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que

affez admirer la facilité que Vous aviez à pé netrer les principes d'une Science auffi abftraite celle-là, & à en tirer les confequences: mais ce qui lui donnoit encore plus d'admiration, & ce qui en doit caufer à tous les Connoiffeurs, c'est la netteté & la précision avec laquelle redigeant de Vous-même ces principes & ces confequences, Vous vous en faifiez un Art & une Méthode particuliere, qu'on ne craint point de propofer ici, comme un guide affûré à tous ceux qui voudront s'inftruire dans une Science, à laquelle Vos méditations & Vos lumieres vont donner une nouvelle reputation & un nouvel éclat.

En effet, MONSEIGNEUR, qui ne fe fera un honneur de prendre des leçons d'un Maitre, qui joint à la plus augufte naifance du monde, le genie le plus heureux ? Et qui ne fera ravi de pouvoir fe vanter un jour, qu'il doit aux premieres inftructions, que Vous allez lui procurer, les progrès qu'il aura faits dans les Mathematiques?

Si votre exemple, MONSEIGNEUR, doit être d'un grand poids pour autorifer le goût, & entretenir la vivacité, qu'on a aujourd'hui pour ces Connoiffances, le foin que Vous avez bien voulu prendre d'en applanir les difficultez par une méthode nouvelle, fera auffi d'un grand fecours pour en faciliter l'intelligence.

La beauté de cet Ouvrage, MONSEIGNEUR, fera fans doute regreter, qu'on n'ait point eu pour les autres Productions, qui Vous ont échappé, la même attention, qu'à eu pour celle-ci Pilluftre Monfieur de Malezieu, qui l'a vù naître & fortir de votre plume, & qui, devenu dépoftaire d'un trefor fi précieux, en a trop bien connu le prix, pour le laiffer dans Pobfcurité d'un Cabinet.

Ce fameux Academicien, qui juge fürement de tout, parce qu'il eft confommé en toute forte de Litterature, à bien fenti, MONSE IGNEUR, qu'il y auroit de l'injustice à fruf trer le Public du fruit des études d'un Prince qui est né pour le bien commun de tant de Peu ples; & il a crù qu'il pourroit fatisfaire en même temps, & à la passion extrême qu'il a de fe maintenir dans la poffeffion de ce riche dépôt, & à l'utilité de tout le cercle des Arts & des Sciences, fi, fans ceder le Manufcrit tracé de votre propre main, qu'il veut conferver cherement, il permettoit d'en tirer une Copie, qu'on pût rendre publique.

C'est ce qu'il n'a pu refufer aux instances réiterées qu'on lui en a faites, & que moi-même j'ai pris la liberté de lui en faire en mon particulier. Pouffé du zele, que je dois avoir pour l'embelliffement de la Bibliotheque de Monfeigneur le Prince Souverain de Dombes, qui m'a

fait l'honneur de m'en nommer Directeur, je me fuis crâ en droit de joindre ma voix à celle de plufieurs Perfonnes de confideration, perfuadé que je ne pouvois rien faire de plus avantageux pour la Bibliotheque dont j'ai la Charge, que de preffer l'édition d'un Ouvrage, qui en doit faire le principal ornement, & donner un nouveau luftre à l'Imprimerie de Trevoux, fi celebre dans toute l'Europe, par les divers & excellens Livres, dont elle enrichit tous les jours la République des Lettres.

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Quoique la qualité d'Auteur foit infiniment au-deffous de votre rang, cependant j'ofe dire MONSEIGNEUR, que dans la matiere, dont il s'agit, elle n'eft pas indigne de Vous. Les Mathematiques ont une liaison fi effentielle avec les travaux de la Guerre, qui ne fe conduifent que par fes regles, qu'il n'eft point meffeant à un Prince d'un efprit fablime, d'un jugement profond, & d'un difcernement exquis d'en tracer les premiers Elemens, & de donner des leçons d'une Science, qui enfeigne à forcer des Villes & à gagner des Batailles; fur tout, MONSEIGNEUR, quand on fçait paffer de la Theorie à la Pratique auffi habilement que Vous;& que de principes évidens & certains, on en tire des confequences auffi juftes & auffi importantes, que Vous l'avez fait à Brifac ; dont la prife, en rendant à la France un de fes

plus puissans remparts, à couronné votre conrage & votre capacité d'une gloire immortelle.

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Si le detail de cette Science n'eft pas toujours d'ufage pour un Prince, il eft au moins vrai de dire, MONSEIGNEUR, que l'esprit d'ordre & de précision, qu'elle infpire, & azquel elle accoutume infenfiblement, eft utile en tout temps, & qu'il fert autant à diriger les vies & les deffeins du Prince pacifique, que les projets & les exploits du Prince guerrier. Vous avez déja fait voir, MONSE IGNEUR, à la tête des Armées des fruits de cette jufteffe, qui Vous faifoit prendre des mefures toûjours certaines pour le fuccès de Vos entreprises; nous nous en promettons à l'avenir de plus grands encore dans la Paix; & la fageffe, avec laquelle vous avez reglé toutes Vos actions, nous fait affez concevoir ce qu'on doit attendre un jour dans le Gouvernement des Peuples, que le Ciel deftine à vivre fous votre obéifJances. Vos Exemples, MONSEIGNEUR, font dès-à-prefent un modele & une regle de conduite pour ceux qui ont l'honneur de Vous approcher: Ils trouvent dans Vos actions, des leçons continuelles de moderation & de pieté, qui leur apprennent, que la jeunesse & la grandeur ne font pas des obftacles infurmontables à la vertu; que l'efprit & la pratique du Chriftianifme font de tout age & de tout état, & qu'on peut

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en même temps remplir tous les devoirs d'un grand Prince, & ceux d'un parfait Chretien. Mais cet Ouvrage apprendra aussi à tout le monde, que la Science n'eft pas incompatible avec les autres vertus d'un Heros, & que les lumieres de votre Efprit Vous donnent le même avantage fur les Sçavans, que la valeur & l'intrepidité Vous donnent fur les Guerriers. C'est dans cette vië, MONSEIGNEUR, que je prens la liberté de vous demander votre aveu, pour rendre public votre Traité de Geometrie: Heureux d'avoir une occafion fi favorable de vous donner des marques de mon zele & du trèsprofond respect, avec lequel je fuis,

MONSEIGNEUR,

Votre très-humble & très-obéiffant
Serviteur, BOISSIERE.

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