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les ennemis de la doctrine d'en donner une autre qui foit claire, jufte, précise, satisfaifante pour les ames droites, ennemies de l'aftuce & des violences, ni même pour les perfonnes éclairées fur leurs véritables intérêts, de quelque claffe qu'elles foient dans toute société ; fi ce n'eft pour ceux qui vivent aux dépens de l'inconduite & des violences, gens dont il ne faut ni eftimer ni compter les fuffrages.

4°. En effet, une portion des métaux qui font tirés des mines, ou n'entre point en circulation dans le commerce univerfel, ou en reffort après un plus grand ou moindre espace de tems, pour former des capitaux dormants, des vafes, uftenfiles & ornements, même pour être engloutie dans la mer, enfouie dans les tréfors cachés & les tombeaux : c'est-là proprement ce qui fait la consommation improprement dite de l'argent.

Tout le refte des riches métaux an

ciennement recueillis, demeure en circulation avec le produit des cueillettes nouvelles; d'où s'enfuit infailliblement l'accroiffement progreffif de la maffe d'argent en circulation.

Quel doit être l'effet naturel de cet accroiffement progreffif des maffes circulantes? C'est que les denrées ou marchandifes font fuppléées dans les échanges incomplets par un volume progreffivement plus confidérable de métaux, comme gages intermédiaires ou monnoies; car c'est en cela que confiste l'office de l'argent monnoyé, & ce principe eft encore très important à faifir.

Nous avons déja dit que le commerce complet confiftoit dans la production, l'échange & la confommation de deux objets propres aux jouiffances des hommes; que le trafic confiftoit dans le feul échange intermédiaire entre la production & la consommation. Mais l'échange peut être de deux fortes: l'un complet, d'une

denrée à confommer contre une autre denrée ou marchandife quelconque ; l'autre incomplet, d'une denrée contre de l'argent monnoyé, qui n'est qu'un gage intermédiaire, un mandat, une lettre de change au porteur acquittable à fa volonté & à fon choix, par la maffe des objets propres aux jouiffances des hommes, qui entrent dans le commerce ou qui font échangeables.

L'homme qui a reçu l'argent, n'ayant pas intention de le garder pour en faire des meubles, des bijoux, ou un tréfor caché, mais d'en faire ufage pour fatisfaire fes befoins ou fes defirs, n'a donc fait encore que la moitié de son commerce; il lui reste à transformer fon argent en denrées ou marchandifes propres à fes jouissances: alors tout eft fini, & l'action de commercer eft complette pour lui en cette partie.

C'est pourquoi nous confidérons toujours la masse des métaux qui circulent

par elle-même ou par repréfentation dans le commerce univerfel, comme une quantité de mandements ou billets au porteur, fervant de titre efficace, & acquittables à volonté par la maffe des productions naturelles, façonnées ou non, qui font auffi dans le commerce univerfel.

Cette idée eft certainement fimple & fenfible quiconque dépense son argent, fe fait réalifer à lui même ou acquitter à fon profit le mandement quand il paye des marchandifes pour ufer & confommer; mais quand il gratifie ou falarie en argent, il fe deffaifit en faveur d'un autre de fon mandat ou billet au porteur; & quand il achete pour revendre, il cede une quantité de ces mêmes titres efficaces, dans l'efpoir d'en recueillir davantage.

Dès qu'on envifage fous ce point de vue naturel, la maffe des métaux circulants d'une part, & celle des productions

naturelles de l'autre ; il eft clair que fi la maffe des métaux augmente dans la circulation, fans que la maffe des productions accroiffe, il faut que chaque Portion de métal perde une partie de fon efficacité, qu'elle ne donne plus droit qu'à une moindre portion de denrées quelconques; autrement la quantité de métaux nouvellement furvenue n'auroit nulle efficacité, & feroit comme une lettre de change tirée fur une caiffe vuide.

Tout au contraire, fi la maffe des productions augmente fans aucun accroiffement dans celle des métaux, il est fenfible que chaque portion de métal pourra donner droit à une plus grande portion de denrées; mais fi l'une & l'autre augmentent en même tems & dans la même proportion, tout refte dans le même état.

L'effet naturel d'un accroiffement dans la maffe des métaux circulants, eft donc

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