qu'on le lui achete affez cher; & c'est à l'Entrepreneur à offrir un prix proportionné au besoin qu'il a de la chose.

J'ai déja cité l'exemple des ardoifieres d'Angers, & des plâtrieres des environs de Paris, dont l'exploitation entraîne le plus fouvent la deftruction même du fol; alors il faut que l'entrepreneur achete la propriété du champ, & l'on ne voit pas que les propriétaires s'y refufent.

Le cas d'un refus fondé uniquement fur la mauvaise humeur n'eft pas impoffible, mais il fera rare, parcequ'il eft rare que les hommes agiffent contre leur intérêt le cas où l'entrepreneur voudroit abufer de la loi pour rançonner les propriétaires en les menaçant d'ouvrir fur leur terrein n'eft pas impoffible non plus, & il pourra être moins rare, parcequ'il eft plus commun d'être injuste & méchant par intérêt, que de l'être contre fon intérêt.

D'ailleurs le refus de l'ouverture n'eft à craindre que dans le cas où l'entrepreneur auroit fait fes puits & fes galeries, fans s'être affuré du confentement du propriétaire, & l'auroit mis par-là dans le cas de lui faire la loi; mais comme il pouvoit prévenir ce malheur en prenant d'avance fes précautions, il ne doit l'imputer qu'à fon imprudence.

J'ajoute que l'on n'est pas néceffairement affujetti à placer dans tel lieu plutôt que dans un autre, les ouvertures qu'on eft obligé de pratiquer d'espace en espace : l'on a toujours à choisir entre plufieurs pofitions; ainfi l'on n'eft prefque jamais expofé à recevoir la loi d'un feul propriétaire. Si le premier auquel on s'adreffe refufe par caprice, un autre fera plus complaifant, & le premier fera privé du prix que l'entrepreneur auroit mis à fon confentement. S'il n'y avoit pas une affez grande liberté dans le choix des pofitions qu'on peut donner

aux ouvertures, il arriveroit fouvent qu'on feroit forcé à les pratiquer au milieu d'un village, d'une rue, fous des maisons, fous des Eglifes, dans le parc d'un grand Seigneur; puifque cela n'ar rive jamais, on peut être bien sûr que la crainte d'être forcé d'abandonner l'exploitation d'une mine par la mauvaise humeur d'un propriétaire, & la néceffité qu'on veut en induire de forcer les propriétaires à laiffer leur terrein malgré eux,

moindre fondement.

S. XIII.

ouvrir dans

n'ont pas

le

Réponse à la troifieme Objection, tirée du prétendu danger des Exploitations irrégulieres.

Quant au motif de prévenir le danger des exploitations irrégulieres, je ne puis m'empêcher de le regarder encore comme un prétexte imaginé par l'esprit de monopole. Je conviens qu'un Paysan

qua

qui fait un puits dans fon champ pour tirer de la mine, ne fait pas tant de dépenfe en étais que l'entrepreneur d'une mine confidérable, & qu'il ne fe conforme aux Reglemens ni fur la forme ni fur la largeur des puits, ni fur la lité des bois employés à foutenir les terres; mais auffi n'a-t-il pas befoin d'auffi grandes précautions, parcequ'il n'eft jamais dans le cas de creufer à d'auffi grandes profondeurs; dès que l'exploitation de la mine furpaffe fes forces, il l'abandonne, & pourvu que fes puits fe foutiennent jufques-là, toute dépenfe pour leur donner une plus grande folidité feroit en pure perte. Il est suffisamment intéressé à conserver sa vie, pour qu'on s'en rapporte à lui fur les précautions néceffaires : malgré ces précautions, il arrivera fans doute des accidens, mais il en arrivera auffi dans les grandes exploitations : je fuis même très perfuadé qu'à proportion du nombre

d'hommes employés ils font au moins auffi fréquens ; mais ils n'allarment point l'humanité de ceux qui follicitent des priviléges exclufifs; parceque leur fenfibilité est le prêtexte, & l'intérêt, le motif de ces allarmes.

Au fond, les couvreurs, les charpentiers, courent bien autant de rifques que les mineurs, foit dans les grandes, foit dans les petites exploitations. Une Loi qui interdiroit tous les travaux où les hommes peuvent courir le rifque de leur vie, condamneroit une grande partie du genre humain à mourir de faim, & priveroit la fociété d'une foule de biens; mais le Gouvernement ne défend ni ne doit défendre de s'expofer volontairement à un rifque incertain & même léger, pour éviter une mifere certaine.

Refte donc le danger que ces petites exploitations lofqu'elles font abandonnées, ne deviennent un obítacle à une exploitation