouverain magiftrat de la ville, & le généralné de l'état. Il prit, outre un grand nombre de gardes, douze licteurs, Tit. Liv. lib. espèce d'huiffiers qui l'accompa- I. c. 8. gnoient quand il paroiffoit en public. Chaque liceur étoit armé d'une hache d'armes, 'environnée de faisceaux de verges, , pour défigner le droit de glaive, fymbole de la fouveraineté. Mais fous cet appareil de la royauté,

Halicarnaf 1, 2, p. 81.

D. H. 1. 2.

Plut, in Rom..

fon pouvoir ne laiffoit pas d'être refferré dans des bornes fort étroites: & il n'avoit guères d'autre autorité que celle de convoquer le fénat & les affemblées du peuple; d'y propofer les affaires ; de marcher à la tête de l'armée, quand la guerre avoit été réfolue par un décret public; & d'ordonner de l'emploi des finances, qui étoient fous la garde de deux tréforiers qu'on appela depuis Quefteurs.

Les premiers foins du nouveau prince furent d'établir différentes fois par rapport à la religion & au gouvernement civil; toutes également néceffaires pour entretenir la fociété entre les hommes, mais qui ne furent cependant publiées qu'avec le confentement de tout le peuple Romain. On ne fait pas bien quelle étoit la forme du culte de ces temps fi éloignés. On voit feulement par l'hiftoire, que la religion des premiers Romains avoit beaucoup de rapport avec leur origine. Ils célébroient la fête de la déeffe Palès, une des divinités tutélaires des bergers. Pan, dieu des forêts, avoit auffi fes autels; il étoit révéré dans les fêtes lupercales ou des louves on lui facrifioit un chien.

Plutarque nous parle d'un dieu Con- Plut. in Rom fus qui préfidoit aux confeils; il n'avoit pour temple qu'une grotte pratiquée fous terre. On a donné depuis un air de mystère à ce qui n'étoit peutêtre alors qu'un pur effet du hafard ou de la néceffité; & on nous a débité que ce temple n'avoit été ménagé fous terre, que pour apprendre aux hommes que les délibérations des confeils devroient être fecrettes.

Mais la principale religion de ces temps groffiers confiftoit dans les augures & dans les arufpices, c'eft à-dire dans les pronostics qu'on tiroit du vol des oiseaux, ou des entrailles des bêtes. Les prêtres & les facrificateurs faifoient croire au peuple qu'ils y lifoient diftin&tement les deftinées des hommes.

Cette pieufe fraude, qui qui ne devoit fon établiffement qu'à l'ignorance de ces premiers fiècles, devint depuis un des myftères du gouvernement, comme nous aurons lieu de le faire obferver dans la fuite; & on prétend que Romulus même voulut être le premier augure de Rome, de peur qu'un autre, à la faveur de ces fuperftitions, ne s'emparât de la confiance de la multitude. Il défendit, par une loi expreffe, qu'on fit aucune élection, de legibus.

Cicer. 1.9.

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