des hommes leur répond affez de la perpétuité de leur crédit & de leur durée : & s'ils font nécessaires aux Etats, l'autorité n'a que faire de s'en mêler; de tous les besoins publics, c'est celui qui court moins de risque. Mais les devoirs de la Religion, qui ne trouvent rien pour eux dans nos cœurs, il faut que de grands exemples les soutiennent : le culte acheve de s'avilir, dès que les Princes & les Grands le négligent. Dieu ne paroît plus si grand, fi j'ose parler ainsi, dès qu'on ne compte que le peuple parmi ses adorateurs : sa parole n'est plus écoutée ou perd tous les jours son autorité, dès qu'elle n'est plus destinée qu'à être le pain des pauvres & des petits. Les devoirs publics de la piété sont abandonnés; tout tombe & languit, si la Religion du Prince & des Grands ne le soutient & ne le ranime. C'est ici où l'intérêt du culte se trouve mêlé avec celui de l'Etat ; où il importe au Souverain de maintenir & les dehors augustes de la Religion, & l'unité de sa doctrine qui soutiennent eux-mêmes le Trône ; & d'accoutumer ses sujets à rendre à Dieu & à l'Eglise le respect & la soumission qui leur font dûs, de peur qu'ils ne les lui refufent ensuite à lui-même. Les troubles de l'Eglise ne sont jamais loin de ceux de l'Etat : on ne respecte guéres le joug des Puissances, quand on est parvenu à secouer le joug de la Foi. Et l'hérésie a beau se laver de cet opprobre; elle a par - tout allumé le feu de la fédition; elle est née dans la révolte: en ébranlant les fondements de la Foi, elle a ébranlé les Trônes & les Empires; & par-tout, en formant des sectateurs, elle a formé des rébelles. Elle a beau dire que les perfécutions des Princes lui mirent en main les armes d'une juste défense; l'Eglise n'opposa jamais aux persécutions que la patience & la fermeté: sa foi fut le seul glaive avec lequel elle vainquit les Tyrans : ce ne fut pas en répandant le sang de ses ennemis, qu'elle multiplia ses disciples; le sang de ses martyrs tout seul fut la semence de ses Fidéles. Ses premiers Docteurs ne furent pas envoyés dans l'univers comme des lions pour porter par tout le meurtre & le carnage, mais commes des agneaux pour être eux mêmes égorgés : ils prouverent, non en combattant, mais en mourant pour la Foi, la vérité de leur miffion: on devoit les traîner devant les Rois pour y être jugés comme des criminels, & non pour y paroître les armes à la main, & les forcer de leur être favorables: ils respectoient. le sceptre dans des mains même profanes & idolâtres; & ils auroient cru déshonorer & détruire l'œuvre de Dieu en recourant pour l'établir à des refsources humaines. Les Princes affermissent donc leur autorité en affermissant l'autorité de la Religion. Aussi c'est à eux que le culte doit sa premiere magnificence: ce fut sous les plus grands Rois de la race de David, que le Temple du Seigneur vit revivre sa gloire & sa majesté. Les Céfars, sous l'Evangile tirerent l'Eglise de l'obscurité où les persécutions l'avoient laissée : les Charlemagnes, les saints Louis, releverent l'éclat de leur regne en relevant celui du culte ; & les monuments publics de leur piété, que les tems n'ont pu détruire, & que nous refpectons encore parmi nous, font plus d'honneur à leur mémoire, que les statuës & les inscriptions qui en immortalısant les victoires & les conquêtes, n'immortalisent d'ordinaire que la vanité des Princes & le malheur des sujets. Mais les mêmes motifs qui obligent les Grands à soutenir la majesté & la décence : : : décence extérieure du culte, les ren- Oui, SIRE, les gens de bien font la Petit Carême. 1 téger la vertu, puisque les Empires & les Monarchies, & le monde entier ne subsistera, que tant qu'il y aura de la vertu sur la terre. Mais ce n'est pas, SIRE, par un simple respect, que les Princes doivent honorer les gens de bien: c'est par la confiance; ils ne trouveront d'amis fidéles, que ceux qui font fidéles à Dieu: c'est par les emplois publics; l'autorité n'est sure & bien placée qu'entre les mains de ceux qui la craignent: c'est par des préférences; les grands talents sont quelquefois les plus dangereux, fi la crainte de Dieu ne fait les rendre utiles: c'est par l'accès auprès de leur personne; la familiarité n'a rien à craindre de ceux qui respecteroient même nos rebuts & nos mauvais traitements: c'est enfin par les graces; nos bienfaits ne sauroient faire des ingrats, de ceux que le devoir tout seul & la confcience nous attachent. Quel bonheur, SIRE, pour un fiécle , pour un Empire pour les peuples, lorsque Dieu leur donne dans sa miféricorde des Princes favorables à la piété! Par eux croiffent & s'animent les talents utiles à l'Eglife: par eux se forment & font protegés des |