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& peut être le complice de ces lugubres fpéculations; c'eft chez vous, dis-je, que j'ofe configner leur réfutation, d'après les faits fi bien démontrés par mon lumineux confrere.

Ces faits fe réduifent à neuf que je vais réfumer pour les mettre enfuite dans leur jour le plus favorable.

1o. L'Auteur n'a ni la vivacité des méridionaux, ni la politeffe des voisins de la Capitale.

2o. Il y a dans nos campagnes tout autant de laboureurs qu'il en faut, & beaucoup plus d'ouvriers dans nos manufactures qu'on n'en a besoin.

3°. Depuis l'Aneffe de Balaam, jamais il n'y eut tant de Prophêtes de malheur; & un bon & folide métier leur prouveroit qu'il n'y a pas un mot de vrai dans leurs prophéties.

4°. L'Auteur de la réfutation n'a jamais refpité l'air pur du bas Limousin, ni fon gofier humé les vins d'Allaffac.

de Bouteffac, du Saillant, de la terre de mon confrere, &c.

5°. Tout eft exquis en Las Limousin, le haut Limoufin abonde en bleds à Treignac, en bétail dans tout le reste, fans compter d'inombrables châtaignes, dont les Laboureurs fe nourriffent, & ils font bien.

6°. C'est le bien qui nous étouffe & non la difette, car nous recueillons plas de vin que nous n'en pouvons boire; mais nous ne faurions le vendre, parceque nous n'avons pas de communication avec les autres Provinces: ainfi c'est l'excédent des bons principes de vie qui nous incommode.

7. Un Limousin enterreroit tous les Auteurs actuellement exiftans.

8°. Nous vivons long-tems, & nos belles Limousines ont des enfans à cinquante ans.

9. M... ... certifiera le tout, fauf que l'Auteur de la réfutation a voulu

à toute force critiquer M. l'Abbé Expilly: fait que nous n'avons pas compris dans

le nombre de ceux qui ont befoin de la garantie de ce Magiftrat, parceque la chofe parle de foi.

Voilà M. le réfumé des faits allégués par mon voifin, & que ma foible plume a entrepris de difcuter & d'étendre jufqu'à la plus triomphante démonstra

tion.

1o. Qu'un Limousin n'ait ni la vivacité d'un méridional, ni la politeffe d'un Parifien, c'est ce qui pourroit individuellement parlant être difputé, car il y a gens & gens par tous Pays; mais il s'agit en fait de diftinctions, de généralifer les idées, fans cela l'Auteur luimême donneroit dans fa propre lettre le démenti de fon affertion: mais toujours a t-il raifon de dire que la vivacité gafconne eft plus connue que celle de fon pays, & que l'urbanité Limousine ne feroit pas une dénomination fort dé,

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terminante dans l'ordre des idées habituelles.

Qu'il y ait chez nous autant de laboureurs qu'il en faut, c'eft une chose démontrée, car vous verrez tout à l'heure qu'il y a excédent de vignerons; puifque nous faifons plus de vin que nous n'en pouvons boire ni vendre. Or, s'il manquoit de laboureurs, ce fuperflus de vignerons deviendroit laboureur. Et n'allez pas me dire que pour être vigneron il ne faut qu'un hoyau, au lieu que pour être laboureur il faut ou deux bœufs, ou deux vaches, ou deux bouriques, ou une avec fa femme, & le harnois de ces deux bêtes, &c. car tout cela nous rameheroit à l'Hiftoire de vos avances, par laquelle vous avez ébahi les badauds de Paris & de la banlieue, en mettant en fait que, pour grater la ter il faut des fonds, comme pour être banquier. Nous ne nous payons pas de chiffres, nous antres; c'cft au contraire

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ce grimoire perfide qui nous fait payer. Nous favons fort bien que bêcher la vigne ou la terre, c'eft la même chofe, & nous ne manquons de laboureurs ; en effet, je ne fache perfonne qui en demande. Quand mon métayer met la clef fous la porte, & m'emporte les grains que je lui avois avancés pour nourriture d'hiver, il en vient tout de fuite un autre, qui fait de même l'année d'après; parceque ce font tous des coquins. Mais auffi, eft - ce le métier d'un Gentilhomme, que d'avoir des domaines? Tout au plus, quelque pauvre Cadet réformé, qui vit des choux de fon jardin, fait apporter fon bois par fon métayer, & qui en vendar: quelque géniffe de temps en temps, trouve de quoi acheter un devant de vofte de pane, pour paroître décemment les jours de foire. A cela près, les Domaines font le plus mauvais bien du monde, & nous n'avons que trop de laboureurs,

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