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les grandes lumieres nous conduisent elles-mêmes à la soumission; l'incrédulité est le vice des esprits foibles & bornés: c'est tout ignorer, que de vouloir tout connoître. Les contradictions & les abîmes de l'impiété sont encore plus incompréhensibles que les mystères de la Foi; & il y a encore moins de reffource pour la raison à secouer tout joug, qu'à obéir & à se soumettre.

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Que votre respect & votre zéle pour la religion de vos peres, cultive & faffe croître celui du jeune Prince, auprès duquel vas noms & vos dignités vous attachent, & dont l'éducation eft pour ainsi dire, confiée à tous ceux qui ont l'honneur de l'approcher de plus près: qu'il retrouve en vous les premiers témoins de la Foi, que ses ancêtres placerent sur le Trône : que le zéle pour la défense de l'Eglife, qui coule en lui avec le sang, foit encore réveillé & animé par vos exemples: que les erreurs & les profanes nouveautés soient les premiers enuemis qu'il se propose de combattre ; & qu'il soit encore plus jaloux qu'on ne touche point aux anciennes bornes de la Foi, qu'à celles de la Monarchie.

Que la tranquillité de son regne, ô mon Dieu! devienne celle de l'Eglife:

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que les troubles qui l'agitent foient calmés, avant qu'il puisse les connoître: que la concorde & l'union rétablies parmi nous préviennent la sévérité de ses loix, & ne laissent plus rien à faire à fon zéle: que son regne soit le regne de la paix & de la vérité: que le lion & l'agneau vivent ensemble paifiblement fous son Empire; & que cet Enfant miraculeux, comme dit Ifaïe, les mene encore, & les voye réunis dans les mêmes pâturages: Et puer parvulus 6. minabit eos. Que le camp des infidéles & des Philiftins ne se réjouisse plus de nos diffenfions; & que s'ils entendent encore des clameurs autour de l'Arche, ce ne soient plus celles qui annoncent ses périls, & des malheurs nouveaux, mais ses triomphes & fa gloire.

Ainfi foit-il.

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SERMON

POUR

LE TROISIEME DIMANCHE

DE CARÊME.

Sur le malheur des Grands qui abandonnent Dieu.

Cum immundus spiritus exierit de homine, ambulat per loca inaquosa, quærens requiem & non invenit.

Lorsque l'esprit immonde est sorti d'un hom me, il s'en va par des lieux arides, cherchans du repos, & il n'en trouve point. Luc. 11. 24.

C

SIRE,

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Ет esprit inquiet & immonde fort, & rentre dans l'homme d'où il est sorti; qui change sans ceffe de lieu; qui essaye de toutes les situations, & ne peut se plaire & se fixer dans aucune; qui court toujours pour découvrir des sentiers agréables & délicieux, & qui ne marche jamais que par des lieux tristes & arides; qui cherche le repos & ne le trouve pas; c'est l'image de l'humeur & du caractère des Grands de la terre; toujours plus inquiets, plus agités & plus malheureux que le simple peuple, dès que livrés à leurs passions & à eux-mêmes, ils ont abandonné Dieu.

C'est la figure naturelle de cet état d'élévation & de prospérité, fi envié du monde, & fi peu digne d'envie selon Dieu. Le bonheur, SIRE, n'est pas attaché à l'éclat du rang & des titres; il n'est attaché qu'à l'innocence de la vie : ce n'est pas ce qui nous éleve au-dessus des autres hommes, qui nous rend heureux, c'est ce qui nous réconcilie avec Dieu. Vous portez la plus belle Couronne de l'univers; mais si la piété ne vous aide à la foutenir, elle va devenir le fardeau même qui vous accablera. En un mot, point de bonheur où il n'y a point de repos; & point de repos où Dieu n'est point.

Ainsi l'élévation toute seule ne fair pas le bonheur des Grands, fi elle n'est accompagnée de la vertu & de la crainte du Seigneur: au contraire plus

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on est grand, plus on vit malheureux A l'on ne vit point avec Dieu.

Vérité importante qui va faire le sujet de ce Discours. Implorons, &c. Ave Maria,

SIRE,

Si l'homme n'étoit fait que pour la terre, plus il occuperoit de place & plus il feroit heureux.

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Mais l'homme est né pour le Ciel : il porte écrits dans son cœur les titres augustes & ineffaçables de fon origine; il peut les avilir, mais il ne peut les effacer. L'univers entier seroit sa poffeffion & fon partage, qu'il fentiroit toujours qu'il se dégrade, & ne se satisfait pas en s'y fixant: tous les objets qui l'attachent ici bas, l'arrachent pour ainsi dire, du sein de Dieu, son origine & fon repos éternel, & laissent une plaie de remords & d'inquiétude dans son ame, qu'ils ne sçauroient plus fermer eux-mêmes: il sent toujours la douleur secrette de la rupture & de la séparation; & tout ce qui altére fon union avec Dieu, le rend irréconciliable avec lui-même.

Cependant nous nous promettons toujours ici-bas une injuste félicité, Nous courons tous dans cette terre

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